lundi 3 mai 2021

En quête de vérité

Sur Mille et une bobines, un serial killer peut en cacher un autre. Souvenez-vous: mercredi dernier, j'ai évoqué un assassin de fiction. Celui d'aujourd'hui est plus terrifiant encore, car il existe réellement. Je vous laisse lire Wikipédia pour retrouver les détails du parcours criminel de Guy Georges, violeur et tueur pulsionnel des années 90s...

J'ai hésité avant de regarder L'affaire SK1, le film qui fait du monstre un personnage de cinéma. Coïncidence: je l'ai regardé vingt ans jour pour jour après que Georges a été condamné à la prison à perpétuité. De mon point de vue, j'ai alors trouvé que ce très fin long-métrage parvenait à se tenir à distance de la posture racoleuse ou voyeuriste que certains médias s'autorisent à adopter face à de tels dossiers. Cela veut dire qu'avant tout, j'ai d'abord vu un film... sur la police. Nous suivons le parcours (de huit longues années) d'un jeune flic chargé d'enquêter sur un crime non résolu et qui, petit à petit, découvre des points communs entre ce cas et d'autres survenus pendant ses investigations. Une partie des moyens mis à disposition des forces de l'ordre n'existait pas à l'époque: c'était plus compliqué. Le scénario est très riche: il nous montre aussi les loupés des services et, plus inquiétant, la concurrence des équipes policières entre elles. L'humanité dans ce qu'elle a de noble, d'ordinaire et de calamiteux. Une bonne surprise, vu que je m'attendais à un propos plus univoque !

Même le montage est une belle réussite: on retrouve une imagerie familière autour des locaux du 36, quai des Orfèvres, et on accède également au prétoire d'une cour d'assises et au cabinet des avocats chargés de la défense de Georges. L'extrême sauvagerie des faits n'est pas occultée, mais le regard du réalisateur diffère sensiblement de celui du procureur: j'ai trouvé tout à fait intéressant et intelligent d'évoquer ce que peut représenter le fait de plaider pour un criminel de cette nature - et ce d'autant qu'il a longtemps nié sa culpabilité. Bref... L'affaire SK1 est donc une oeuvre complexe et plus équilibrée qu'on ne pourrait le craindre. Elle est de plus portée par des acteurs talentueux et investis, à l'image de Raphaël Personnaz dans le rôle principal. Avec lui: Nathalie Baye, Olivier Gourmet, Michel Vuillermoz, Thierry Neuvic, Marianne Denicourt, Christa Theret... et j'en passe. N'oublions pas Adama Niane, remarquable meurtrier de composition. Le film est passé un peu inaperçu: il est sorti le 7 janvier 2015, jour de l'attentat contre Charlie Hebdo. Il mériterait une seconde chance...

L'affaire SK1
Film français de Frédéric Tellier (2015)

Le premier long-métrage du réalisateur ! Bon... il avait déjà bossé pour la télé - du côté des téléfilms et des séries. Une expérience profitable, donc, pour une arrivée convaincante sur les grands écrans. On a comparé cet opus avec le L. 627 de Bertrand Tavernier (1992). Moi, j'ai repensé à l'aspect jugé réaliste de Scènes de crimes (2000). En comparaison, l'histoire "vraie" Possessions paraît plutôt faiblarde !

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Il suffit de cliquer: vous en trouverez chez Pascale, Dasola et Laurent.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Un film assez remarquable dans sa description et admirablement interprété.
A noter que SK1 signifie : Serial Killer numéro 1 et que cette affaire est à l'origine de la création du fichier ADN.
Et bravo pour le courage de Adama qui interprète cette ordure.

Pascale a dit…

Cela dit la vie ou plutôt l'enfance (si je me souviens bien) de Guy George est un chemin de croix.
Cette remarque ne justifie absolument pas ce qu'il est devenu évidemment.

Martin a dit…

@Pascale:

Je vois que nous sommes d'accord sur les qualités du film, notamment côté interprétation.
Franchement, pour un premier film, ça m'a bluffé: c'est à la fois complet, me semble-t-il, et fluide.

Oui, Adama Niane a eu du courage. Et du talent pour se faire oublier derrière son personnage !

Martin a dit…

@Pascale 2:

Ce que Guy Georges a pu subir ne saurait effectivement justifier ses actes.
Peut-être, cela dit, que cela peut en partie les expliquer. Débat sensible...

J'ai apprécié ce film justement parce qu'à mes yeux, il ne juge pas, mais relate. Et invite à la réflexion.