Les Mariannes, ça vous dit quelque chose ? Planté au milieu de la Mer des Philippines, ce groupe de petites îles est un territoire américain d'une superficie de 1.026 km2 et peuplé d'environ 210.000 personnes. Jusqu'en 1951, l'un de ces "bouts de caillou" a accueilli des soldats japonais, convaincus que la Guerre du Pacifique n'était pas terminée !
Un survivant a ensuite raconté toute l'histoire dans un livre, adapté au cinéma par Josef von Sternberg, un grand réalisateur américain d'origine autrichienne. On a fait connaissance avec... une femme ! Fièvre sur Anatahan explique que, seule représentante du beau sexe parmi la troupe, la mystérieuse Keiko vivait déjà sur l'île en 1944 lorsque les naufragés de la marine de guerre nippone y ont débarqué. Elle est alors devenue leur "reine des abeilles", capable de les fasciner tous, mais aussi, à son insu, une source de discorde et une proie. Pourtant bien réel et vivant, ce beau personnage m'est parfois apparu comme une énième représentation du fantôme japonais traditionnel. Il enferme en lui quelque chose de mystérieux et d'assez évanescent pour susciter un trouble qui n'est pas exclusivement d'ordre érotique. L'usage quasi-constant par le film de la langue originale (non traduite) renforce ce sentiment de flou. Ce que j'ai trouvé des plus agréables...
Rassurez-vous: le film vous donne tout de même quelques repères. Tout au long du métrage, il est en effet séquencé par une voix off anglophone, que le réalisateur a en fait tenu à enregistrer lui-même. On constatera vite que, s'il est souvent fait mention du personnage féminin, le narrateur parle au nom des hommes, comme l'a fait celui qui est revenu sur le sujet après coup. Une fois ce dispositif compris et accepté, Fièvre sur Anatahan se déploie et prend toute sa mesure dramatique: votre vision de l'humanité pourrait s'en trouver altérée ! Curieusement, la remarquable photographie noir et blanc ne fait rien pour nous tenir à distance: au contraire, j'ai trouvé que les images acquéraient presque, grâce à ce choix, une dimension mythologique. Bon... je n'irai pas jusqu'à parler de portée universelle: je crois juste qu'il n'est pas indispensable de connaître l'Asie pour céder au charme vénéneux du récit. Et je n'ai pas terminé d'en explorer les symboles...
Fièvre sur Anatahan
Film japonais de Josef von Sternberg (1953)
De la fin des événements au film, il ne se sera passé que deux ans ! Cela renforce encore la puissance émotionnelle de ce long-métrage atypique, entièrement basé sur une histoire qui ne l'est pas moins. Comment trouver une oeuvre vaguement comparable ? Signes de vie n'est qu'un très lointain cousin allemand et Profonds désirs des dieux un choc d'une autre nature. Voyez L'île nue. Ou Tabou, à la rigueur...
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Et pour aller un peu plus loin encore...
Le film est mis à disposition sur la plateforme Arte jusqu'au 19 avril. Et vous pourrez également vous référer à l'avis de "L'oeil sur l'écran" !
Rassurez-vous: le film vous donne tout de même quelques repères. Tout au long du métrage, il est en effet séquencé par une voix off anglophone, que le réalisateur a en fait tenu à enregistrer lui-même. On constatera vite que, s'il est souvent fait mention du personnage féminin, le narrateur parle au nom des hommes, comme l'a fait celui qui est revenu sur le sujet après coup. Une fois ce dispositif compris et accepté, Fièvre sur Anatahan se déploie et prend toute sa mesure dramatique: votre vision de l'humanité pourrait s'en trouver altérée ! Curieusement, la remarquable photographie noir et blanc ne fait rien pour nous tenir à distance: au contraire, j'ai trouvé que les images acquéraient presque, grâce à ce choix, une dimension mythologique. Bon... je n'irai pas jusqu'à parler de portée universelle: je crois juste qu'il n'est pas indispensable de connaître l'Asie pour céder au charme vénéneux du récit. Et je n'ai pas terminé d'en explorer les symboles...
Fièvre sur Anatahan
Film japonais de Josef von Sternberg (1953)
De la fin des événements au film, il ne se sera passé que deux ans ! Cela renforce encore la puissance émotionnelle de ce long-métrage atypique, entièrement basé sur une histoire qui ne l'est pas moins. Comment trouver une oeuvre vaguement comparable ? Signes de vie n'est qu'un très lointain cousin allemand et Profonds désirs des dieux un choc d'une autre nature. Voyez L'île nue. Ou Tabou, à la rigueur...
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Et pour aller un peu plus loin encore...
Le film est mis à disposition sur la plateforme Arte jusqu'au 19 avril. Et vous pourrez également vous référer à l'avis de "L'oeil sur l'écran" !
2 commentaires:
Affrontement en petit comité sur une île des philippines pendant la deuxiéme guerre mondiale ? : Duel dans le pacifique de John Boorman avec Toshiro Mifune et Lee Marvin , tourné en 68 avec ces deux seuls acteurs au casting, mais quels acteurs !!
Pour l'anecdote ils avaient tous les deux, dans la vraie vie, participé aux combats sur le front du pacifique, Lee dans les marines, Toshiro dans l'aviation ....
Intéressant, ce film à deux acteurs ! Peut-être que je tomberai dessus, à l'occasion.
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