Je ne savais pas très bien à quoi m'attendre en regardant Tabou. J'avais le vague souvenir d'avoir lu des choses élogieuses à son sujet. C'est ce qui m'a décidé à lui donner sa chance. Du fait de son origine portugaise, je me suis dit aussi qu'il me permettait également d'accrocher un nouveau drapeau à ma rubrique "Cinéma du monde". Bref, je l'ai regardé et, au début, je dois dire que j'ai eu très peur...
Tabou n'est pourtant pas un film d'horreur ou d'épouvante. L'inquiétude initiale que j'ai ressentie vient du fait qu'il s'ouvre directement sur les images étonnantes d'un explorateur de la savane africaine, dans un temps qui semble précéder celui des colonies. Quelques minutes passent et la caméra tourne vers Pilar, une femme seule en train de regarder un film au cinéma. La première séquence n'était donc qu'une mise en abyme: c'est dur pour ce lancement objectivement original, mais je m'en suis senti rassuré. J'ai retrouvé quelques repères rassurants quand le long-métrage rejoint la Lisbonne d'aujourd'hui. Pilar, donc, est une femme seule (ou presque). Généreuse, elle prêterait volontiers une chambre de son appartement aux jeunes qui voudraient découvrir la capitale lusophone. Ses amis sont peu nombreux: elle éconduit gentiment le vieil homme qui tente inlassablement de la séduire et protège sa voisine, une dame âgée...
Quand la domestique de cette dernière informe Pilar que l'intéressée est tombée malade, le film remonte le temps et retrouve l'Afrique coloniale. J'ai l'impression qu'il me faut me taire désormais. Dévoiler plus avant le scénario serait vous gâcher intégralement la surprise offerte par cette seconde partie. Tabou est un film atypique. Formellement, son noir et blanc est parfois poseur, mais il génère aussi quelques plans magnifiques - surtout, d'ailleurs, dans le déroulé de la seconde partie. La technique vient alors tutoyer les sommets émotionnels du cinéma muet, le long-métrage se passant totalement de dialogues. Restent à entendre les sons naturels et une voix off parfois un peu trop insistante, procédé - à ma connaissance - inédit dans le cinéma contemporain. Il vaut mieux se laisser aller complètement à la contemplation pour apprécier le résultat. Au risque d'en sortir quelque peu dérouté, sans doute, et/ou finalement séduit.
Tabou
Film portugais de Miguel Gomes (2012)
Le titre est évidemment une invitation à la comparaison. Je dirais donc que j'ai préféré le Tabou de Friedrich W. Murnau, réalisateur allemand d'un film muet somptueux autour d'une histoire d'amour polynésienne. 81 ans séparent les deux longs-métrages ! Il est vrai qu'on peut y pointer quelques ressemblances, mais celui de 2012 apporte un dépaysement peu commun. Out of Africa, en somme...
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Deux options pour revenir sur cette histoire de crocodile...
- Pascale en parle: "Sur la route du cinéma".
- Sentinelle aussi: "Chez Sentinelle".
Tabou n'est pourtant pas un film d'horreur ou d'épouvante. L'inquiétude initiale que j'ai ressentie vient du fait qu'il s'ouvre directement sur les images étonnantes d'un explorateur de la savane africaine, dans un temps qui semble précéder celui des colonies. Quelques minutes passent et la caméra tourne vers Pilar, une femme seule en train de regarder un film au cinéma. La première séquence n'était donc qu'une mise en abyme: c'est dur pour ce lancement objectivement original, mais je m'en suis senti rassuré. J'ai retrouvé quelques repères rassurants quand le long-métrage rejoint la Lisbonne d'aujourd'hui. Pilar, donc, est une femme seule (ou presque). Généreuse, elle prêterait volontiers une chambre de son appartement aux jeunes qui voudraient découvrir la capitale lusophone. Ses amis sont peu nombreux: elle éconduit gentiment le vieil homme qui tente inlassablement de la séduire et protège sa voisine, une dame âgée...
Quand la domestique de cette dernière informe Pilar que l'intéressée est tombée malade, le film remonte le temps et retrouve l'Afrique coloniale. J'ai l'impression qu'il me faut me taire désormais. Dévoiler plus avant le scénario serait vous gâcher intégralement la surprise offerte par cette seconde partie. Tabou est un film atypique. Formellement, son noir et blanc est parfois poseur, mais il génère aussi quelques plans magnifiques - surtout, d'ailleurs, dans le déroulé de la seconde partie. La technique vient alors tutoyer les sommets émotionnels du cinéma muet, le long-métrage se passant totalement de dialogues. Restent à entendre les sons naturels et une voix off parfois un peu trop insistante, procédé - à ma connaissance - inédit dans le cinéma contemporain. Il vaut mieux se laisser aller complètement à la contemplation pour apprécier le résultat. Au risque d'en sortir quelque peu dérouté, sans doute, et/ou finalement séduit.
Tabou
Film portugais de Miguel Gomes (2012)
Le titre est évidemment une invitation à la comparaison. Je dirais donc que j'ai préféré le Tabou de Friedrich W. Murnau, réalisateur allemand d'un film muet somptueux autour d'une histoire d'amour polynésienne. 81 ans séparent les deux longs-métrages ! Il est vrai qu'on peut y pointer quelques ressemblances, mais celui de 2012 apporte un dépaysement peu commun. Out of Africa, en somme...
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Deux options pour revenir sur cette histoire de crocodile...
- Pascale en parle: "Sur la route du cinéma".
- Sentinelle aussi: "Chez Sentinelle".
4 commentaires:
Oh quelle surprise de revenir sur ce film ! J'en avais malheureusement entendu trop de bien, du coup j'avais placé la barre trop haut. Il ne faudrait jamais lire quoi que ce soit avant d'aller voir un film, mais comment alors se laisser tenter si nous ne lisons rien au préalable ? Mais avec le temps, je me rends compte qu'il m'a quand même laissé un bon souvenir, mes petites déceptions se sont donc finalement atténuées avec le temps ;-)
Je reviens effectivement sur ce film que j'avais manqué au cinéma. La seconde partie me laisse un assez bon souvenir après quelques jours de recul, mais à ce jour, je reste assez mitigé sur l'ensemble. Je n'ai rien vu de mauvais, mais j'ai trouvé ça un peu longuet parfois.
C'est peut-être aussi dû au fait que je n'ai pas (encore) l'habitude de la langue portugaise.
Je ne pense pas que ce soit la raison, du moins pas la seule. Je ne dis pas que je suis habituée à la langue portugaise mais nous voyons tout le temps les films en version originale sous-titrée bilingue (fr-nl)au cinéma à Bruxelles. Donc j'y suis habituée en quelque sorte, ce qui ne m'a pas empêchée de trouver de trop nombreuses longueurs, principalement dans la partie contemporaine si mes souvenirs sont bons.
Personnellement, sans qu'elle me fasse réellement décrocher, il arrive qu'une VO rende compliquée mon "entrée" dans un film.
Dans la mesure du possible, je regarde toujours les films en VO (sous-titrée), mais quand je ne connais pas du tout la langue ou même simplement ses sonorités, il me faut peut-être un peu plus de temps pour m'habituer et me laisser emporter par les images. Pour autant, je ne renoncerai pas à voir un film simplement pour ça.
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