C'est curieux, tout de même: alors que je trouve souvent indécent qu'on me raconte la fin d'un film que je n'ai pas vu, j'ai aimé Loving en connaissant d'avance le fin mot de son histoire. Je me demande finalement si ce ne serait pas mieux de voir les biopics sans info préalable sur le destin des personnages. Serait-ce possible ? Pas sûr...
Ce que je sais, c'est que Jeff Nichols est vite arrivé à m'embarquer avec ce film. J'ai trouvé belle sa façon de raconter la vie de ce couple américain des années 50, elle noire, lui blanc. À ceux qui jugeraient que le titre du film tient du romantisme de pacotille, je veux rappeler aussitôt qu'il correspond aussi... au nom de ces époux. C'est le noeud de l'histoire: il y a soixante ans, en Virginie, il était toléré que Mildred et Richard se côtoient, mais pas qu'ils deviennent femme et mari. Implacable conclusion: les amoureux furent jugés et condamnés ! Vraie bonne surprise: Loving sort des sentiers battus du drame hollywoodien et n'est pas d'avantage le récit d'une bataille juridique. Une proposition autre nous est faite, que j'ai acceptée avec ardeur. L'humanisme qui s'en dégage m'a rendu la séance plus qu'agréable. Finalement, plutôt que d'une cause, Jeff Nichols nous parle d'abord d'une femme et d'un homme. Difficile, du coup, de rester "à l'écart"...
Respectueux, le cinéaste reconstitue - fidèlement - le plus ordinaire du quotidien de "son" couple et sublime ainsi la force des sentiments. Ruth Negga et Joel Edgerton sont très bons: j'ai marché à 100% ! Loving m'a convaincu comme le font les films simples et beaux. D'autant plus fort en fait que, malgré toute la force évocatrice du duo principal, les personnages secondaires sont tout sauf négligés. Mention spéciale pour Michael Shannon (photo): vu dans l'ensemble des quatre premiers films de Jeff Nichols, il n'a qu'une petite scène cette fois, mais elle lui suffit à apparaître comme son alter ego. Aucune fausse note: dans une belle cohérence, chacun des membres de la distribution apporte sa couleur à l'ensemble. Deux heures durant, le long-métrage passe ainsi, noblement, sans cri ni esbroufe. C'est pour sa douceur, sa délicatesse et son très joli sens de l'ellipse que je l'ai le plus apprécié: oui, à mes yeux, il sort vraiment du lot. J'ai vu d'autres oeuvres plus originales, certes, mais rarement connu une histoire d'amour abordée avec une telle pudeur dans la
proximité.
Loving
Film américain de Jeff Nichols (2016)
Un grand et beau récit, doublé d'une leçon d'espoir pour le monde d'aujourd'hui: comme vous l'aurez compris, j'ai donc beaucoup aimé. Aujourd'hui, je n'ai même pas envie de proposer un contrepoint. Chose amusante: un peu avant la projection, j'ai vu la bande-annonce d'un autre film sur un couple noir/blanche, sur fond de violons XXL ! Je zappe ce A united kingdom et reste à l'écoute de vos références...
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Je prédis au film du jour du succès sur la blogosphère...
Vous en entendrez parler en bien chez Pascale et Princécranoir. Sentinelle et Dasola, elles, sont d'un avis un peu moins enthousiaste. Quant à l'ami Strum, il ne semble pas non plus pleinement convaincu.
Ce que je sais, c'est que Jeff Nichols est vite arrivé à m'embarquer avec ce film. J'ai trouvé belle sa façon de raconter la vie de ce couple américain des années 50, elle noire, lui blanc. À ceux qui jugeraient que le titre du film tient du romantisme de pacotille, je veux rappeler aussitôt qu'il correspond aussi... au nom de ces époux. C'est le noeud de l'histoire: il y a soixante ans, en Virginie, il était toléré que Mildred et Richard se côtoient, mais pas qu'ils deviennent femme et mari. Implacable conclusion: les amoureux furent jugés et condamnés ! Vraie bonne surprise: Loving sort des sentiers battus du drame hollywoodien et n'est pas d'avantage le récit d'une bataille juridique. Une proposition autre nous est faite, que j'ai acceptée avec ardeur. L'humanisme qui s'en dégage m'a rendu la séance plus qu'agréable. Finalement, plutôt que d'une cause, Jeff Nichols nous parle d'abord d'une femme et d'un homme. Difficile, du coup, de rester "à l'écart"...
Loving
Film américain de Jeff Nichols (2016)
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Je prédis au film du jour du succès sur la blogosphère...
Vous en entendrez parler en bien chez Pascale et Princécranoir. Sentinelle et Dasola, elles, sont d'un avis un peu moins enthousiaste. Quant à l'ami Strum, il ne semble pas non plus pleinement convaincu.
