mardi 1 mai 2018

1968, année cinéphile ?

Cinquante ans déjà... je suis persuadé que vous n'avez pas attendu cette chronique pour entendre parler de l'anniversaire de Mai 1968. J'estime que certains aspects de ce grand soulèvement social méritent d'être commémorés, mais, ici, je ne parle que de cinéma. J'ai donc cru bon d'étudier... le box-office français de cette année-là !

Tout cela n'est pas très scientifique, d'accord, et je ne prétends pas franchement à l'exhaustivité critique. J'ai en fait choisi de ne retenir que les dix films qui ont connu le plus de succès en salles. Constat d'évidence: 1968 était une (très) bonne année pour Louis de Funès. Non content de placer Le gendarme se marie et Le petit baigneur sur les première et troisième marches du podium, l'acteur comique aura également amené Le tatoué à la huitième position. Le total d'entrées pour ces trois films atteint 15.583.200 tickets vendus ! Difficile de ne pas remarquer que rares sont les comédies françaises qui marchent aussi bien aujourd'hui. Leur valeur est un autre débat...

Parmi les films qui ont "cartonné" en France en 1968, on retrouve deux oeuvres que je qualifie volontiers de classiques, avec d'un côté mon western culte, Le bon, la brute et le truand, et de l'autre l'une de mes références de science-fiction, 2001: l'odyssée de l'espace. Deux chefs d'oeuvre, oui, que j'espère un jour revoir sur écran géant. Deuxième place pour le premier (6.308.276 entrées) et septième rang pour le second (3.256.084 tickets). On retrouve aussi dans le top ten un dessin animé signé Disney, Le livre de la jungle, occupant du pied du podium avec 5.409.805 entrées, et l'une des très rares comédies de Roman Polanski, Le bal des vampires, sixième (3.411.078 fans)...

Pour clore cette liste de dix succès, je ne pointe plus que des films dont je n'avais jamais entendu parler. Signé Alex Joffé, Les cracks semble être une comédie en costumes avec Bourvil et Robert Hirsch. Adieu l'ami, lui, est présenté comme un thriller, avec trois vedettes de cette époque: Alain Delon, Charles Bronson et Brigitte Fossey. Neuvième et dixième, les deux films n'ont pas dépassé la barre symbolique des trois millions d'entrées. Vous me direz que leur score reste respectable et vous aurez raison. Je note toutefois que l'oeuvre au cinquième rang a, elle, franchi les quatre millions. Helga, la vie intime d'une jeune femme est... un film ouest-allemand d'éducation sexuelle, avec notamment un vrai accouchement devant la caméra. Aujourd'hui encore, il est parfois réduit à sa seule facette "érotique" !

Chères lectrices, chers lecteurs, j'ai aussi besoin de vous ! S'il y en a parmi vous qui ont connu Mai 1968 et/ou s'y intéressent, je serais curieux de connaître vos références, anecdotes et souvenirs cinéma pour ce joli mois (et cette année, au sens large). L'esprit libertaire devait aussi souffler dans d'autres oeuvres que je n'ai  pas citées. Pour ma part, j'ai noté que Le plongeon et Le grand silence, sortis en 1968, nageaient également à contre-courant, d'une certaine façon. Maintenant, si je devais refaire un cycle sur cette année-là, je crois que je reverrais avec bonheur Alexandre le bienheureux, La party et Barbarella - pour ne citer, en priorité, que des exemples d'époque.

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Un dernier mot ? Oui...

Un aveu: j'envisage deux autres chroniques sur Mai 1968, d'ici peu. C'est certain que vos commentaires éventuels pourraient les enrichir !

10 commentaires:

Pascale a dit…

J'ai regardé la liste les bons films de cette année... trop longue pour en parler.
Les cracks, je l'avais vu petite. Je crois me souvenir qu'il s'agit du 1er tour de France et que la fille joue avec une voix stridente, son nom m'échappe. Je l'entends encore hurler Juuuuuules. C'était drôle mais ça a dû très mal veillir.

