Aussi emblématique soit-il, il est très clair que le western a connu maintes déclinaisons tout au long de son histoire. J'espérais revenir vers la forme des grands classiques en regardant La rivière rouge. Gagné ! Bien que le Technicolor n'ait pas été utilisé pour construire des images très proches de la réalité, le plaisir était fidèle au poste...
La rivière rouge, c'est d'abord l'histoire d'un pionnier, qui décide soudain de quitter le convoi dont il faisait partie, pour prendre alors une autre route censée mener à une prospérité plus grande. Esprits romantiques s'abstenir: notre ami John Wayne abandonne la femme qu'il dit aimer, sans lui faire la promesse de retrouvailles futures. Heureusement, en un sens, car, sitôt le cowboy parti, accompagné seulement d'un ami fidèle, on comprend que ce qui reste de la troupe périt lors d'une attaque de guerriers indiens. Les deux compagnons rescapés sont bientôt rejoints par un troisième larron: un enfant plutôt téméraire, qui vient lui-même d'échapper à la mort. L'intrigue principale commence quinze ans plus tard: nos trois protagonistes possèdent désormais une énorme quantité de bétail et se préparent pour un grand départ vers le Missouri, une terre propice aux affaires. C'est à vous de voir la suite, d'accord ? Aucune envie de tout révéler !
Sachez-le: sur le fond, le film est parvenu à me surprendre, en offrant quelques scènes spectaculaires et assez atypiques dans un western. Je précise qu'il ajoute un peu de fiction à un épisode réel de l'histoire des mouvements pionniers en Amérique, ce qui pourra expliquer pourquoi j'ai ressenti les rebondissements aussi justes qu'épiques. Formellement, et alors qu'il approche des 70 ans, je ne vois rien d'important à reprocher à La rivière rouge, pas même ce titre particulièrement neutre. Déjà évoqué plus haut, le choix d'une photo en noir et blanc m'a permis de rester bien concentré sur les dialogues et les acteurs, tout à fait convaincants et avec... une belle surprise féminine dans les derniers instants du métrage (j'ai dit CHUT !). Restons objectifs: tout cela n'est pas très moderne, du point de vue du cinéma, sauf à replacer le film dans son époque, ce qui permet d'apprécier certaines séquences "avant-gardistes" ou même, je vais oser l'affirmer, un peu olé-olé et qui arrivent sans s'être annoncées. Sincèrement, si ça vous tente, ce serait dommage de passer à côté...
La rivière rouge
Film américain de Howard Hawks (1948)
Petites anecdotes pour finir: le film est également le premier western du réalisateur, ainsi que sa première collaboration avec John Wayne. Montgomery Clift, lui, y fait sa toute première apparition et d'emblée dans un rôle important - quel talent ! L'absence de couleurs étonnera ceux qui ont vu Duel au soleil, sorti deux ans plus tôt. Sans clinquant aucun, l'histoire, elle, annonce La prisonnière du désert. À (re)voir !
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Un autre cavalier pour évaluer ce classique ?
Yep ! Je vous invite à le rattraper sur la piste de "L'oeil sur l'écran".
La rivière rouge, c'est d'abord l'histoire d'un pionnier, qui décide soudain de quitter le convoi dont il faisait partie, pour prendre alors une autre route censée mener à une prospérité plus grande. Esprits romantiques s'abstenir: notre ami John Wayne abandonne la femme qu'il dit aimer, sans lui faire la promesse de retrouvailles futures. Heureusement, en un sens, car, sitôt le cowboy parti, accompagné seulement d'un ami fidèle, on comprend que ce qui reste de la troupe périt lors d'une attaque de guerriers indiens. Les deux compagnons rescapés sont bientôt rejoints par un troisième larron: un enfant plutôt téméraire, qui vient lui-même d'échapper à la mort. L'intrigue principale commence quinze ans plus tard: nos trois protagonistes possèdent désormais une énorme quantité de bétail et se préparent pour un grand départ vers le Missouri, une terre propice aux affaires. C'est à vous de voir la suite, d'accord ? Aucune envie de tout révéler !
