Je n'aime pas mélanger politique et cinéma. Je trouve toujours bien de débattre d'un film "engagé", mais quand on s'écarte durablement du septième art pour focaliser sur le fond du sujet, je décroche vite. Cela dit, c'est pour (r)éveiller ma conscience citoyenne que j'ai voulu regarder Hiver 54 - L'abbé Pierre. Plus à un paradoxe près, Martin...
Certain(e)s d'entre vous ont peut-être connu cette terrible saison météorologique, avec des températures inférieures à -15/-20° à Paris et parfois même plus basses encore dans d'autres régions de France. Tout le pays fut touché: les 5 et 6 février, Wikipédia dit qu'il tomba 30 cm de neige à Montpellier, 40 à Carcassonne et 85 à Perpignan ! Bref... comme son titre le suggère, le film que je souhaite évoquer aujourd'hui rappelle le combat alors engagé par l'abbé Pierre aux côtés des sans-abris. L'occasion de se souvenir aussi que l'homme d'église avait d'abord été résistant, puis député, et de suivre son long chemin dans la lutte contre les plus importantes des inégalités sociales. Chaque hiver, aujourd'hui, on nous dit que ce n'est pas le froid qui tue les SDF: c'est vrai, mais ce film nous rappelle aussi que, sans la mort d'un bébé d'abord ou d'une femme expulsée de son logement, les cris d'alarme du bon samaritain n'auraient peut-être jamais été entendus. Il y a bien sûr des exceptions notables, mais le film dresse un portrait bien peu flatteur de la classe dirigeante et de son cynisme mondain...
Ouf ! Il y a aussi des personnages positifs, dont deux femmes importantes, jouées par Claudia Cardinale et Isabelle Petit-Jacques. Pour tout dire, j'ai surtout apprécié la manière dont Lambert Wilson joue l'abbé Pierre: je crois pouvoir dire qu'il est engagé dans son rôle. J'ai déniché une déclaration de l'acteur relative à sa vision personnelle du personnage, qu'il avait rencontré. "Face à lui, j'ai presque honte d'être acteur. Je me sens mou, sans convictions. Il m'a fait réagir. Sortir de moi. J'aimerais être plus qu'un interprète: un porte-parole". D'après moi, cela résume bien ce qu'est Hiver 54 - L'abbé Pierre. Davantage qu'un film militant: un témoignage. Les nombreux échos qu'il trouve encore dans la France d'aujourd'hui nous montrent aussi qu'Henri Grouès fut surtout un homme déterminé et pragmatique. Jusque dans ses vifs éclats de colère, son inspiration chrétienne passe presque au second plan: le long-métrage n'a rien de prosélyte. L'espoir et l'action s'avèrent plus importants que toutes les prières. Une appréciation qui ne doit priver personne de son droit à être ému !
Hiver 54 - L'abbé Pierre
Film français de Denis Amar (1989)
Ce vrai-faux biopic se montre riche d'enseignements pour aujourd'hui. J'étais encore au collège lorsqu'il est sorti, mais je persiste dans l'idée qu'il est toujours pertinent. Présenté ici il y a peu, La cité de la joie m'a paru plus aseptisé - et même s'il nous fait voyager jusqu'en Inde. Quitte à parler de la grande pauvreté ailleurs dans le monde, je crois que je préfère l'approche du documentaire. Un exemple ? Les pépites.
