Vous lirez ailleurs le récit chaotique du tournage d'Othello. Trois ans auront été nécessaires à Orson Welles pour parvenir à boucler ce film inspiré de la pièce éponyme de Shakespeare (créée, elle, en 1604). Soyez-en conscients: le réalisateur américain a manqué de moyens financiers pour avancer plus vite. Malgré cela, il n'abandonna jamais !
L'acharnement du cinéaste fut payant: présenté au Festival de Cannes au printemps 1952, Othello fut l'un des deux lauréats du Grand Prix qui y était alors décerné - avant la Palme d'or, apparue, elle, en 1955. J'ai tout lieu de croire qu'ici, Welles est fidèle à l'oeuvre originelle réservée aux planches, même s'il nous en raconte d'abord la fin. Connaissez-vous cette histoire ? Maure à Venise, Othello est un chef de guerre respecté que l'on charge de combattre la puissante armée turque, laquelle menace d'étendre sa zone d'influence jusqu'à Chypre. Quand il arrive sur le terrain des combats, l'ennemi n'y est plus. Comme par miracle, sa flotte, prise dans une forte tempête, a coulé. Sans opposition, le général installe donc sa garnison et, en l'absence d'un péril imminent, retrouve sa jeune épouse, la belle Desdémone. J'ai vu un spectacle autour de cette tragédie classique quelques jours avant d'apprécier le film: je peux donc dire que le cinéma lui va bien. Souvent grandiloquent, mais jamais pompier, Welles est un Othello puissant, en proie à un destin funeste. Tout paraît alors inéluctable...
Je ne veux pas tout vous dévoiler, mais ce qui me semble terrible dans cette fiction, c'est qu'il ne s'agit pas de sanctionner l'ambition démesurée d'un homme qui se croyait l'égal de quelque divinité d'essence supérieure. Non ! C'est même le contraire, il me semble. Othello n'aspire qu'à vivre heureux et dans le respect des règles morales que d'autres ont édictées. Fait notable, il est aussi un Noir parmi les Blancs et, face à la bêtise, il a dû prouver son honorabilité. Oui, mais... à ses côtés, un homme pétri de haine refuse d'accepter qu'il y soit arrivé en s'élevant plus haut que lui, Vénitien "de souche". Pas de doute: cet argument a encore une résonance à notre époque. En noir et blanc, cet Othello de cinéma donne à voir des contrastes saisissants, au coeur même de la cité fortifiée d'Eassouira (Maroc). Quel beau film international ! Les décors du grand Alexandre Trauner et les costumes de l'Italienne Maria De Matteis font des merveilles pour donner corps à ce passé lointain - et réinventé, je le répète. Welles a adapté deux autres Shakespeare. Je compte bien y revenir...
Othello
Film américain d'Orson Welles (1951)
Lyrique au possible, la musique rappelle qu'il existe une version opéra composée par Verdi (et créée à la Scala de Milan en février 1887). Bref, les mythes, eux, ne meurent jamais et cette relecture "wellesienne" n'est pas la moins belle. Je poursuis mon parcours shakespearien au cinéma et, si vous avez du retard, vous conseille deux étapes japonaises: Le château de l'araignée et Ran. À suivre...
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Sans attendre, vous pourrez trouver fortune ailleurs...
Je ne peux que suggérer les écrits d'Eeguab et de "L'oeil sur l'écran". Ideyvonne, quant à elle, nous présente la carrière du chef décorateur.
Et si, à ce stade, vous n'êtes toujours pas repus d'infos...
En cherchant un peu, vous devriez trouver Filming Othello, un film documentaire tourné par Welles en 1978 pour revenir sur le tournage. Faute de l'avoir vu, je ne peux donc pas vous donner un avis éclairé...
L'acharnement du cinéaste fut payant: présenté au Festival de Cannes au printemps 1952, Othello fut l'un des deux lauréats du Grand Prix qui y était alors décerné - avant la Palme d'or, apparue, elle, en 1955. J'ai tout lieu de croire qu'ici, Welles est fidèle à l'oeuvre originelle réservée aux planches, même s'il nous en raconte d'abord la fin. Connaissez-vous cette histoire ? Maure à Venise, Othello est un chef de guerre respecté que l'on charge de combattre la puissante armée turque, laquelle menace d'étendre sa zone d'influence jusqu'à Chypre. Quand il arrive sur le terrain des combats, l'ennemi n'y est plus. Comme par miracle, sa flotte, prise dans une forte tempête, a coulé. Sans opposition, le général installe donc sa garnison et, en l'absence d'un péril imminent, retrouve sa jeune épouse, la belle Desdémone. J'ai vu un spectacle autour de cette tragédie classique quelques jours avant d'apprécier le film: je peux donc dire que le cinéma lui va bien. Souvent grandiloquent, mais jamais pompier, Welles est un Othello puissant, en proie à un destin funeste. Tout paraît alors inéluctable...
