mercredi 8 janvier 2025

Des intégrations

C'est peut-être étonnant: la place qu'occupent les courts-métrages dans ma cinéphilie est somme toute assez réduite. Il faut remonter jusqu'au 4 septembre pour trouver la trace d'une dernière chronique. Ce mercredi, un petit mot rapide sur trois films que j'ai découverts lors d'une soirée initiée par des amis. Éloïse, Hugo, Damien... merci !

Zone immigrée
Collectif Mohamed - 1979 - France - 36'

Saisissant, ce grand-petit film est l'oeuvre d'un garçon de 19-20 ans. Tourné à Vitry-sur-Seine et Alfortville, il capte les lieux et habitants dans une approche documentaire, s'interrogeant sur la violence endémique de ces quartiers dits populaires. Le discours des jeunes témoigne ainsi d'une relation plus que tendue avec l'autorité policière. Présent lors de la projection, le réalisateur, Mohamed Salah Azzouzi, nous a parlé du "complexe d'égalité" qui l'anime toujours aujourd'hui. Son court figure depuis 2018 dans les collections du Centre Pompidou.

Retour au bled
Les films de la Villeneuve - 2024 - France - 11'

Certain(e)s d'entre vous se souviennent probablement de cet épisode marquant de l'histoire française: fin 1983, après des affrontements entre jeunes et policiers dans la banlieue lyonnaise, des militants entament une longue "Marche pour l'égalité et contre le racisme". Bouzid Kara, l'un des porte-paroles du mouvement, en tire un livre. Quelques extraits sont lus dans ce court, où un jeune Français d'origine algérienne s'interroge sur sa nationalité de coeur. Le ton désabusé de sa voix laisse penser qu'il est partout un étranger. Aïe... 

La clôture
Tariq Teguia - 2003 - Algérie - 24'
Je connaissais le réalisateur pour avoir vu deux longs de fiction tournés après ce docu: Inland (2008) et Révolution Zendj (2013). Cela a pu me faciliter l'approche de ces images d'Alger historiques. Écho lointain à ce qui peut se passer en France, l'humeur désespérée d'une certaine jeunesse algérienne est plus que prégnante. Il faut dire que le pays se relevait à peine - et très imparfaitement - des années noires de la guerre civile. En est-il vraiment sorti désormais ? Teguia laisse parler ses futurs acteurs. Autant de possibles candidats à l'exil !

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Un mot de conclusion...

Ces trois films ont été projetés lors d'une soirée de la Cinémathèque de Grenoble, partenaire d'autres associations et organisations locales. La Cinémathèque est en outre la cheville ouvrière du célèbre Festival du film court en plein air, dont la 48ème édition est annoncée du 25 au 28 juin cette année (les appels à candidatures étant déjà lancés). J'aurai sûrement le temps d'y revenir, si jamais cela vous intéresse...

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