Il est un peu trop tôt pour parler d'un regain de mon intérêt avéré pour le cinéma japonais, mais j'ai déjà vu davantage de films nippons depuis janvier qu'au cours de la totalité de l'année dernière. Aujourd'hui, je vais évoquer une sortie récente: Le mal n'existe pas. J'en avais entendu parler comme d'un drame sur un thème écologique.
La caméra nous permet d'abord de découvrir la vie de Takumi. Apparemment, cet homme vit avec sa fille dans un environnement naturel relativement préservé, à proximité immédiate d'une forêt. Certains ont dit que Le mal n'existe pas avait également des allures de conte - dont le titre pourrait tenir lieu de morale. Il paraît certain que le scénario vient rapidement opposer deux visions de la vie moderne: celle qui se confronte aux éléments extérieurs aux hommes et celle qui s'en préserve dans le coeur des grandes villes. L'apparition de personnages porteurs d'un projet de camping (de luxe) au milieu d'un espace protégé par d'autres invite à dessiner une fracture possible entre le bien et le mal. Gentils ruraux contre urbains animés de mauvaises intentions: de fait, j'ai trouvé cela un peu caricatural. Mais, heureusement, le récit avance en affinant le trait: le propos n'est pas aussi manichéen que j'avais pu le craindre de prime abord...
En prenant un peu de recul sur le sujet du film, j'ai apprécié sa beauté certaine - de celles qui, à l'évidence, invitent à la contemplation. Comme souvent les cinéastes japonais, le réalisateur prend le temps d'étirer quelques scènes cruciales et préfère ainsi nous "donner à voir" plutôt que d'enchaîner les plans sur un rythme soutenu (et confus). Parfois, c'est vrai, cela paraît un peu trop long à mes yeux d'Européen habitué à la frénésie des images cinéma et média en mouvement. D'ailleurs, en comparaison, la fin du film paraît presque abrupte ! Comme coupée de la réalité, elle m'a surpris par ce caractère énigmatique, voire onirique, que je n'avais pas vu venir. J'ai trouvé qu'elle renversait le sens du film et cela m'a paru... intéressant. Réussi ? Peut-être pas: Le mal n'existe pas est un peu trop radical pour me convenir tout à fait. Mais cela fait aussi son originalité ! Derrière sa superbe affiche se cache bel et bien une oeuvre unique. Rien que pour cela et malgré ses défauts, je dis qu'elle vaut le détour.
Le mal n'existe pas
Film japonais de Ryusuke Hamaguchi (2024)
Concret et allégorique. Poétique et terre-à-terre. Ce long-métrage complexe ne se laisse pas apprivoiser facilement et peut dérouter. J'ajoute qu'il m'est apparu des plus pessimistes dans ce qu'il dit aussi de la nature humaine et de notre relation avec l'environnement immédiat. Mon appréciation reste positive, même si sa sensibilité préfère d'autres films, tels que La forêt de Mogari ou Still the water.
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Pour aller un peu plus loin...
Un petit conseil: lire aussi les avis de Pascale, Princécranoir et Strum.
La caméra nous permet d'abord de découvrir la vie de Takumi. Apparemment, cet homme vit avec sa fille dans un environnement naturel relativement préservé, à proximité immédiate d'une forêt. Certains ont dit que Le mal n'existe pas avait également des allures de conte - dont le titre pourrait tenir lieu de morale. Il paraît certain que le scénario vient rapidement opposer deux visions de la vie moderne: celle qui se confronte aux éléments extérieurs aux hommes et celle qui s'en préserve dans le coeur des grandes villes. L'apparition de personnages porteurs d'un projet de camping (de luxe) au milieu d'un espace protégé par d'autres invite à dessiner une fracture possible entre le bien et le mal. Gentils ruraux contre urbains animés de mauvaises intentions: de fait, j'ai trouvé cela un peu caricatural. Mais, heureusement, le récit avance en affinant le trait: le propos n'est pas aussi manichéen que j'avais pu le craindre de prime abord...
En prenant un peu de recul sur le sujet du film, j'ai apprécié sa beauté certaine - de celles qui, à l'évidence, invitent à la contemplation. Comme souvent les cinéastes japonais, le réalisateur prend le temps d'étirer quelques scènes cruciales et préfère ainsi nous "donner à voir" plutôt que d'enchaîner les plans sur un rythme soutenu (et confus). Parfois, c'est vrai, cela paraît un peu trop long à mes yeux d'Européen habitué à la frénésie des images cinéma et média en mouvement. D'ailleurs, en comparaison, la fin du film paraît presque abrupte ! Comme coupée de la réalité, elle m'a surpris par ce caractère énigmatique, voire onirique, que je n'avais pas vu venir. J'ai trouvé qu'elle renversait le sens du film et cela m'a paru... intéressant. Réussi ? Peut-être pas: Le mal n'existe pas est un peu trop radical pour me convenir tout à fait. Mais cela fait aussi son originalité ! Derrière sa superbe affiche se cache bel et bien une oeuvre unique. Rien que pour cela et malgré ses défauts, je dis qu'elle vaut le détour.
Le mal n'existe pas
Film japonais de Ryusuke Hamaguchi (2024)
Concret et allégorique. Poétique et terre-à-terre. Ce long-métrage complexe ne se laisse pas apprivoiser facilement et peut dérouter. J'ajoute qu'il m'est apparu des plus pessimistes dans ce qu'il dit aussi de la nature humaine et de notre relation avec l'environnement immédiat. Mon appréciation reste positive, même si sa sensibilité préfère d'autres films, tels que La forêt de Mogari ou Still the water.
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Pour aller un peu plus loin...
Un petit conseil: lire aussi les avis de Pascale, Princécranoir et Strum.
4 commentaires:
Cette fin déconcertante voire anéantie m'a un peu anéantie. Le titre en devient ironique voire cynique. Mais avant les dernières minutes c'est beau et captivant.
"Anéantie", rien que cela ? Puisque tu le dis deux fois... admettons.
Le titre peut être perçu comme ironique, oui. Ou pragmatique ? Le mal prend des formes multiples.
Je n'ai pas envie d'intellectualiser, aujourd'hui.
J'ai vu un film beau et intéressant. Déroutant, aussi, et pas le meilleur de l'année.
Cette fin déconcertante voire incompréhensible m'a... surprise.
Anéanti est un peu excessif.
Ah oui, c'est une fin surprenante, ça, c'est sûr ! Je n'avais rien vu venir.
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