Je ne veux pas tout vous dévoiler, mais ce qui me semble terrible dans cette fiction, c'est qu'il ne s'agit pas de sanctionner l'ambition démesurée d'un homme qui se croyait l'égal de quelque divinité d'essence supérieure. Non ! C'est même le contraire, il me semble. Othello n'aspire qu'à vivre heureux et dans le respect des règles morales que d'autres ont édictées. Fait notable, il est aussi un Noir parmi les Blancs et, face à la bêtise, il a dû prouver son honorabilité. Oui, mais... à ses côtés, un homme pétri de haine refuse d'accepter qu'il y soit arrivé en s'élevant plus haut que lui, Vénitien "de souche". Pas de doute: cet argument a encore une résonance à notre époque. En noir et blanc, cet Othello de cinéma donne à voir des contrastes saisissants, au coeur même de la cité fortifiée d'Eassouira (Maroc). Quel beau film international ! Les décors du grand Alexandre Trauner et les costumes de l'Italienne Maria De Matteis font des merveilles pour donner corps à ce passé lointain - et réinventé, je le répète. Welles a adapté deux autres Shakespeare. Je compte bien y revenir...
Othello
Film américain d'Orson Welles (1951)
Lyrique au possible, la musique rappelle qu'il existe une version opéra composée par Verdi (et créée à la Scala de Milan en février 1887). Bref, les mythes, eux, ne meurent jamais et cette relecture "wellesienne" n'est pas la moins belle. Je poursuis mon parcours shakespearien au cinéma et, si vous avez du retard, vous conseille deux étapes japonaises: Le château de l'araignée et Ran. À suivre...
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Sans attendre, vous pourrez trouver fortune ailleurs...
Je ne peux que suggérer les écrits d'Eeguab et de "L'oeil sur l'écran". Ideyvonne, quant à elle, nous présente la carrière du chef décorateur.
Et si, à ce stade, vous n'êtes toujours pas repus d'infos...
En cherchant un peu, vous devriez trouver Filming Othello, un film documentaire tourné par Welles en 1978 pour revenir sur le tournage. Faute de l'avoir vu, je ne peux donc pas vous donner un avis éclairé...
6 commentaires:
Chaotique a toujours été la carrière d'Orson Welles. Mais seuls, et tu l'as dit, Kurosawa et lui ont à mon sens su prendre la mesure du génie shakespearien. Laurence Olivier et Kenneth Branagh venant juste après. Mais je suis encore plus sensible à Falstaff (Nous en avons vu des choses, Sir John, quand sonnaient les carillons de minuit). A bientôt.
Dans mon souvenir c'est surtout le drame de la jalousie mais ça remonte à très très loin...
J'ai toujours trouvé Orson Welles d'une beauté, certes pas classique, mais époustouflante. Evidemment pas quand il est devenu une baleine. Mais le voir surgir de l'ombre dans le Troisième homme, quel choc !
Oui la beauté des acteurs est essentielle pour moi :-)
J'adore eeguab qui se met à parler PRESQUE comme Yoda :
Chaotique a toujours été la carrière d'Orson Welles.
Ce devrait être : Chaotique la carrière d'Orson Welles a toujours été... mais j'ai quand même rigolé.
Heureux je suis, à Pascale d'avoir fait plaisir. Et tout comme elle, sous un porche viennois, magique j'ai toujours trouvée l'apparition de Harry Lime. 🎞️
@Eeguab 1:
Falstaff, je l'ai vu à l'opéra. Dans une mise en scène très originale (avec des costumes d'animaux). Le film ne me fait que moyennement envie. Je pense plutôt que ça me plairait de voir une autre variation autour de McBeth.
@Pascale:
Personnellement, je dirais que "Othello" est plutôt un drame de la calomnie. Et c'est en cela que, je crois, il est franchement très actuel, à l'heure où les fake news volent en rase-mottes.
Orson me plaît bien, malgré sa mégalo. Je ne le consomme qu'à petites doses, cela dit. Et je trouve parfois sa grandiloquence un peu "too much". Cela fait partie du personnage.
Et oui, notre ami Eeguab est assez drôle ! Un style qui me va bien, j'dois dire !
@Eeguab 2:
Comme dirait l'autre, qu'en termes choisis, ces choses-là sont dites...
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