jeudi 12 novembre 2020

Missionnaire

Ma fibre francophone n'y change rien: je connais mal les Québécois. Et l'histoire du Canada français ? Pensez donc: je suis largué à 200% ! Pour autant, je n'ai pas hésité longtemps avant de choisir Robe Noire pour une soirée plateau-télé. Méconnu, le film est récemment passé sur Arte. La petite chaîne franco-allemande me surprendra toujours...

Inspiré d'une histoire vraie, Robe Noire raconte l'histoire d'un Jésuite parti de France dans l'idée d'évangéliser les "sauvages" amérindiens. Sommairement, à l'époque du film (1634), nos compatriotes établis outre-Atlantique commercent avec les Algonquins et ont une relation pacifique avec les Hurons. Les Iroquois, eux, sont moins accueillants et mènent même une véritable guerre. C'est dans ce contexte tendu que, pour fortifier les alliances avec les autochtones, le père Laforgue est chargé d'apporter la bonne parole à quelque peuplade lointaine. Placé sous bonne escorte, l'ecclésiastique se met dès lors en route pour parcourir plus de 2.400 km, dans l'espoir de rejoindre des frères partis avant lui lire les Saintes Écritures aux hommes du Grand Nord. Contempler ces blanches contrées depuis un canapé est un vrai régal !

Je ne pense pas vous surprendre si je vous parle d'un environnement franchement inhospitalier: en ce temps-là, je suis bien sûr convaincu qu'il fallait avoir du cran (ou la foi !) pour l'affronter. Mais Robe Noire ne fait pas de son personnage principal un héros: Laforgue est d'abord et avant tout un homme déterminé, en outre persuadé du bien-fondé de sa mission - même s'il doute parfois de sa... légitimité, disons. Ainsi que j'ai pu le lire après coup, le long-métrage a l'intelligence d'être nuancé: il ne laisse aucune place au prosélytisme de bas étage. Je vous le confesse: j'avais initialement opté pour la V.O. en langue anglaise, avant de me rabattre sur le doublage en français par souci d'authenticité. Mon bilan sur ce point précis serait mitigé, mais le jeu des acteurs est assez solide pour que je fasse preuve d'indulgence. Vous en avez vu d'autres, des films qui parlent de la Nouvelle France en Amérique ? Moi, je crois que c'était mon premier ! Un choix malin !

Robe Noire
Film (australo-)canadien de Bruce Beresford (1991)
Le sujet peut paraître austère, mais le résultat est plutôt probant. Dans un cadre contemporain, le rôle de ministres du culte sur un sol étranger est aussi le sujet du superbe Des hommes et des dieux. Notez que Silence restera ma référence pour les missions anciennes. Et aussi que mon film d'aujourd'hui a quelque chose qui le rapproche d'un chef d'oeuvre sorti moins d'un an plus tôt: Danse avec les loups !

4 commentaires:

Pascale a dit…

et mènent même : ce n'est pas facile à prononcer 😊
Ce film m'a complètement échappé. Mais hier j'ai aussi opté pour les blanches étendues hostiles en revoyant The revenant. Il y a même quelques autochtones qui parlent français avec un fort accent québécois. Ça fait 2 points communs avec ton film.

Martin a dit…

C'est vrai, mais on n'est pas à la radio !

J'avais bien aimé "The revenant", sauf les bondieuseries. Souvenir mitigé.
Cela dit, j'ai toute conscience que c'est un grand film de TON Léo enfin oscarisé.

Pascale a dit…

Oui mais j'articule dans ma tête.

Ah ah ah, question bondieuseries, toi qui aimes tant... mince ma mémoire... le machin de Scorsese avec l'horrible... j'ai aussi oublié son nom !
Je dois consulter tu crois ?

Martin a dit…

C'est exactement ce que je pensais. Mais c'est ta voix, du coup, non ?

"Silence" avec Andrew Garfield ? La spiritualité est le thème du film !
Idem dans ce "Robe Noire", d'ailleurs. Pour moi, "The revenant", c'est autre chose.