Sachez-le: sur le fond, le film est parvenu à me surprendre, en offrant quelques scènes spectaculaires et assez atypiques dans un western. Je précise qu'il ajoute un peu de fiction à un épisode réel de l'histoire des mouvements pionniers en Amérique, ce qui pourra expliquer pourquoi j'ai ressenti les rebondissements aussi justes qu'épiques. Formellement, et alors qu'il approche des 70 ans, je ne vois rien d'important à reprocher à La rivière rouge, pas même ce titre particulièrement neutre. Déjà évoqué plus haut, le choix d'une photo en noir et blanc m'a permis de rester bien concentré sur les dialogues et les acteurs, tout à fait convaincants et avec... une belle surprise féminine dans les derniers instants du métrage (j'ai dit CHUT !). Restons objectifs: tout cela n'est pas très moderne, du point de vue du cinéma, sauf à replacer le film dans son époque, ce qui permet d'apprécier certaines séquences "avant-gardistes" ou même, je vais oser l'affirmer, un peu olé-olé et qui arrivent sans s'être annoncées. Sincèrement, si ça vous tente, ce serait dommage de passer à côté...
La rivière rouge
Film américain de Howard Hawks (1948)
Petites anecdotes pour finir: le film est également le premier western du réalisateur, ainsi que sa première collaboration avec John Wayne. Montgomery Clift, lui, y fait sa toute première apparition et d'emblée dans un rôle important - quel talent ! L'absence de couleurs étonnera ceux qui ont vu Duel au soleil, sorti deux ans plus tôt. Sans clinquant aucun, l'histoire, elle, annonce La prisonnière du désert. À (re)voir !
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Un autre cavalier pour évaluer ce classique ?
Yep ! Je vous invite à le rattraper sur la piste de "L'oeil sur l'écran".
10 commentaires:
Si le film est "parvenu à te surprendre" Martin, et tu ne m'en voudras pas de dire cela j'espère, c'est peut-être parce que tu continues à avoir de petits préjugés sur le cinéma classique (qu'est-ce que vient faire le "tout cela n'est pas très moderne" ici ? Le principe du classique c'est qu'il traverse les époques, mais bien sûr il y a certains traits qui le marquent temporellement, c'est humain) et notamment sur le western, un des genres les plus riches et divers qui soient. ;) Très content que ce chef-d'oeuvre t'ait plus en tout cas, que je préfère chez Hawks à Rio Bravo par exemple.
En effet un film qui a 70 balais ne peut être bien moderne :-)
Je ne comprends pas, sa femme meurt ai début ?
En tout cas tu m'intrigue avec tes surprises... Tu l'as vu à quelle occasion ?
@Strum:
Aucun problème pour ta remarque, l'ami. Au contraire, je suis ravi: ça fait avancer le débat !
Il est vrai que j'ai parfois tendance à souligner qu'un vieux film manque de modernité. Est-ce que c'est lié à certains préjugés que je garderai ? C'est possible. Mais je crois aussi que c'est une conséquence du fait que j'essaye de m'adresser à des lecteurs qui connaissent moins le cinéma que moi. Or, bien souvent, quand je parle de vieux films, on me dit: "Oh, ça, c'est trop vieux pour moi !". Je m'efforce donc, modestement et sans doute un peu maladroitement parfois, d'accepter cette remarque pour avancer ensuite d'autres arguments en faveur de ces (bons !) vieux films.
C'est d'ailleurs l'occasion, Strum, de te redire tout l'intérêt que je porte à tes remarques, qui ajoutent souvent quelque chose à mes chroniques, m'apprennent de nouveaux éléments… et alimente mon envie de voir toujours plus de cinéma ! Il faut bien dire que, du western comme de Howard Hawks, j'ai encore bien des choses à découvrir.
@Pascale:
Euh… à défaut de modernité véritable, certains films de cette époque sont tout de même avant-gardistes.
Non ? Enfin, je suppose que, sur ce qui est moderne et ce qui ne l'est pas, nous avons tous une vision différente.
