samedi 11 juin 2016

Mortelle partition

Certains acteurs ont tellement été marqués par un rôle que leur image reste indissociable de celle d'un personnage unique et bien déterminé. C'est le cas d'Elijah Wood qui, à mon avis, demeurera Frodon Sacquet pour de longues années encore. Reste que le trentenaire a abandonné son costume de hobbit depuis quatre ans déjà. Vous aviez remarqué ?

Dans Grand piano, en tout cas, c'est net: loin à présent de la Terre du Milieu, notre bon ami est devenu un pianiste de réputation internationale, qui se prépare à donner un concert unique à Chicago. Détail important du scénario: ce Tom Selznick n'a plus joué en public depuis de longues années. La raison est simple: il est tétanisé à l'idée de revivre l'épisode le plus douloureux de sa jeune carrière - un couac retentissant au beau milieu d'une précédente grande représentation ! Tendue, la situation devient irrespirable quand, alors qu'il vient juste de commencer à jouer, Tom s'aperçoit d'une menace de mort, écrite en lettres rouges sur sa partition. Et tant pis pour la vraisemblance...

Certains n'ont pas hésité à citer Alfred Hitchcock ou Brian DePalma comme les possibles maîtres du réalisateur espagnol de ce petit film. C'est un peu too much: un (relatif) suspense et trois / quatre effets de mise en scène me semblent insuffisants pour établir cette filiation artistique. De là à jeter le bébé avec l'eau du bain, il y a un pas. Réflexion faite, j'ai décidé... de ne pas le franchir. Grand piano répond bien aux très modestes attentes que j'avais placées en lui. Jamais sorti dans les salles françaises, il vaut bien un plateau-télé. Maintenant, on est d'accord, hein ? Ce n'est pas le film du siècle. J'avoue: la fin est même assez nunuche - pour ne pas dire plan-plan. Montre en main, tout est plié en moins d'une heure et demie. Bizarrement, j'ai aimé la toute dernière image, qui joue habilement sur le hors-champ et l'idée que tout va peut-être changer pour Tom. Chacun est libre d'inventer une suite - ou non - et je trouve ça sympa.

Grand piano
Film espagnol d'Eugenio Mira (2013)

Je n'ai pas encore dit que la musique jouait ici un rôle important. Certes, elle ne fait pas avancer l'intrigue, mais du fait de la menace qui plane sur l'exécutant en cas de fausse note, on pourra se prendre au jeu d'écouter avec la plus grande attention. Si les petits thrillers hispaniques vous plaisent, vous pourriez également apprécier Inside. J'admets qu'un film comme La isla minima est largement au-dessus...

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Juste une précision...

Le scénario du film est signé Damien Chazelle. Vous le connaissez ? Dans la vraie vie comme sur les blogs, j'ai recueilli des impressions favorables sur ce jeune homme, réalisateur du remarqué Whiplash. Rappel amusant: cet autre thriller a pour héros... un batteur de jazz.

C'est bien que tout le monde ne soit pas d'accord...

Et vous savez quoi ? Chonchon est d'un avis vraiment TRÈS différent !

14 commentaires:

Pascale a dit…

Tu me donnes grave envie là !

Martin a dit…

Tu m'en vois ravi ! Cela dit, j'ai l'impression que le film se fait plutôt discret sous nos latitudes...

ChonchonAelezig a dit…

Ah oui, tu peux le dire ! J'ai trouvé ça d'un niais !

tinalakiller a dit…

Cela fait un petit moment que j'entends parler de ce film et j'ai toujours bien aimé le petit Elijah ! :D

Martin a dit…

@Chonchon:

Les goûts et les couleurs... c'est vrai que c'est gentillet, mais je n'y ai pas vu un défaut rédhibitoire.

Martin a dit…

@Tina:

Il te restera donc à le découvrir ici... et à nous dire, un jour ou l'autre, ce que tu en auras pensé.

Pascale a dit…

Ce soir c'est plateau télé avec Elijah :-)
Je l'ai acheté sur Price et le revendrai demain :-)))
Je me fais de la thune, grave !

Martin a dit…

Achat instantané et revente immédiate... c'est original, comme technique. Je suppose qu'on saura aussi bientôt ce que tu as pensé du film. Mais si, déjà, si tu n'as pas perdu d'argent...

