jeudi 2 mai 2024

... et pour le pire !

"Une jeune sauvageonne arrachée à la forêt scandinave, d'une beauté naturelle si exquise qu'elle se passe même de maquillage": ces mots auraient pu être ceux du producteur David O. Selznick au moment d'introduire Ingrid Bergman à Hollywood. 1939 marquait alors l'envol d'une brillante carrière, qui s'étendrait sur près de quatre décennies...
 
Sans même tenir compte de son parcours suédois, on peut affirmer qu'Ingrid Bergman a déjà une certaine expérience quand elle accepte de jouer le premier rôle de Hantise, le remake d'un film britannique. Nous sommes en 1944. Son personnage, Paula Alquist, quitte Londres dans l'espoir de faire le deuil de sa tante, sauvagement assassinée. C'est en Italie que la malheureuse reprend goût à la vie: un pianiste de son entourage la convainc très rapidement de se marier avec lui. Mais le bonheur est éphémère: le comportement de ce Gregory Aston change presque aussitôt que le couple revient sur le sol britannique. Disons-le: Charles Boyer est excellent dans la peau de ce personnage ambivalent, capable ainsi de toujours souffler le chaud et le froid. Perversion narcissique, dirait-on aujourd'hui, et je ne m'étonne pas que le film fasse autorité dans certains cercles féministes. Son titre premier (Gaslight) est désormais utilisé pour parler d'une technique de manipulation extrême - que le long-métrage illustre "à merveille". Mon seul regret ? De ne pas avoir pu l'apprécier en version originale...

Hantise
Film américain de George Cukor (1944)

J'insiste: d'une autre époque, ce thriller garde toute sa pertinence ! Son emphase, propre au jeu hollywoodien, lui donne certes un aspect quelque peu suranné, mais cela fait également partie de son charme. Notez-le: tout cela est censé se passer dans l'Angleterre victorienne. Deux autres films me sont venus à l'esprit en comparaison: Rebecca et Soupçons, l'un comme l'autre de Hitchcock. Il n'y a pas de hasard...

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De justes récompenses...
Ingrid Bergman remporta son premier Oscar de la meilleure actrice. L'équipe technique, elle, repartit avec celui de la meilleure direction artistique. À mon humble avis, c'était bien mérité dans les deux cas !

Et pour d'autres regards contemporains...
Vous pouvez lire aussi les avis de Sentinelle, Strum, Benjamin et Lui.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Un classique que j'aime revoir même si la naïveté de la dame (la même que celle de la nouvelle Mme de Winter dans Rebecca : tomber dans les pattes du 1er bellâtre qui passe... Les fillettes fragiles plaisaient beaucoup à ce gros gaslighter d'Alfred) m'agace un peu.
Charles Boyer comme Laurence Olivier sont effrayants.
Chaque fois j'ai envie de la secouer la demoiselle. Mais en lui disant : fuis ce beau parleur (à supposer qu'elle m'écoute, il n'y aurait pas de film).
Référence dans les cercles féministes ? Là je gratte le sol ( oui, comme une poule) dubitativement.
Quant à la VF. J'ai l'impression que tous les films des années 40 et 50 étaient doublés par les 3 ou 4 mêmes personnes. Une catastrophe.

Strum a dit…

Hello Martin et merci pour le lien ! "une jeune sauvageonne arrachée à la forêt scandinave", une citation très évocatrice et pourtant Ingrid Bergman - d'une beauté à tomber dans ce film - était encore plus que cela !

Martin a dit…

@ Pascale :
J'ai peut-être un peu exagéré avec mon histoire de référence féministe, mais il me semble que le terme "gaslighting" est utilisé pour désigner la façon dont les hommes présentent une vérité d'une certaine façon à ce que le ressenti des femmes soit toujours considéré comme infondé.

Bref... très vaste sujet. Qui m'aura d'ailleurs conduit à regarder le film.

Martin a dit…

@ Strum :
C'est toujours un plaisir de partager des liens vers chez toi.

Quant à Ingrid Bergman, sa beauté évidente ne saurait évidemment dissimuler son très grand talent. Je veux voir d'autres de ses films. Et reste ébloui par "Casablanca", bien sûr.