lundi 31 octobre 2022

Après l'orage

J'étais chez moi, à Nice, le soir du 14 juillet 2016, quand un camion fou fonça sur la Promenade des Anglais. J'ai déménagé il y a trois ans et m'en souviens encore, mais ne suis ici que pour parler de cinéma. Survenus, eux, le 13 novembre 2015, les derniers attentats parisiens nourrissent désormais plusieurs films. Et Revoir Paris en est un bon !

Une précision: cet opus n'évoque pas dans le détail les divers assauts menés dans les rues parisiennes, au Bataclan et au Stade de France. Nous sommes invités à suivre une victime qui, dans une brasserie, survit à une attaque et, sous le choc, oublie ce qui a pu se passer pour qu'elle échappe à la mort. Virginie Efira incarne cette femme violemment bousculée par le destin et qui cherche à se reconstruire en reconstituant son parcours personnel. Sa singularité en rencontrera d'autres, évidemment, et c'est l'un des intérêts du scénario d'illustrer que chaque individu peut avoir une vision et des réactions différentes face à la plus indicible des tragédies. Il n'y a pas de réelle fausse note dans ce long-métrage sensible et, vu le sujet, je n'ai guère l'intention de pinailler. En revanche, je suis prêt à débattre avec qui le voudra...

J'ai aimé que, né d'une quête et d'une démarche individuelles, le récit s'enrichisse progressivement d'une dimension collective. Les termes d'universalité et de résilience ne semblent pas s'imposer, toutefois. Je considère que c'est mieux ainsi: Revoir Paris n'a qu'une portée limitée, mais je ne pense pas qu'il soutienne un discours politique. Autant écouter les acteurs: en l'occurrence, j'ai notamment été ravi de réentendre Benoît Magimel, à qui, je trouve, la maturité va bien. Côté féminin, j'ai aussi été enchanté de découvrir Maya Sansa, actrice italienne dont j'avais négligé le talent, et j'ai été très touché par Nastya Golubeva Carax, fille de Léos, porteuse d'un regard neuf sur les célèbres Nymphéas de Monnet - que je vous laisse découvrir. D'un point de vue technique, quelques très beaux plans nocturnes remettent notre capitale blessée en lumière(s), en évitant le pathos. La réalisatrice a admis s'être inspirée de ce qui est arrivé à son frère.

Revoir Paris
Film français d'Alice Winocour (2022)

Un long-métrage digne et qui avance lentement vers la vie retrouvée. Serait-ce un message d'espoir ? Peut-être pas, mais un réconfort possible pour qui, comme moi, n'a pas vu le terrorisme de trop près. J'ignore si, un jour, le cinéma s'emparera un jour de la tragédie niçoise et, très franchement, je ne suis pas pressé qu'il le fasse. Amanda reste une belle référence si vous vous intéressez à ce thème.

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Et si vous voulez un autre avis sur le film du jour...

Je vous signale / rappelle que Pascale a d'ores et déjà publié le sien.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Bof. Le 1er boom racoleur dans la vitre est resté présent dans mon esprit pendant tout le film...
Heureusement il y a la merveille.

Martin a dit…

Oui, cette pseudo-explosion était un peu déplacée, je dois l'admettre.
Je suppose que c'est Virginie que tu appelles "la merveille". J'en reparle sans doute bientôt.

Pascale a dit…

Oui c'est Virginie. Tu en connais d'autres ?

Martin a dit…

J'en connais quelques autres, en effet. Mais bien différentes de Virginie.