samedi 5 mars 2022

New York 1957

Je suppose que vous le savez: fin 2021, Steven Spielberg est revenu sur les écrans avec un remake de West Side story. Le premier film était sorti en 1961, avait décroché un total de dix Oscars l'année suivante, et dépasse désormais en notoriété la comédie musicale originelle, créée à Broadway quatre ans auparavant. Le pur classique !

Petite piqûre de rappel, si nécessaire: West Side story nous ramène dans le New York des fifties. Deux bandes, les Jets et les Sharks, rivalisent de racisme: les premiers se croient seuls Américains légitimes, puisque d'origine européenne, tandis que les autres disent qu'ils ont le droit de vivre au même endroit, après avoir quitté l'île caribéenne de Porto Rico, un territoire de fait associé aux États-Unis. Et voilà que soudain, Maria, une fille du "camp" hispanique, et Tony, un garçon de l'autre côté, se rencontrent et tombent amoureux ! Évidemment, même en reprise, c'est un sujet en or pour Spielberg. Lui-même, né en 1946, dit que cette histoire ne l'a jamais quitté. OK.

L'Amérique post-Trump est peut-être aussi un terreau ultra-favorable pour ressortir cette ancienne rengaine des tiroirs. De par le respect absolu des codes du genre, je n'ai rien relevé de vraiment honteux dans ce West Side story nouvelle génération. Je vais sûrement revoir la version 1961 pour appuyer mon propos, mais il me semble honnête de parler de copie quasi-conforme. Un choix qu'on peut discuter ? Oui. Si les chorégraphies de Jerome Robbins et la musique emblématique de Leonard Bernstein semblent incontournables, je n'aurais pas crié au scandale devant une modernisation du film au contexte sociétal d'aujourd'hui. Bon, on peut juger aussi que le récit reste intemporel...

Gare ! Tout n'est pas beau dans ce film de 2021: mon principal grief concernera l'usage de la lumière, qui procure parfois un sentiment d'artificialité très frustrant (comme devant une scène de théâtre). Cela étant dit, d'autres plans flattent la rétine, à l'image notamment de celui qui illustre la grande confrontation Jets-Sharks, en ombres mélangées filmées du dessus. Certains peuvent reprocher à Spielberg d'avoir ripoliné l'apparence d'un quartier populaire, dont les habitants devraient plutôt vivre dans la crasse, mais je ne suis pas convaincu qu'une vision plus sombre ait caractérisé le film d'il y a soixante ans. Moderne ou non, West Side story est surtout un conte, à mes yeux...

J'ai lu aussi que des effets numériques avaient été utilisés pour lisser ces images et... faire disparaître la transpiration des comédien(ne)s ! Il faut bien admettre qu'ils donnent de leur personne, toutes et tous. Certains numéros de danse sont tout simplement bluffants et, à eux seuls, peuvent justifier que l'on porte un intérêt à ce film nouveau. J'aime moins le côté paillettes et la musique, mais cela fait partie intégrante du tout et me semble dès lors difficilement dissociable. Côté casting, pas de faute de goût, mais pas de révélation non plus. Un personnage inédit est joué par Rita Moreno, 90 ans, déjà présente dans le premier film. West side story n'a (presque) pas pris une ride !

West Side story
Film américain de Steven Spielberg (2021)

Une machine à Oscars ? Nous aurons bientôt la réponse: le film apparaît sept fois parmi les nominés de la cérémonie du 27 mars prochain - avec une bonne chance pour Ariana DeBose en second rôle. Après moult hésitations, je suis content d'avoir réussi à le rattraper sur grand écran. Même si, dans la même configuration, La La Land me convient mieux. Et Chantons sous la pluie au rayon "classiques" !

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Notre ami Steven a toujours la cote...

La preuve: le film a attiré Pascale, Princécranoir, Strum et Benjamin. Et Vincent aussi, qui en parle peu, mais le place au sommet de 2021 !

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je ne comprends pas bien ta phrase : j'ai moins aimé le côté paillettes et la musique...
Ne pas aimer la musique de Bernstein, j'ai du mal à comprendre mais chacun ses goûts. Je suis juste surprise. Je trouve cette musique tellement riche, surprenante et chaque écoute (même sans les images) me laisse KO.
La version 1961 était déjà bien proprette et même peut-être un peu moins car les acteurs/chanteurs/danseurs étaient dégoûlinants de sueur.
J'attends toujours avec impatience le biopic sur Bernstein.
Et bien sûr j'ai adoré ce film comme celui de 1961 revu dans la foulée.

un film du "camp" hispanique

Martin a dit…

Ouais, ce n'est pas la musique que je préfère, même si elle est indissociable...
Chacun ses goûts, après tout, et je comprends bien que tu puisses vraiment a-do-rer !

Je reverrai le film de 1961 un jour ou l'autre. Pas eu envie d'enchaîner.
Mais parce que j'écoute ce que tu me dis, j'ai au moins corrigé ma coquille. Merci !

Strul a dit…

Ce n'est pas du tout une copie conforme de la version de Wise/Robbins de 1961 justement. J'avais relevé les différences entre les deux versions dans ma critique et l'interprétation un peu différente qu'elles permettent de donner aux deux films. Merci pour le lien vers mon texte d'ailleurs !

Martin a dit…

C'est parce qu'il n'y a pas de copie conforme que ton pseudo est altéré ?
Blague à part, pas de quoi pour le lien. Et il faut vraiment que j'en revienne aux sources !