lundi 13 décembre 2021

Doutes... et profits ?

Je crois que j'en ai déjà parlé ici: j'éprouve une certaine fascination pour la justice criminelle. Devoir juger une personne pour un meurtre doit être très difficile. Je l'imagine après avoir suivi quelques procès dans des affaires moins graves (encore que...). Une intime conviction pour acquitter ou condamner ? C'est d'abord une lourde responsabilité.

Je vous fais part de cela après avoir vu Acusada, un puissant film argentin tournant précisément autour de ces questions. Une fiction dont le personnage principal est Dolores, 21 ans, étudiante accusée d'avoir tué celle qui, aux yeux de beaucoup, était sa meilleure amie...

C'est lentement que le scénario va lever le voile sur les circonstances de ce drame scabreux: les "détails" sont dévoilés au compte-gouttes et le spectateur n'a d'autre solution que de se faire sa propre opinion. Or, Dolores restant constamment au centre du récit, il est difficile d'endosser le parti de la victime. Plus encore, de connaître la vérité devant une accusée tourmentée et peu loquace ! Je comprends bien que cela frustre certain(e)s d'entre vous de ne pas savoir le fin mot de l'histoire, mais à mes yeux, l'intérêt du film est ailleurs, à savoir dans la réflexion qu'il apporte sur le doute, justement, mais aussi dans sa démonstration de la violence d'un procès pour la personne poursuivie. J'ignore comment la loi argentine envisage la présomption d'innocence, mais Acusada m'a bien conforté dans l'idée qu'il doit être très douloureux de n'avoir rien fait et de comparaître devant une cour d'assises. Je ne reprocherai dès lors pas au film ses petits défauts, facilités et effets sonores très appuyés: rien de cela ne m'a dérangé. Bilan: je le recommande vivement aux amateurs du genre. Au moins !

Acusada
Film argentin de Gonzalo Tobal (2018)

Une claque ? Peut-être pas, mais un film pertinent sur un sujet difficile, où la question de la vérité est bien évidemment centrale. Entre prétoires, rues et réseaux sociaux, diverses versions coexistent jusqu'au bout (comme la rumeur d'un puma... étonnante parabole !). Sur un sujet proche ou connexe, je conseille plusieurs films anciens de France: Le 7ème juré, L'honneur d'un capitaine et Le corbeau...

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Vous en voulez encore ?

Sachez que le film a aussi un remake français: La fille au bracelet. Sorti en février 2020 et innovant, dit-on. J'espère le voir pour juger !

Cela ne vous suffit toujours pas ?
J'imagine qu'il vous faut d'autres pièces pour un verdict de clémence. OK: je vous laisse le soin de fouiller les archives de Pascale et Dasola.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Elle était très opaque cette jeune fille mais je crois avoir préféré cette version que le remake français.
C'est souvent intéressant ces enquêtes et ces procès.
J'ai été 1er juré dans un procès criminel en 2010. Stupeur et tremblements. Mais l'affaire était "simple" : viol, torture et barbarie sur 5 enfants présents dans la salle (ils étaient devenenus ados entre temps) devant leur bourreau.
Ça n'a duré qu'une journée car c'est précisément le jour où nous avons appris la maladie de Mouche. J'ai donc demandé d'être relevée de mes fonctions. Pas simple, il a fallu prouver la maladie...
Je ne suis pas mécontente d'avoir échappé à ça. Rien que la 1ère journée où la lecture des faits a duré plusieurs heures était insoutenable.
Je ne doute pas que ce genre d'expérience soit passionnante et inoubliable mais peut-être traumatisante aussi. Condamner la pourriture dans le box n'aurait pas dû être difficile mais je crois que je suis contente d'avoir échappé à ça.

Martin a dit…

Premier juré ? Il y a un classement ? Je l'ignorais...
Je peux tout à fait comprendre qu'on préfère échapper à cela. Surtout dans ton cas !

Pour en revenir au film, je pense que je vais quand même regarder la "version française". Au moins pour Anaïs.