Certain(e)s d'entre vous ont peut-être connu cette terrible saison météorologique, avec des températures inférieures à -15/-20° à Paris et parfois même plus basses encore dans d'autres régions de France. Tout le pays fut touché: les 5 et 6 février, Wikipédia dit qu'il tomba 30 cm de neige à Montpellier, 40 à Carcassonne et 85 à Perpignan ! Bref... comme son titre le suggère, le film que je souhaite évoquer aujourd'hui rappelle le combat alors engagé par l'abbé Pierre aux côtés des sans-abris. L'occasion de se souvenir aussi que l'homme d'église avait d'abord été résistant, puis député, et de suivre son long chemin dans la lutte contre les plus importantes des inégalités sociales. Chaque hiver, aujourd'hui, on nous dit que ce n'est pas le froid qui tue les SDF: c'est vrai, mais ce film nous rappelle aussi que, sans la mort d'un bébé d'abord ou d'une femme expulsée de son logement, les cris d'alarme du bon samaritain n'auraient peut-être jamais été entendus. Il y a bien sûr des exceptions notables, mais le film dresse un portrait bien peu flatteur de la classe dirigeante et de son cynisme mondain...
Ouf ! Il y a aussi des personnages positifs, dont deux femmes importantes, jouées par Claudia Cardinale et Isabelle Petit-Jacques. Pour tout dire, j'ai surtout apprécié la manière dont Lambert Wilson joue l'abbé Pierre: je crois pouvoir dire qu'il est engagé dans son rôle. J'ai déniché une déclaration de l'acteur relative à sa vision personnelle du personnage, qu'il avait rencontré. "Face à lui, j'ai presque honte d'être acteur. Je me sens mou, sans convictions. Il m'a fait réagir. Sortir de moi. J'aimerais être plus qu'un interprète: un porte-parole". D'après moi, cela résume bien ce qu'est Hiver 54 - L'abbé Pierre. Davantage qu'un film militant: un témoignage. Les nombreux échos qu'il trouve encore dans la France d'aujourd'hui nous montrent aussi qu'Henri Grouès fut surtout un homme déterminé et pragmatique. Jusque dans ses vifs éclats de colère, son inspiration chrétienne passe presque au second plan: le long-métrage n'a rien de prosélyte. L'espoir et l'action s'avèrent plus importants que toutes les prières. Une appréciation qui ne doit priver personne de son droit à être ému !
Hiver 54 - L'abbé Pierre
Film français de Denis Amar (1989)
Ce vrai-faux biopic se montre riche d'enseignements pour aujourd'hui. J'étais encore au collège lorsqu'il est sorti, mais je persiste dans l'idée qu'il est toujours pertinent. Présenté ici il y a peu, La cité de la joie m'a paru plus aseptisé - et même s'il nous fait voyager jusqu'en Inde. Quitte à parler de la grande pauvreté ailleurs dans le monde, je crois que je préfère l'approche du documentaire. Un exemple ? Les pépites.
4 commentaires:
Je trouve que Lambert Wilson se bonifie avec le temps, et depuis une dizaine d'années ses prestations dans « Des hommes et des dieux », « La princesse de Montpensier », ou « L'échange des Princesses » étaient de grande qualité...Les critiques pour « De Gaulle » étaient plus nuancées..Attendons la sortie de « Benedetta » avec la toujours excellente Virginie Effira., à compter du 22 juin !!!?????
Vous n'avez pas tort: Lambert Wilson me semble meilleur à (presque) chaque film. Des films que vous citez, j'espère pouvoir rattraper "L'échange des princesses". Merci d'en parler.
En fait, vu que "De Gaulle" ne m'attirait pas et que "L'odyssée" (sur Cousteau) n'était pas super, je me suis d'abord demandé s'il ne valait pas mieux qu'il joue des personnages de fiction. Mais les autres exemples disent le contraire...
Lambert a raison, face à de tels personnages on se sent mous et sans convictions oui. J'admire sans réserve ces engagements désintéressés.
J'avais bien aimé ce film et ce personnage superbement interprété et beaucoup apprécié que la religion soit vraiment secondaire.
Lambert est pas mal en De Gaulle mais le film n'est pas terrible. Mais dans La Princesse de Montpensier il est d'une grande douceur et bouleversant. Un rôle inhabituel et un TRÈS BEAU film.
Nous sommes d'accord sur tous les points, aujourd'hui, chère Pascale !
J'avais beaucoup aimé "La princesse de Montpensier" et Lambert y est très bon.
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