Cela peut surprendre: c'est avec l'aide d'une société de production allemande et de techniciens recrutés outre-Rhin que Jean Grémillon parvint à réaliser Gueule d'amour, film sorti en 1937. Les historiens du cinéma assurent que Jean Gabin a initié ce projet d'adaptation d'un roman signé André Beucler. Et ajoutent qu'il le regretta ensuite...
D'après ce que j'ai lu sur le site DVD Classik, l'acteur aurait été gêné d'exprimer une vulnérabilité pourtant proche de sa personnalité réelle. Désolé pour lui: dans ce registre inhabituel, je l'ai trouvé excellent ! Le titre du film est aussi le surnom donné à son personnage. Soldat de l'armée coloniale, le très charismatique Lucien Bourrache possède une telle aura auprès des dames qu'il paraît blasé de ses conquêtes féminines. Pourtant, un soir de permission, c'est lui qui entame le jeu de la séduction auprès d'une dénommée Madeleine Courtois. La belle accepte de passer la soirée avec lui... et c'est presque trop facile. Illusion trompeuse, en effet: le pseudo-conte de fées tourne court quand, raccompagnée chez elle, l'improbable Cendrillon claque la porte au nez du Prince charmant. Lequel s'accroche néanmoins et refuse d'abandonner son doux rêve d'une vie à deux, une fois démobilisé. Inutile que je dise ce qui se passe alors: vous pourriez m'en vouloir...
Une chose est sûre: le duo Jean Gabin / Mireille Balin est impeccable. Pour être honnête, je dois vous dire que je découvre cette actrice d'avant-guerre, qui eut la mauvaise idée d'entretenir une liaison amoureuse avec un Autrichien dans les années 40 et dont la carrière fut brisée à la Libération (il n'est pas exclu que j'en reparle un jour). Bien... je ne veux pas résumer Gueule d'amour à l'indéniable talent de ses deux interprètes principaux: ce serait particulièrement injuste pour le reste de la distribution et notamment pour René Lefèvre. Parfait dans le second rôle masculin, il emmène le récit sur sa pente tragique, avec juste ce qu'il faut d'ambiguïté pour garder une part d'ombre. D'un point de vue formel, tout cela m'a paru encore magnifié par quelques plans obliques très bien construits et la splendide photo noir et blanc du maître allemand Günther Rittau. Un émerveillement ! C'est bien simple: je ne vois rien pour tempérer mon enthousiasme. Tout cela devrait me motiver à me tourner toujours plus ouvertement vers le cinéma de cette époque lointaine. J'ai tellement à découvrir...
Gueule d'amour
Film français de Jean Grémillon (1937)
J'ai découvert ce cinéaste en début d'année et j'en suis donc ravi ! L'index des réalisateurs vous orientera vers deux autres de ses films. Passée cette "mini-rétrospective", vous serez peut-être intéressés par une petite comparaison avec d'autres longs-métrages: je pense notamment à Le jour se lève (avec Jean Gabin toujours). Le cinéma des années 30 est encore trop peu présent sur ce blog. Ça changera...
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D'ici là, vous voulez en savoir plus ?
Deux options (au moins) s'offrent à vous: aller lire la chronique de Lui ou plutôt retenir celle de Strum. Le mieux serait... de faire les deux !
Une chose est sûre: le duo Jean Gabin / Mireille Balin est impeccable. Pour être honnête, je dois vous dire que je découvre cette actrice d'avant-guerre, qui eut la mauvaise idée d'entretenir une liaison amoureuse avec un Autrichien dans les années 40 et dont la carrière fut brisée à la Libération (il n'est pas exclu que j'en reparle un jour). Bien... je ne veux pas résumer Gueule d'amour à l'indéniable talent de ses deux interprètes principaux: ce serait particulièrement injuste pour le reste de la distribution et notamment pour René Lefèvre. Parfait dans le second rôle masculin, il emmène le récit sur sa pente tragique, avec juste ce qu'il faut d'ambiguïté pour garder une part d'ombre. D'un point de vue formel, tout cela m'a paru encore magnifié par quelques plans obliques très bien construits et la splendide photo noir et blanc du maître allemand Günther Rittau. Un émerveillement ! C'est bien simple: je ne vois rien pour tempérer mon enthousiasme. Tout cela devrait me motiver à me tourner toujours plus ouvertement vers le cinéma de cette époque lointaine. J'ai tellement à découvrir...
Gueule d'amour
Film français de Jean Grémillon (1937)
J'ai découvert ce cinéaste en début d'année et j'en suis donc ravi ! L'index des réalisateurs vous orientera vers deux autres de ses films. Passée cette "mini-rétrospective", vous serez peut-être intéressés par une petite comparaison avec d'autres longs-métrages: je pense notamment à Le jour se lève (avec Jean Gabin toujours). Le cinéma des années 30 est encore trop peu présent sur ce blog. Ça changera...
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D'ici là, vous voulez en savoir plus ?
Deux options (au moins) s'offrent à vous: aller lire la chronique de Lui ou plutôt retenir celle de Strum. Le mieux serait... de faire les deux !
8 commentaires:
Jean Gabin / Mireille Balin , même couple donc que dans Pépé le Moko de Julien Duvivier. Je n'ai vu que Daïnah la métisse (mon billet paraîtra dans quelques jours) du réalisateur Jean Grémillon. Mais je compte bien ne pas en rester là, car je l'ai trouvé très prometteur, aussi mutilé soit-il. Et tu sembles bien content d'avoir vu ce film, ce qui m'encourage à poursuivre ma découverte !
Exactement... et c'est pour cela que j'espère voir le Duvivier aussi !
Jean Grémillon est pour moi une découverte récente, puisque remontant à janvier cette année.
Content de t'encourager à poursuivre avec lui ! C'est ce que j'espère pouvoir faire également.
Aaaaah le prestige de l'uniforme.
Moins bien quand on se transforme en ouvrier d'imprimerie.
Qu'il était beau Jeannot. Comment a til pu si vite se transformer en papy ?
Je ne me souviens plus qui tue qui...
Merci de ne pas trop en révéler sur le film, Pascale !
Qu'est-ce qui a fait vieillir le bon Gabin à vitesse grand V ? La guerre, disait-il.
Merci pour ce beau billet, Martin : il m'a permis de découvrir le destin (tragique) de Mireille Balin. Quelle vie que la sienne !
Merci à toi, Laurent, pour ce commentaire. Je suis heureux de t'avoir intéressé. Cela renforce mon envie d'écrire une chronique sur Mireille Balin et d'autres qui ont subi des avanies comparables. Je le ferai sûrement... un jour.
En attendant, si tu n'as pas vu "Gueule d'amour", je n'ai qu'un mot à ajouter: fonce !
Merci pour le lien Martin. Un bien beau film de Grémillon en effet, même si le portrait de la femme que fait le film est, disons, d'époque.
D'époque ? Tu trouves ? Elle a tout de même de l'audace, cette courtisane.
Nous sommes d'accord sur la grande qualité du film. Jean Grémillon entre dans mes références.
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