Pascale a dit…

Je n'ai pas compris la dernière image !!!
Bon, donc j'ai vu, je comprends pourquoi on évoque De Palma et Hitchcock qui ont souvent travaillé sur des scènes de concert; Là, tout le film se passe pendant un concert et la réalisation est assez virtuose en ce sens et on se dit que le réalisateur a dû rêver d'un unique plan séquence.
J'ai vu Damien Chazelle au générique (le réalisateur de Whiplash).

Sinon ben... c'est quand même assez risible. Je sais que le personnage d'Elijah est le plus grand pianiste du monde mais quand même, jouer du piano dans cet état de stress en suant à grosses gouttes... en quittant la scène, en revenant, e courant, en passant des sms d'une main tout en continuant à jouer, en discutant au téléphone avec le vilain... c'est plus le meilleur pianiste du monde, c'est un magicien !
Un peu de réalisme n'aurait pas nui.
Je trouve l'actrice (très jolie mais) d'une fadeur exceptionnelle et son couple avec Elijah ne fonctionne pas du tout. Malgré les années qui passent et le pauvre n'y est pour rien, il a toujours l'air d'avoir 12 ans, donc le marier avec une bombasse d'1 m 78, ça ne marche pas ! Et ici, il n'a pas grand chose à faire d'autre qu'à ouvrir ses immenses yeux bleus étonnés !
Donc, s'il y a des amateurs, il est en vente sur Price Minister :-)

Martin a dit…

Je suis sûr qu'il se trouve dans la vraie vie des bombasses qui bichent les hommes qui ont l'air d'avoir toujours douze ans. Mais bon, c'est un autre débat...

Je ne trouve pas le film risible, personnellement, même s'il est clair qu'il n'est pas réaliste. On va dire que je me suis laissé embarquer et que ça m'a reposé les neurones (ça fait du bien, de temps en temps, un film aussi peu prise-de-tête). Pas question de parler de chef d'oeuvre, bien sûr. Je l'aurais sans doute oublié rapidement, mais je suis bon public, tu le sais. Le fait est que j'ai vu d'autres films bien plus mauvais que celui-là.

Pascale a dit…

Ah mais je ne dis pas que les bombasses ne peuvent pas apprécier les garçons à l'air juvénile. Simplement ici, il ne se passe rien entre eux. Aucune connivence entre les deux acteurs et effectivement il a plus l'air d'être son petit frère que son amant fougueux.
Et l'argument "ce n'est pas un chef d'œuvre" ne me convient pas. Combien de chefs-d'oeuvre voit-on dans une vie cinéphile ? Peu. Donc, heureusement qu'il y a de jolis films, de beaux films, de grands films, des films divertissants, des films nœud au cerveau etc...

Martin a dit…

Il faut dire que les scènes communes des prétendus tourtereaux sont très peu nombreuses et assez courtes.

Je remballe mon argument "pas un chef d'oeuvre", puisqu'il ne te convient pas. Je suis d'ailleurs d'accord avec toi pour dire qu'on voit peu de chefs d'oeuvre dans une vie cinéphile. Je peux au moins classer ce film dans la catégorie "divertissant pour un soir de désoeuvrement".

Pascale a dit…

Oui oui, je suis restée sans problème jusqu'au bout avec mon plateau repas. J'attendais John Cusack :-)
Heureusement, ça ne dure qu'une heure 30.

Oui je sais je suis très critique mais tu dois aussi avoir des expressions qui t'exaspèrent ! Donc parmi la longue liste des miennes que je ne peux plus encadrer, il y a :

- c'est pas le chef d'œuvre du siècle mais...
et
- rebondir...

tu as donc cumulé ces jours ci :-))

Mais il y a également :
- c'est clair,
- à la base...

etc...

Martin a dit…

Nous sommes d'accord: une heure et demie, c'est bien. Faire plus long n'aurait servi à rien.

Et bien entendu qu'il y a aussi certaines expressions qui m'exaspèrent ! Nous avons tous nos petites lubies langagières, je suppose. C'est aussi ce qui fait le plaisir de l'écriture... et de la lecture, parfois.