Irai-je un jour en Afrique subsaharienne ? Ce que je sais du continent se limite pour l'heure à quelques bribes d'actualité et aux rares films africains que je peux découvrir - deux ou trois par année, en général. Cette curiosité m'a entraîné vers Lingui - Les liens sacrés. L'occasion d'un peu mieux connaître le cinéaste tchadien Mahamat-Saleh Haroun.
Il semble que ce bel auteur vive aujourd'hui en France et retourne régulièrement au pays pour tourner. Les trois films que je lui connais parlent tous de la famille, loin de l'image de communauté soudée régulièrement évoquée lorsqu'en Europe, on s'intéresse aux sociétés africaines. Cette fois, la caméra se pose sur un tandem mère-fille. Amina était très jeune lorsque Maria est née. Le père l'a quittée. Seule, elle doit donc travailler dur pour élever (et envoyer à l'école) celle qui a 15 ans, désormais. Mais Maria est enceinte, à son tour ! Quand elle le confirme à sa mère, elle lui dit également son intention d'avorter - ce qui est de fait rigoureusement interdit, par la religion comme par la loi du pays, et réveille en Amina de mauvais souvenirs. Lingui n'a cependant rien d'un film simpliste sur une situation complexe. S'il s'agit bien d'un regard d'homme, il s'avère bienveillant pour ces femmes placées sous de lourdes contraintes ! Euphémisme...
Je ne crois pas qu'il soit indispensable de connaître les réalités tchadiennes avant d'apprécier ce long-métrage sensible et intelligent. Attention: la vision "classique" du happy end n'est pas de mise ici. Concrètement, la réconciliation est envisageable, mais le prix à payer reste élevé et, malgré la révolte adolescente, j'ai eu le sentiment qu'au final, rien d'important n'avait changé (et ne changerait jamais). Allez... ce n'est pas tout à fait aussi désespérant, à la réflexion. J'ignore s'il a été ou sera diffusé en Afrique, mais le film a ce mérite d'aborder le droit des femmes à disposer de leurs corps et de le faire joliment, dans une mise en scène à la fois intimiste et grandiose. Certaines séquences dans N’Djamena, la capitale du Tchad, donnent l'impression d'une fourmilière où il est bien difficile de se retrouver. Cela sert admirablement le propos, qui dit toute la difficulté d'échapper à un cocon dès lors qu'il a perdu son caractère protecteur. Sans bruit, voilà de quoi rendre heureux d'être un homme, en France ! Cela ne veut pas dire que Lingui devrait déplaire aux autres publics...
Lingui - Les liens sacrés
Film tchadien de Mahamat-Saleh Haroun (2021)
Assez fraîchement accueilli, ce neuvième opus de MSH mérite mieux. Qu'il soit revenu bredouille du dernier Festival de Cannes en juillet devrait n'avoir aucune incidence sur votre choix de le voir (ou non). Cela dit, un aveu: du même auteur, j'ai préféré Abouna, découvert au cours du même mois et sorti un peu plus discrètement, en 2002. Vous aimez ? Lamb et Wallay pourraient donc bien vous plaire aussi !
Il semble que ce bel auteur vive aujourd'hui en France et retourne régulièrement au pays pour tourner. Les trois films que je lui connais parlent tous de la famille, loin de l'image de communauté soudée régulièrement évoquée lorsqu'en Europe, on s'intéresse aux sociétés africaines. Cette fois, la caméra se pose sur un tandem mère-fille. Amina était très jeune lorsque Maria est née. Le père l'a quittée. Seule, elle doit donc travailler dur pour élever (et envoyer à l'école) celle qui a 15 ans, désormais. Mais Maria est enceinte, à son tour ! Quand elle le confirme à sa mère, elle lui dit également son intention d'avorter - ce qui est de fait rigoureusement interdit, par la religion comme par la loi du pays, et réveille en Amina de mauvais souvenirs. Lingui n'a cependant rien d'un film simpliste sur une situation complexe. S'il s'agit bien d'un regard d'homme, il s'avère bienveillant pour ces femmes placées sous de lourdes contraintes ! Euphémisme...
Je ne crois pas qu'il soit indispensable de connaître les réalités tchadiennes avant d'apprécier ce long-métrage sensible et intelligent. Attention: la vision "classique" du happy end n'est pas de mise ici. Concrètement, la réconciliation est envisageable, mais le prix à payer reste élevé et, malgré la révolte adolescente, j'ai eu le sentiment qu'au final, rien d'important n'avait changé (et ne changerait jamais). Allez... ce n'est pas tout à fait aussi désespérant, à la réflexion. J'ignore s'il a été ou sera diffusé en Afrique, mais le film a ce mérite d'aborder le droit des femmes à disposer de leurs corps et de le faire joliment, dans une mise en scène à la fois intimiste et grandiose. Certaines séquences dans N’Djamena, la capitale du Tchad, donnent l'impression d'une fourmilière où il est bien difficile de se retrouver. Cela sert admirablement le propos, qui dit toute la difficulté d'échapper à un cocon dès lors qu'il a perdu son caractère protecteur. Sans bruit, voilà de quoi rendre heureux d'être un homme, en France ! Cela ne veut pas dire que Lingui devrait déplaire aux autres publics...
Lingui - Les liens sacrés
Film tchadien de Mahamat-Saleh Haroun (2021)
Assez fraîchement accueilli, ce neuvième opus de MSH mérite mieux. Qu'il soit revenu bredouille du dernier Festival de Cannes en juillet devrait n'avoir aucune incidence sur votre choix de le voir (ou non). Cela dit, un aveu: du même auteur, j'ai préféré Abouna, découvert au cours du même mois et sorti un peu plus discrètement, en 2002. Vous aimez ? Lamb et Wallay pourraient donc bien vous plaire aussi !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire