Je ressens à chaque fois une fascination particulière pour les films produits par le cinéma français aux heures de la seconde guerre mondiale. Mis sur pellicule de juin à octobre 1943, Le ciel est à vous aurait reçu un bon accueil deux fois: la presse vichyste l'a soutenu avant qu'il fasse le bonheur des ciné-clubs de gauche à la Libération...
Connaissez-vous Maryse Bastié ? Hélène Boucher ? Jacqueline Auriol ? Toutes ces femmes sont citées comme des pionnières de l'aviation. Voler est aussi au programme de mon film, où un garagiste de talent doit quitter la maison dont il a été exproprié en vue de la construction d'un aérodrome. Or, il se trouve que Pierre Gauthier a aussi un passé militaire auprès de Guynemer, ce qui fait de lui un professionnel chevronné et... un inconscient pour sa femme. Les charmes aériens n'ont vraiment aucune prise sur Thérèse, à ce stade de la discussion ! Dans Le ciel est à vous, vous verrez bien vite que seuls les imbéciles conservent toujours la même opinion sur les choses. Pour un film sorti voilà presque 80 ans, le propos est d'une indéniable modernité. Étonnante et réjouissante, dirais-je: les surprises sont nombreuses...
Subtilement complémentaires, Madeleine Renaud et Charles Vanel convainquent sans aucune difficulté de la qualité de jeu de leur duo. Derrière eux, le scénario a aussi l'intelligence de laisser une place importante à toute une galerie de personnages secondaires dignes d'intérêt, d'où émergent par exemple une belle-mère envahissante (Raymonde Vernay) et un généreux prof de piano (Jean Debucourt). Sans aller jusqu'à flatter l'âme de la Résistance, Le ciel est à vous rend à sa manière hommage à ces petites gens qui ployaient alors sous le joug nazi - c'est même dès le début son intention annoncée. Toute ressemblance avec des personnes existantes n'est pas fortuite. Ce parallèle possible avec la terrible réalité de la France occupée donne au film une aura spéciale, même s'il est permis de le regarder au "premier degré", sans arrière-pensée belliciste et/ou patriotique. D'une certaine façon, c'est bien une oeuvre en avance sur son temps. La chance a fait qu'elle échappe aux ciseaux de la censure pétainiste !
Le ciel est à vous
Film français de Jean Grémillon (1944)
Le cinéma français de cette époque n'a pas toujours cette "coloration" positive. Je suis donc bien content d'avoir découvert cette référence d'un réalisateur encore méconnu - et sur grand écran, s'il vous plaît ! Cela dit, de ce même cinéaste, je préfère Gueule d'amour, qui date d'avant la guerre. Loin de ce réalisme poétique qui nous a donné tant de merveilles, j'ai également aimé Lumière d'été et Pattes blanches.
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Pas envie d'atterrir tout de suite ?
Je comprends - et vous suggère de vous poser vers "L'oeil sur l'écran".
Connaissez-vous Maryse Bastié ? Hélène Boucher ? Jacqueline Auriol ? Toutes ces femmes sont citées comme des pionnières de l'aviation. Voler est aussi au programme de mon film, où un garagiste de talent doit quitter la maison dont il a été exproprié en vue de la construction d'un aérodrome. Or, il se trouve que Pierre Gauthier a aussi un passé militaire auprès de Guynemer, ce qui fait de lui un professionnel chevronné et... un inconscient pour sa femme. Les charmes aériens n'ont vraiment aucune prise sur Thérèse, à ce stade de la discussion ! Dans Le ciel est à vous, vous verrez bien vite que seuls les imbéciles conservent toujours la même opinion sur les choses. Pour un film sorti voilà presque 80 ans, le propos est d'une indéniable modernité. Étonnante et réjouissante, dirais-je: les surprises sont nombreuses...
Subtilement complémentaires, Madeleine Renaud et Charles Vanel convainquent sans aucune difficulté de la qualité de jeu de leur duo. Derrière eux, le scénario a aussi l'intelligence de laisser une place importante à toute une galerie de personnages secondaires dignes d'intérêt, d'où émergent par exemple une belle-mère envahissante (Raymonde Vernay) et un généreux prof de piano (Jean Debucourt). Sans aller jusqu'à flatter l'âme de la Résistance, Le ciel est à vous rend à sa manière hommage à ces petites gens qui ployaient alors sous le joug nazi - c'est même dès le début son intention annoncée. Toute ressemblance avec des personnes existantes n'est pas fortuite. Ce parallèle possible avec la terrible réalité de la France occupée donne au film une aura spéciale, même s'il est permis de le regarder au "premier degré", sans arrière-pensée belliciste et/ou patriotique. D'une certaine façon, c'est bien une oeuvre en avance sur son temps. La chance a fait qu'elle échappe aux ciseaux de la censure pétainiste !
Le ciel est à vous
Film français de Jean Grémillon (1944)
Le cinéma français de cette époque n'a pas toujours cette "coloration" positive. Je suis donc bien content d'avoir découvert cette référence d'un réalisateur encore méconnu - et sur grand écran, s'il vous plaît ! Cela dit, de ce même cinéaste, je préfère Gueule d'amour, qui date d'avant la guerre. Loin de ce réalisme poétique qui nous a donné tant de merveilles, j'ai également aimé Lumière d'été et Pattes blanches.
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Pas envie d'atterrir tout de suite ?
Je comprends - et vous suggère de vous poser vers "L'oeil sur l'écran".
6 commentaires:
Bertrand Tavernier avait fait de Gremillon l'un de ses « cinéastes de chevet « avec Becker et Ophuls. Cinéastes vers lesquels il se retournait pour, disait-il , se réchauffer le cœur...
Une référence donc....., à voir « Remorques » avec le couple Gabin/Morgan adapté d'un roman de Roger Vercel auteur également de « Capitaine Conan » ….tiens tiens ….
Découvert complètement par hasard un soir sur un ciné club, il me semble. J'ai accroché immédiatement, ma "folie du N&B" étant passée par là. :)
Sinon, il est bien dommage que les figures féminines aient souvent été oubliées (volontairement) de l'Histoire... Heureusement que le cinéma est là !
@CC Rider:
Combien en avait-il, des réalisateurs de chevet, le Tatave ?
Blague à part, Jean Grémillon est un excellent choix et gagne à être connu.
Pour "Remorques", je vais attendre un peu, mais il est... sur ma liste de chevet.
@Ideyvonne:
Pour le coup, tu peux dire que le hasard a bien fait la chose.
Et la folie du noir et blanc trouve effectivement ici un théâtre d'expression idéal !
Tout à fait d'accord sur les figures féminines. C'est vrai aussi pour les actrices, dans une moindre mesure.
Je ne raffole pas de Grémillon en général mais celui-ci me fait de l'aile. Vanel et Renaud, il n'en faut pas plus pour me faire décoller d'enthousiasme.
Alors, bon vol ! Effectivement, tu peux ici l'effectuer en aimable compagnie !
Grémillon s'inscrit bien dans son époque, je trouve. Je le juge au moins aussi intéressant qu'un Renoir ou un Carné. Ma préférence parmi ses films que je connais va à "Gueule d'amour".
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