Quant aux Bon, Brute et Truand c'est un film exceptionnel et foisonnant. Je découvre des choses à chaque vision. Incroyable qu'il soit rangé dans la case Western Spaghetti. La charge antimilitariste est incroyable. Les scènes de guerre sont chargées d'une rare mélancolie. Surtout lorsque le Bon réalise l'étendue des dégâts et l'absurdité de cette guerre fratricide entre tuniques grises et bleues (parfois poussiéreuses... ah cette scène ou les bleus sont transformés en gris...) de la même nation.
Et la scène du cimetière... indépassable. Et Clint qui s'éloigne et finit par couper la corde...
Et cette musique !!!

Dans la vie ya 2 sortes de types.
Celui qui creuse et celui qui a le flingue.
You... dig :-)

eeguab a dit…

Forcément et hélas j'ai vu la plupart de ces films à leur sortie. Pour la série Gendarme je crois que le succès s'est essoufflé peu après, le pire du pire étant les deux derniers. Helga eut, c'est vrai, un certain succès de scandale. Personnellement en 68 j'étais en première année de kiné au Quartier Latin et je me souviens surtout des westerns italiens, pas forcément ceux de Leone, mais des histoires de Django, de Sabata, etc...
Mention spéciale pour 2001... qui m'était passé au-dessus de la tête. Encore maintenant je patauge pas mal en le revoyant.

Martin a dit…

@Pascale:

Merci pour les précisions sur "Les cracks", que je verrai peut-être… un jour… ou pas.
Sur "Le bon, la brute et le truand", je suis absolument en phase avec tout ce que tu as écrit.

Martin a dit…

@Eeguab:

Tu as vu les dix, toi ? Chapeau !

"2001" est un film très particulier, mais que je trouve franchement réussi, dans son genre.

Je te remercie pour cette précision sur les westerns italiens, les titres que tu as cités me semblant effectivement plus accessibles que ceux de Leone. L'histoire me semble toutefois avoir surtout donné raison à Leone, que je vois volontiers comme le plus intellectuel des trois Sergio (devant Corbucci et Sollima). Est-ce que je m'égare ? Je reste preneur de ton avis.

eeguab a dit…

Pas tout à fait tout vu. Pas vu Adieu l'ami et pas vu Le plongeon dont je ne me souviens pas du tout. Les Leone à mon sens et dès le premier sortent déjà du cadre spagheii-western.

dasola a dit…

Bonjour Martin, j'avais 6 ans en mai 68, ma dernière année de maternelle. Je me rappelle de la remise des prix à la fin de l'année qui a été expédiée. Je n'ai aucun souvenir sur le cinéma mais j'ai eu la chance de voir 2001 sur grand écran bien des années plus tard (ça a de la gueule). Pour les Cracks, comme Pascale, je sais que je l'ai vu mais à la télé. Et je me rappelle aussi Le petit baigneur. Et grâce à mon ami, j'ai découvert il y a quelques années seulement Le bon, la brute et le truand (eh oui, personne n'est parfait). Bonne journée.

Martin a dit…

@Eeguab:

"Le plongeon" est un film qui m'avait forte impression.
D'accord avec toi pour dire que Leone se démarque nettement du style spaghetti !

Martin a dit…

@Dasola:

Merci pour ton témoignage.
Découvrir "Le bon, la brute et le truand" sur le tard, c'est bien aussi.

Moi, dans la liste, je reverrais bien "Le livre de la jungle" ou le premier des "Gendarme".

cc rider a dit…

Des trois Sergio du western italien , le plus perfectionniste et le plus littéraire est Leone (il revait d'adapter"voyage au bout de la nuit" de Céline),Corbucci le plus lyrique notamment dans son approche de la violence, le plus politique Solima.

Le bon la brute et le truand sorti en 66 en Italie ne sort qu'en 68 en France,un an avant "il était une fois dans l'ouest" que j'ai vu en salle à sa sortie et qui reste pour moi le meilleur du cycle westernien de Leone. J'ai vu le bon,....en salle l'été 76 ou le triptyque des dollars était proposé en copie neuve dans les salles climatisées ou l'estivant fuyait la canicule. Souvenir ému d'une sortie familiale pour le Livre de la jungle, ou aller au cinéma voulait dire encore quelque chose.."Il en faut peu pour etre heureux,peu pour etre heureux...

Martin a dit…

Merci pour votre expertise western, cher CC Rider !
L'anecdote sur les salles climatisées est plutôt sympatique.

Oui, aller au cinéma avait un tout autre sens, en ce temps-là.
Par certains aspects, je ne suis pas surpris qu'on en ressente une forme de nostalgie.