J'ai calculé: avec 21 films français, 19 américains et 18 d'autres pays vus et chroniqués en 2021, je colle à peu près à ma "règle" des tiers. J'aime découvrir le monde par le cinéma, mais il peut aussi arriver qu'il me surprenne à partir de lieux a priori familiers. Une impression ressentie il y a peu devant cet étonnant Les bêtes du Sud sauvage...
Caméra d'or au Festival de Cannes 2012, ce long-métrage se déroule en Louisiane et plus exactement dans le Bassin, un lieu (imaginaire ?) où de pauvres gens subsistent dans de vagues cabanes délabrées. L'héroïne du film, Hushpuppy, vit seule avec un père au caractère changeant, à la fois protecteur et violent. Elle n'a encore que 6 ans. Sa mère a disparu ! C'est dans ce contexte social et familial difficile que la gamine doit affronter une tempête que le spectateur attentif aura sûrement tôt fait de rapprocher de l'ouragan Katrina. On notera que les éléments déchaînés risquent ainsi d'avoir pour conséquence fâcheuse... de libérer de la glace des créatures préhistoriques congelées et présentées comme plus dangereuses encore: les aurochs. Entre description d'une réalité crue et saillies poétiques d'un conte pour les enfants, Les bêtes du Sud sauvage atténue les contrastes. Le scénario avance sur un fil et s'efforce de conserver son équilibre...
D'après moi, le pari est gagné, au moins sur le plan de l'originalité. Bien qu'assez tapageur parfois et discutable quant à certains choix narratifs, le long-métrage ne ressemble pas à grand-chose d'identifié au coeur du très vaste ensemble du cinéma américain contemporain. Bien sûr, pour que cela nous touche, il faut s'attacher à Hushpuppy. C'est là que je peux concéder un bémol: le film poursuit la petite fille partout où elle va, mais c'est parfois au détriment des personnages secondaires. Une légère faille dans l'écriture pour Les bêtes du Sud sauvage, pourtant adapté d'une pièce de théâtre, Juicy and Delicious, dont l'autrice - Lucy Alibar - est aussi créditée comme coscénariste. C'est en recherchant des infos sur cette matière première littéraire que j'ai appris qu'au départ, Hushpuppy s'incarnait en jeune garçon. J'ai mieux compris qu'à l'écran, son père fictif l'appelle parfois Boy. Cela dit, à tort ou à raison, je ne crois pas qu'il faille voir un message derrière ce choix: au masculin, le propos serait sans doute le même. Vous avez bien sûr le droit de penser le contraire. À vous d'en juger...
Les bêtes du Sud sauvage
Film américain de Benh Zeitlin (2012)
Le mélange ici entre le monde réel et un univers fantasmagorique emmène le film vers un horizon imprévu: je l'ai bien aimé pour cela. On n'est pas forcément loin des inspirations d'un certain Miyazaki. L'Amérique pauvre, elle, fait l'objet de nombreux films indépendants où la "vraie vie" peut parfois affleurer: The rider en est un exemple. Sur les oubliés du rêve américain, Mud et Certaines femmes brillent !
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De fait, tout le monde ne partage pas mon avis...
Vous pourrez voir que Pascale et Sentinelle sont moins enthousiastes.
Caméra d'or au Festival de Cannes 2012, ce long-métrage se déroule en Louisiane et plus exactement dans le Bassin, un lieu (imaginaire ?) où de pauvres gens subsistent dans de vagues cabanes délabrées. L'héroïne du film, Hushpuppy, vit seule avec un père au caractère changeant, à la fois protecteur et violent. Elle n'a encore que 6 ans. Sa mère a disparu ! C'est dans ce contexte social et familial difficile que la gamine doit affronter une tempête que le spectateur attentif aura sûrement tôt fait de rapprocher de l'ouragan Katrina. On notera que les éléments déchaînés risquent ainsi d'avoir pour conséquence fâcheuse... de libérer de la glace des créatures préhistoriques congelées et présentées comme plus dangereuses encore: les aurochs. Entre description d'une réalité crue et saillies poétiques d'un conte pour les enfants, Les bêtes du Sud sauvage atténue les contrastes. Le scénario avance sur un fil et s'efforce de conserver son équilibre...
D'après moi, le pari est gagné, au moins sur le plan de l'originalité. Bien qu'assez tapageur parfois et discutable quant à certains choix narratifs, le long-métrage ne ressemble pas à grand-chose d'identifié au coeur du très vaste ensemble du cinéma américain contemporain. Bien sûr, pour que cela nous touche, il faut s'attacher à Hushpuppy. C'est là que je peux concéder un bémol: le film poursuit la petite fille partout où elle va, mais c'est parfois au détriment des personnages secondaires. Une légère faille dans l'écriture pour Les bêtes du Sud sauvage, pourtant adapté d'une pièce de théâtre, Juicy and Delicious, dont l'autrice - Lucy Alibar - est aussi créditée comme coscénariste. C'est en recherchant des infos sur cette matière première littéraire que j'ai appris qu'au départ, Hushpuppy s'incarnait en jeune garçon. J'ai mieux compris qu'à l'écran, son père fictif l'appelle parfois Boy. Cela dit, à tort ou à raison, je ne crois pas qu'il faille voir un message derrière ce choix: au masculin, le propos serait sans doute le même. Vous avez bien sûr le droit de penser le contraire. À vous d'en juger...
Les bêtes du Sud sauvage
Film américain de Benh Zeitlin (2012)
Le mélange ici entre le monde réel et un univers fantasmagorique emmène le film vers un horizon imprévu: je l'ai bien aimé pour cela. On n'est pas forcément loin des inspirations d'un certain Miyazaki. L'Amérique pauvre, elle, fait l'objet de nombreux films indépendants où la "vraie vie" peut parfois affleurer: The rider en est un exemple. Sur les oubliés du rêve américain, Mud et Certaines femmes brillent !
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De fait, tout le monde ne partage pas mon avis...
Vous pourrez voir que Pascale et Sentinelle sont moins enthousiastes.
2 commentaires:
Je n'avais pas aimé le chantage affectif et cette obstination à faire souffrir cette petite fille. Une épreuve.
Je n'ai pas vu de chantage affectif, pour ma part. Ni de petite fille en souffrance permanente. Mais c'est vrai que ce n'est pas un film tendre avec sa jeune héroïne...
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