mercredi 17 juin 2020

Un autre enfant gâté

Je ne m'attendais pas à trouver un point commun entre le film présenté lundi et celui que j'évoquerai aujourd'hui: tout est déjà dit dans mon titre. Tout ? Non ! Je vous rassure: Le jouet m'inspire assez pour que j'en tire une chronique sous la forme habituelle. L'approche de l'été titille d'autres envies, mais j'en reparlerai plus tard... ou pas !

Le jouet est le tout premier film écrit et réalisé par Francis Veber. Son producteur est également son acteur principal: Pierre Richard. Celui qui traîne la fâcheuse réputation d'être un gaffeur en série incarne ici un journaliste tout juste sorti d'une lonnnnnnngue période de chômage. Ses premiers reportages le conduisent en service commandé pour des articles destinés... à faire mousser son patron. C'est pendant l'une de ces pseudo-enquêtes, dans un grand magasin de joujoux, que notre homme croise "Monsieur Eric", le fils du boss. Ce dernier, à qui l'on ne refuse rien, célèbre son anniversaire et exige que le reporter soit son cadeau. Personne ne contrariera ce caprice...

Drôle de film, en vérité ! Ce qui pouvait donner lieu à une comédie potache sur l'enfant-roi devient assez vite autre chose. Il est évident que Pierre Richard, qui avait déjà une belle expérience derrière lui avant ce film, sait aussi parfaitement jouer les (grands) enfants. Vous verrez comment il transforme son très jeune bourreau en allié dans sa lutte pour la liberté - et inversement ! Certes, le ton du film n'est jamais corrosif, mais les adultes pourront sûrement y déceler une charge contre les grands propriétaires de journaux, plus habiles dans la défense de leurs intérêts que dans la sauvegarde d'une ligne éditoriale indépendante. Le jouet donne au passage un superbe rôle de très sale type à Michel Bouquet, qui apporte à son personnage l'insoutenable et délicieuse froideur nécessaire pour être crédible. Réaliste ? D'après certaines sources, ce détestable Rambal-Cochet serait entre autres inspiré de Marcel Dassault, qui licencia un jour l'un de ses employés au motif qu'il avait les mains moites. Son fils Serge occupa longtemps les commandes du Figaro ! La boucle est bouclée...

Le jouet
Film français de Francis Veber (1976)

Je le répète: ce film est une bonne occasion de voir Pierre Richard dans un rôle un peu démarqué des Pierrot lunaires qu'il interprète habituellement (cf. Le grand blond..., lui aussi scénarisé par Veber). Cet aspect des choses rend son interprétation des plus intéressantes. Vous aimez l'acteur ? La course à l'échalote reste un classique sympa. Récemment, il y a Paris pieds nus, La ch'tite famille et Mme Mills...

8 commentaires:

Strum a dit…

Je n'aurai qu'un mot : vive Pierre Richard !

Pascale a dit…

Ce film est formidable et en effet pas la farce à laquelle on pouvait s'attendre.
Bouquet est quand même touchant dans son impossibilité de rien refuser au petit tyran... lequel tente tout pour attirer l'attention de son père jusqu'à réclamer un être humain comme jouet. Qu'il obtient.
Pierre Richard est merveilleux.

Martin a dit…

@Strum:

Je n'aurais pas mieux dit. Mais je note que ça fait trois mots...

Martin a dit…

@Pascale:

Ouais, c'est vraiment un film d'une rare (im)pertinence ! J'ai kiffé !

Michel, touchant ? Oui, par moments, mais ça reste un sale type, dans le fond.
Pierre... tu as tout dit. Merveilleux, c'est le mot, et ce film fait mieux que le confirmer.

cc rider a dit…

A l'instar de Pagnol qui écrivit un soir sur les murs de la loge du grand Jules "Monsieur Raimu est un génie" Veber aurait pu faire de même à l'adresse de Pierre Richard qui le poussa à la réalisation et lui donna ses plus beaux succès...Il semble qu'il n'en fut rien et que les relations entre les deux hommes étant aujourd'hui ce qu'elles sont, cet hommage ne verra jamais le jour. Reste celui du public, et de tous ceux qui ont su au de là du clown lunaire décrypter toute l'étendu de son talent et de sa sensibilité …..

Martin a dit…

Je ne savais rien du rapport Veber / Richard et de son évolution lorsque j'ai écrit cette chronique. J'ai envie de dire "tant mieux", parce que j'ai regardé le film d'un oeil neutre... et vraiment apprécié la prestation du clown lunaire dont vous parlez si justement. Le reste m'intéresse sur le plan humain, mais moins en arrière-plan de ma modeste analyse filmique...

Merci cependant pour votre commentaire, CC Rider ! J'apprends toujours beaucoup avec vous.

Vincent a dit…

A l'époque, ce qui m'avait frappé, c'étaient les grandes figures de super héros américains dans la chambre du gamin. c'était la première fois que je voyais ça au cinéma, et ils étaient bien moins connus qu'aujourd'hui. Le film a bien vieillit.

Martin a dit…

Ah oui, c'est l'un des aspects les plus marquants de ce (beau) décor ! Je l'ai remarqué aussi, même si tu as raison de souligner que le visage de ces héros est nettement plus familier de nos jours.