Vous vous souvenez ? Il y a de cela quelques jours, je vous avais dit que mon association a organisé un festival sur les mythologies liées au cinéma. L'heure est venue de vous présenter le premier des films que j'ai vus dans cette sélection: Profonds désirs des dieux. Un opus dont on fêtera les cinquante ans de la sortie (au Japon) cette année...
Ce n'est qu'en 1990 que cette histoire est arrivée sur les écrans français. Elle nous transporte sur Kurage, une île située au sud-ouest de l'archipel nippon. Sur place, nous découvrons une population superstitieuse et notamment la famille Futori, dont le chef dégénéré est un vieillard incestueux. Les autres ne valent guère mieux: son fils Nekichi vit enchaîné, condamné (depuis vingt ans !) à creuser un trou pour y enfouir un rocher censé représenter le courroux des divinités locales, tandis que Toriko, sa petite-fille, fait preuve d'une débilité certaine, doublée d'une insatiable nymphomanie. Si la simple lecture de ces éléments ne vous a pas découragés, vous pourrez voir comment cette peuplade "primitive" vit aux côtés d'autres hommes venus, eux, du Japon citadin, censés construire une infrastructure d'alimentation pour une usine de traitement de la canne à sucre. Cette pseudo-modernité s'inscrit en opposition aux vieilles traditions.
Je vais le dire tout net: Profonds désirs des dieux n'est pas un film confortable. Sa durée totale de presque trois heures (avec entracte) constituera sûrement un premier obstacle pour certains d'entre vous. Le sujet lui-même et la relative violence avec laquelle il est traité risquent aussi d'en détourner plus d'un(e). Ce serait bien dommage toutefois, dans la mesure où le film affiche une puissance narrative indiscutable et offre un nombre impressionnant d'images grandioses. Quand le long-métrage fut exploité pour la première fois, c'est un fait que le succès ne fut guère au rendez-vous, mais cela n'enlèvera rien aux qualités de ce "projet maudit". Ce n'est pas un divertissement ! Maintenant, si vous vous intéressez à une approche ethnographique de l'écologie, cette fresque devrait vous apporter quelque chose. L'idéal serait de l'apprécier au cinéma ou sur le plus grand écran possible. Revenir du voyage pourrait vous prendre un peu de temps...
Profonds désirs des dieux
Film japonais de Shôhei Imamura (1968)
Une anecdote: ce cinéaste reste connu comme l'un des rares titulaires de deux Palmes d'or, qu'il obtint en 1983 (La ballade de Nayarama) et 1997 (L'anguille). Le cadre du film que j'ai présenté aujourd'hui m'a rappelé celui de Still the water, sans autre ressemblance notable quant à l'intrigue elle-même. C'est peut-être avec le légendaire Tabou de Friedrich Wilhelm Murnau qu'il existe des points de comparaison...
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Et pendant ce temps-là, le Movie Challenge avance...
Hop, case n°26: "Un personnage du film est atteint d'un handicap" ! J'insiste: Toriko souffre visiblement d'une lourde déficience mentale.
Profonds désirs des dieux
Film japonais de Shôhei Imamura (1968)
Une anecdote: ce cinéaste reste connu comme l'un des rares titulaires de deux Palmes d'or, qu'il obtint en 1983 (La ballade de Nayarama) et 1997 (L'anguille). Le cadre du film que j'ai présenté aujourd'hui m'a rappelé celui de Still the water, sans autre ressemblance notable quant à l'intrigue elle-même. C'est peut-être avec le légendaire Tabou de Friedrich Wilhelm Murnau qu'il existe des points de comparaison...
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Et pendant ce temps-là, le Movie Challenge avance...
Hop, case n°26: "Un personnage du film est atteint d'un handicap" ! J'insiste: Toriko souffre visiblement d'une lourde déficience mentale.
4 commentaires:
J'aime bien Imamura et Profonds désirs des dieux est un film que je veux voir depuis longtemps, caché quelque part dans ma pile babelesque de films à voir. Je le verrai dans les mois qui viennent. Bonne pioche Martin ! Content que tu aies aimé.
J'avais vu l'Anguille à sa sortie qui m'avait pas mal secouée.
Le voir sur grand écran me semble difficile !
@Strum:
Merci de ton enthousiasme, l'ami !
Je me retrouve assez dans ton expression "pile babelesque de films à voir". Certains choix sont cornéliens.
Bon, du coup, maintenant, je vais surveiller une chronique imamurienne sur ton blog !
@Pascale:
Je n'ai guère de souvenir de "L'anguille".
C'est vrai que, sur grand écran, les films ne te donnent occasion de détourner le regard. Sauf à fuir.
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