lundi 23 novembre 2020

Se reconstruire

Une citation pour ouvrir cette chronique: "Le point de départ était l'envie de parler du Paris d'aujourd'hui et de capturer quelque chose de la fragilité, de la fébrilité et de la violence de l'époque". Convaincant ou non, c'est ainsi que Mikhaël Hers parle d'Amanda. Après avoir vu le film, je voulais mesurer les intentions du cinéaste...

Autant vous le dire tout de suite: Amanda est un beau film. Un film intelligent, aussi, sur un sujet difficile (et peu abordé, il me semble). Le personnage-titre est une petite fille, à Paris, dont la mère est tuée dans un attentat. Elle est alors prise en charge par son jeune oncle. C'est autour de ce duo familial que le film développe son sujet connexe: celui de la reconstruction psychologique après une tragédie. C'est une vraie réussite, un trésor de subtilité et de délicatesse. Éprouvant, le long-métrage n'est jamais larmoyant: l'équilibre trouvé me semble juste. Je le dis avec modestie, car je ne sais pas vraiment ce que peuvent éprouver les proches des victimes d'actes terroristes.

Ce que je sais, en revanche, c'est qu'il y a un espoir et de la lumière dans Amanda. Un aspect pour partie porté par le personnage secondaire qu'incarne Stacy Martin (ci-dessus), qui trouve une place intéressante auprès de l'acteur principal, Vincent Lacoste, excellent. La partition la plus impressionnante reste celle de la gamine "adoptée" pour interpréter le rôle-titre: Isaure Multrier est bluffante. J'accorde aussi une mention spéciale à quelques autres comédien(ne)s bien choisis au casting: Marianne Basler, Ophélie Kolb, Greta Scacchi et Jonathan Cohen. Une distribution très harmonieuse pour un film doux: si le sujet ne vous rebute pas, j'ose imaginer qu'il vous plaira. Une précision importante: il n'y a pas d'excès d'hémoglobine à l'image. Juste un fort concentré d'émotions, au cours d'une partie de tennis...

Amanda
Film français de Mikhaël Hers (2018)

On m'avait conseillé de découvrir ce film qui m'attirait déjà: je suis pleinement satisfait de l'avoir vu. Et je me rends compte que j'ai vu d'autres films sur le terrorisme, chacun traitant le sujet de manière différente: cf. côté américain Angles d'attaque, Zero dark thirty et... Fast and furious 8. Ou le thriller Un homme très recherché. Intéressants aussi - et assez polémiques: Le policier et Nocturama...

----------
Pour en revenir au film du jour...

La blogosphère en a largement fait écho: vous le retrouverez donc chez Pascale, Dasola, Strum, Princécranoir, Vincent et Lui. Joli score !

12 commentaires:

Pascale a dit…

Ah ce film ! Que j'ai pleuré !!
Mais tu spoiles gravement en parlant d'attentat non ? Dans mon souvenir on ne l'apprend que rarement.
Tout ce chagrin est admirablement montré ici.
Et puis il y a Amanda, merveilleuse petite actrice et puis Vincent Lacoste (assez agaçant en général) tient ici son meilleur rôle. Leur rencontre est magique.

Pascale a dit…

On ne l'apprend pas que rarement mais tardivement.

Strum a dit…

Hello Martin, en effet, un beau film, très bien joué, sur un sujet (le deuil) et avec une manière (en montrant les lieux traversés) que l'on retrouve dans plusieurs films de Mikhael Hers. Curieux de savoir ce qu'il va faire ensuite. Et merci pour le lien !

Martin a dit…

@Pascale:

Est-ce que j'ai spoilé ? Peut-être. Le dialogue de la bande-annonce laisse un flou autour de ce qui se passe exactement, même si certaines images sont tout de même explicites. Mais d'un autre côté, je ne suis pas parvenu à rédiger en laissant planer la même incertitude. Je me disais que, pour une fois, ce serait bien que les gens qui découvrent le film le fassent en connaissance de cause. Ma façon à moi d'éviter qu'ils soient trop "choqués", si tu vois ce que je veux dire...

En fait, j'ai sans doute écrit comme ça parce que, moi, je savais déjà à quoi m'en tenir sur ce scénario. Et que l'acte déclencheur n'est, à mon sens, pas du tout ce dont le film traite. Vaste débat, en fait, et c'est parce qu'il fait réfléchir que le film me paraît si réussi et sensible.

Martin a dit…

@Pascale encore:

Hum... je n'avais pas de chronomètre en main. Dans mon souvenir, je crois que ça arrive tout de même assez vite dans le film, mais qu'on ne s'appesantit guère sur les images les plus violentes. Mais encore une fois, cette sensation me vient peut-être parce que je savais dès le début ce qui allait arriver...

Martin a dit…

@Strum:

Pas de quoi, l'ami, c'est toujours un plaisir !

Puisque tu parles d'une constante chez Mikhaël Hers, et en attendant de savoir comment il va évoluer, cela me donne envie de découvrir le reste de son travail. Je surveille notamment une éventuelle reprogrammation télé de "Ce sentiment de l'été", dont je me souviens d'avoir lu la chronique chez toi.

cc rider a dit…

Vincent Lacoste acteur qui monte, et qui , il est vrai ,choisit souvent des rôles « énervant ». Ce n’était pas le cas dans « Victoria » avec Virginie Efira (avec un seul F) ou j'avais beaucoup aimé sa prestation...

Pascale a dit…

Évidemment tu fais comme tu veux :-)
Mais d'ordinaire tu ne dévoiles rien, ce qui peut être assez frustrant. Quand je n'ai pas vu un film, je ne comprends pas toujours en te lisant de quoi il s'agit. Là tu parles 2 fois d'attentat. Je trouve que la surprise fait partie de la qualité et l'intensité du film.
Le spectateur a le droit de découvrir quitte à être choqué...
Tu fais un gros spoilage.

Pascale a dit…

Moi non plus je ne me balade pas avec un chronomètre.
Et ceux qui t'ont spoilé sont pas cools non plus. Comme si tu n'étais pas capable d'encaisser une révélation dramatique.
L'argument me semble un peu léger.

Martin a dit…

@CC Rider:

La question est: les choisit-il vraiment ? Plus jeune, il jouait des rôles de son âge. Je suppose qu'avec sa popularité grandissante, il peut désormais jouer des choses plus matures. Nous verrons bien comment il évolue ces prochaines années, mais un film comme "Amanda" devrait, je pense et je l'espère, lui ouvrir d'autres portes.

Martin a dit…

@Pascale:

C'est vrai: j'ai dévoilé cet aspect important du film, mais, encore une fois, si tu regardes la bande annonce, tu peux presque le savoir. Et si tu ne regardes pas la bande annonce, ma foi... le film lève assez vite le voile sur ce mystère. Bref...

Tout à fait d'accord avec toi pour dire que le spectateur a le droit de découvrir les choses par lui-même. En l'occurrence, c'est un exercice vraiment délicat pour le modeste critique que je suis. Surtout sur un sujet que je juge aussi sensible.

Martin a dit…

@Pascale again:

Ce n'est pas quelqu'un qui m'a spoilé, de mémoire. C'est la bande-annonce.
Et des images qui m'ont paru assez explicites et m'ont donné envie d'aller voir de quoi il retournait exactement AVANT de me laisser tenter par une séance.