18 commentaires:
Grand moment d'émotion pour moi que ce "Loving" tout en pudeur comme tu l'as très bien décrit. Effectivement, même si on connaît par avance la fin des "histoires vraies" portées à l'écran, un bon réalisateur est toujours capable de nous embarquer. Regarde combien de fois on a raconté la mort de Kennedy, et pourtant ce sont deux points de vue très différents que nous offrent "JFK" et "Jackie".
VIVE JEFF NICHOLS FOREVER LOVE.
De ton avis totalement même si je ne l'ai pas chroniqué. Et d'accord aussi pour la bande-annonce du film dont tu parles et qui m'a fait la meme impression qu'à toi.
Relativement déçue sur ce coup-ci, mais j'étais déjà moins enthousiaste avec Midnight Special, vu auparavant. A l'inverse, j'ai regardé récemment son tout premier film, Shotgun Stories, et je l'ai beaucoup aimé. J'étais tendue comme un arc pendant tout le film !
@Princécranoir:
Je suppose que "JFK" et "Jackie" sont effectivement des films très différents, mais je n'ai vu que le premier... et je n'ai qu'une envie modérée de voir le second. Cela dit, tu as bien raison: il y a mille façons de traiter des histoires vraies.
Ce que j'ai trouvé fort dans "Loving", c'est justement d'arriver à me toucher avec des choses que j'attendais. Je comprends qu'on puisse trouver ça too much, mais j'ai vraiment apprécié la manière dont Jeff Nichols observe ce couple pour le ramener dans la juste (et belle !) réalité de la vie.
@Pascale:
Exit le tiède ! C'est un vrai grand coup de chaleur partagé, là !
@Eeguab:
Je suis content que tu aies aimé ce "Loving" !
Dommage que tu ne fasses pas de chronique, j'aurais aimé connaître tes arguments un peu plus en détails. Je me sens fier que tu te retrouves dans les miens, en tout cas.
@Sentinelle:
Merci pour tes mots en contrepoint, conformes à ceux que tu as écrit chez toi. Il est vrai que "Shotgun stories" était plus... comment dire ? Brut de décoffrage, peut-être, et que Jeff Nichols n'a peut-être plus exactement le même regard que celui de ses débuts.
Mais, étant donné qu'il n'a pas encore 40 ans et que ce n'est jamais que son cinquième film, j'ai envie de continuer à le suivre pour prendre la mesure de son évolution. Surtout, donc, qu'il ne m'a encore jamais complètement déçu, bien au contraire.
Je suis sûr que tu lui donneras volontiers d'autres chances, non ?
C'est une certitude :) Dès que son prochain film sortira, hop j'irai le voir !
Effectivement, j'ai été un un peu déçu par le film et notamment par sa deuxième partie. Nichols filme toujours aussi bien les scènes d'attente ou de menace silencieuse (la première partie), moins bien les péripéties de la deuxième partie qui apparaissent un peu plates par rapport à leur potentiel (on sent une inspiration fordienne mais sans la grâce formelle de Ford comme je l'écrivais - merci pour le lien au fait !)
Cela dit, j'aime bien Nichols qui reste un cinéaste à suivre, même si ses derniers films sont en-deçà de ses tonitruants débuts.
Strum
Je l'ai finalement raté au cinéma mais il m'intéresse toujours (à cause du réalisateur et du sujet), je compte bien le rattraper cette année !
Bonsoir Martin, je persiste et signe pour dire que ce film m'a passablement ennuyée seul l'actrice Ruth Negga donne un peu de vie à l'ensemble, elle est vraiment bien. Bonne soirée.
Oui j'adore quand tu es chaud comme la braise. Continue.
J'ai revu Take shelter. Je suis définitivement in Loving de Jeff.
Et big Shannon ne me laisse pas de marbre non plus.
@Sentinelle:
Tu m'en vois ravi.
Moi, avant le prochain, il faut vraiment que je finisse mon tour d'horizon avec "Take shelter".
@Strum:
Il est si jeune encore. Laissons-lui le temps de mûrir et de nous surprendre à nouveau.
En tout cas, ta comparaison avec Ford me donne envie de mieux connaître ce bon vieux John !
@Tina:
On surveillera ta chronique avec grand intérêt, Tina. In Nichols we trust !
@Dasola:
Pas de souci, Dasola, tu as évidemment le droit de t'inscrire à contre-courant.
Je suis surpris que tu parles d'ennui, mais... content que tu "sauves" Ruth Negga.
@Pascale:
Chaud comme la braise... raaaaaah lovely et plus encore ?
C'est vrai que les cinéastes doivent se lever de bonne heure pour me laisser atteindre cette température.
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