Sinon, oui, la femme de John Wayne meurt au tout début du film. Son attachement à elle ne l'empêche pas de suivre la route qu'il a choisie, quitte à la laisser, du coup, à la merci des Peaux rouges. Le mythe du chevalier blanc, défenseur de la veuve et de l'orphelin, en prend un coup, mais c'est aussi ce qui éloigne ce western des clichés du genre, il me semble, et le rend donc intéressant…
Content que tu sois intriguée ! Je l'ai vu à la télé, sur l'une des chaînes du portail OCS.
D'ailleurs, je me dis que ce serait peut-être une bonne idée d'expliquer dans quelle condition j'ai vu tel ou tel film.
Merci Martin. "Oh, ca c'est trop vieux", c'est une phrase de la vraie vie, je ne suis pas sûr que ce soit le genre de commentaires que tu auras sur un blog a priori fréquenté par des cinéphiles. Sur la vision de ce qui est moderne ou pas, je ne suis pas sûr non plus qu'on aura des visions différentes, à mon avis la différence sera plutôt sur la question de savoir si la modernité est systématiquement un avantage. S'agissant d'un film (comme d'un livre), mon postulat est que modernité n'est pas nécessairement synonyme de qualité et je n'en fais donc pas un critère d'appréciation.
L'autre question qui peut se poser, à force de voir des westerns qui s'éloignent des clichés du genre, c'est : est-ce que ces clichés sont vrais ? :)
Oh la la les fautes que mon coréen a faites... j'ai honte.
Oui dis nous si c'est sur telle chaîne. ça aide. Moi j'ai pas toutes ces chaînes !
Je comprends ce que tu dis à Strum... mais je pense aussi que ça m'étonnerait que les adeptes de Qu'Est-ce qu'on a fait au bon dieu (j'ai que "ça" qui me vient à l'esprit) auront l'idée de lire un article sur un western de 1948 :-)
Donc à nous autres c'est pas la peine de dire qu'un film de 1947 a 70 ans : ON S'EN FOUT.
En même temps, tu es chez toi, tu fais comme tu le sens !
On fait de l'élitisme ? Tant pis. On aime le cinéma depuis qu'il existe, c'est pas comme si on se prenait pour Darwin.
ça m'insupporte (mais je supporte quand même) quand on me dit : "le cinéma j'y vais pour me détendre..."... J'ai juste envie de dire "ben non moi j'y vais pour souffrir". Mais je m'écrase et tant pis je ne dis pas à quel point Dunkerque m'a remué tripes et boyaux parce que ce n'est pas drôle et pas "détendant" du tout. Mais putain, que c'est bon !
Je n'ai AUCUN cinéphile dans mon entourage, parfois ça me manque ! Je n'arriverais à convaincre personne de voir un film de 47. Mais je suis intriguée et intéressée quand je te lis. Comme lorsque je lis dasola emballée par un beau mélo japonais des années 60.
@Strum:
Tu es bien placé, en effet, pour savoir que ce blog est fréquenté par des cinéphiles. Je sais, moi, qu'il l'est aussi par des amoureux du cinéma un peu moins connaisseurs. Mais, encore une fois, c'est vraiment chouette de pouvoir compter sur Pascale, toi et d'autres pour alimenter les débats. Merci !
Je suis d'accord avec toi pour dire que la modernité n'est pas toujours synonyme de qualité. C'est pourquoi je dis toujours à mes amis moins connaisseurs qu'ils trouveront sans doute des films agréables pour eux dans le "vieux" cinéma.
@Strum (encore):
Pour ce qui est des clichés du western, je pense quand même qu'il existe un certain nombre de caractéristiques récurrentes, sinon classiques. Mais, comme toute règle, on trouvera aussi mille exceptions et aspects franchement inattendus.
Ma conclusion à moi: tant mieux !
@Pascale:
Je laisse chacun aimer le cinéma comme il l'entend, tant qu'on me coupe pas des films que j'aime. J'ai parfois gagné quelques vagues amateurs à la cause de grands films anciens et c'est toujours sympa de partager mes impressions autour d'oeuvres que, moi aussi, j'ai découvert un jour, parfois tardif.
Autant dire que c'est pour moi un vrai plaisir de te savoir intriguée et intéressée par ma prose. Comme je le suis par la tienne et ce fameux classique japonais présenté par Dasola...
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