Sauriez-vous situer le Cambodge sur une carte muette ? Je me donne peu de chance d'y parvenir du premier coup. Si je vous pose d'emblée cette question, c'est parce qu'un personnage de Diamond Island, film sorti fin décembre, situe l'Égypte... en Europe, à côté de la France. Peut-être pour nous dire de regarder enfin le monde dans sa globalité.
Davy Chou, lui, est porteur de deux cultures: ce réalisateur français est d'ascendance cambodgienne. Avant les années de la dictature khmère rouge, son grand-père fut l'un des principaux producteurs locaux. Cinéaste depuis maintenant une dizaine d'années, le petit-fils propose, à 33 ans et avec Diamond Island, son premier long-métrage de fiction. Le titre reprend le nom d'un quartier isolé de Phnom Penh. De hautes tours y ont récemment poussé comme des champignons. Juste à leurs pieds, c'est la misère des chantiers. Pour nous permettre de découvrir cette ville dans la ville, la caméra, pudique, suit les pas de quelques agents de sécurité et de jeunes ouvriers. Le contexte posé, elle s'attarde plus spécifiquement sur l'un d'eux, Bora, contraint de laisser derrière lui sa mère et sa vie à la campagne pour aller travailler, sans véritable qualification et à 18 ans seulement. Inutile d'ajouter ce que vous aurez compris: il n'est pas le seul dans ce cas...
Ce film nous offre donc un portrait saisissant de la jeunesse cambodgienne. Avoir un smartphone, draguer, se promener en bande et à moto... les rêves de ces ados ne sont pas si loin des aspirations d'autres gamins de leur âge. Diamond Island le montre et fait preuve d'une grande douceur pour évoquer les ravages de la mondialisation. Ce n'est pas véritablement un film politique: il expose une situation violente, mais ne pousse pas de cris pour dénoncer l'inadmissible. Loin des grands discours, c'est en réalité par les seules forces combinées de l'image et du son, mais aussi par un usage intelligent du hors-champ, en somme en s'appuyant sur une large palette technique, qu'il donne de la vigueur et de la pertinence à son propos. Chacun en retiendra ce qu'il veut. Moi, j'ai aimé la beauté du film. C'est également, je pense, une façon de faire passer un message. Certains l'ont entendu, de fait: Davy Chou a ainsi reçu plusieurs Prix et notamment celui de la Semaine de la critique, à Cannes, l'an passé. À noter enfin: la majeure partie des acteurs sont ici... des amateurs !
Diamond Island
Film franco-cambodgien de Davy Chou (2016)
L'esthétique fluo du long-métrage pourrait rappeler aux connaisseurs le travail de Sofia Coppola (Marie-Antoinette, par exemple) ou celui de Harmony Korine (Spring breakers)... sans être aussi superficiel. J'aime assez le cinéma quand il s'intéresse aux jeunes générations. Auriez-vous des suggestions ? Moi, oui: celle de revoir le Cambodge autrement, avec L'image manquante, le documentaire de Rithy Pahn.
Davy Chou, lui, est porteur de deux cultures: ce réalisateur français est d'ascendance cambodgienne. Avant les années de la dictature khmère rouge, son grand-père fut l'un des principaux producteurs locaux. Cinéaste depuis maintenant une dizaine d'années, le petit-fils propose, à 33 ans et avec Diamond Island, son premier long-métrage de fiction. Le titre reprend le nom d'un quartier isolé de Phnom Penh. De hautes tours y ont récemment poussé comme des champignons. Juste à leurs pieds, c'est la misère des chantiers. Pour nous permettre de découvrir cette ville dans la ville, la caméra, pudique, suit les pas de quelques agents de sécurité et de jeunes ouvriers. Le contexte posé, elle s'attarde plus spécifiquement sur l'un d'eux, Bora, contraint de laisser derrière lui sa mère et sa vie à la campagne pour aller travailler, sans véritable qualification et à 18 ans seulement. Inutile d'ajouter ce que vous aurez compris: il n'est pas le seul dans ce cas...
Ce film nous offre donc un portrait saisissant de la jeunesse cambodgienne. Avoir un smartphone, draguer, se promener en bande et à moto... les rêves de ces ados ne sont pas si loin des aspirations d'autres gamins de leur âge. Diamond Island le montre et fait preuve d'une grande douceur pour évoquer les ravages de la mondialisation. Ce n'est pas véritablement un film politique: il expose une situation violente, mais ne pousse pas de cris pour dénoncer l'inadmissible. Loin des grands discours, c'est en réalité par les seules forces combinées de l'image et du son, mais aussi par un usage intelligent du hors-champ, en somme en s'appuyant sur une large palette technique, qu'il donne de la vigueur et de la pertinence à son propos. Chacun en retiendra ce qu'il veut. Moi, j'ai aimé la beauté du film. C'est également, je pense, une façon de faire passer un message. Certains l'ont entendu, de fait: Davy Chou a ainsi reçu plusieurs Prix et notamment celui de la Semaine de la critique, à Cannes, l'an passé. À noter enfin: la majeure partie des acteurs sont ici... des amateurs !
Diamond Island
Film franco-cambodgien de Davy Chou (2016)
L'esthétique fluo du long-métrage pourrait rappeler aux connaisseurs le travail de Sofia Coppola (Marie-Antoinette, par exemple) ou celui de Harmony Korine (Spring breakers)... sans être aussi superficiel. J'aime assez le cinéma quand il s'intéresse aux jeunes générations. Auriez-vous des suggestions ? Moi, oui: celle de revoir le Cambodge autrement, avec L'image manquante, le documentaire de Rithy Pahn.
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