1962. Quand Le 7ème juré sort sur les écrans français, Bernard Blier n'est pas encore devenu un tonton - un peu crétin - devant la caméra de son ami Georges Lautner. Il a tout de même 26 ans d'expérience au cinéma (et au théâtre). Cette fois, il a revêtu l'habit d'un criminel. Je vous dirai sans attendre qu'aujourd'hui encore, le film est mordant.
Adapté d'un roman, le scénario dessine petit à petit le portrait glacial d'un notable de province: Grégoire Duval, pharmacien "respectable". Après un pique-nique dominical allégrement arrosé, ce bon Français très ordinaire, marié et père de deux enfants, se promène sur la rive d'un lac et commet l'irréparable: sous le coup d'une pulsion sexuelle incontrôlable, il agresse une jeune femme endormie et l'étrangle. D'abord scabreuse, l'histoire devient folle dès lors que, quelques jours plus tard, il est appelé comme juré de cour d'assises pour le procès d'un autre homme, accusé de son crime ! Je ne veux rien dévoiler d'essentiel. Pour le dire vite, il s'applique alors à poser des questions susceptibles de remettre en cause la théorie du procureur, convaincu d'avoir d'ores et déjà trouvé l'assassin et pressé de lui trancher le cou.
C'est là que le film ne recule devant rien: plutôt qu'un banal récit judiciaire, il dresse le sombre tableau d'un pays peu attrayant, replié sur une vague morale et dont la prétendue élite s'avère détestable et/ou mesquine, à force de toujours préférer l'injustice au désordre. Pas de demi-mesure: il est possible d'ailleurs que certains effets appuyés, en images, musiques et sons, vous déplaisent. Le scénario est malin, mais il peut arriver qu'il se répète un peu. Un autre aspect étonnant: au milieu de sa noirceur, Le 7ème juré a aussi conservé une (petite) place pour un humour proche des codes du burlesque. J'insiste sur le fait que cela reste franchement ténu: le long-métrage tient plutôt du défilé d'abrutis dangereux, la belle France gaullienne étant dès lors passée au vitriol - et ce, six années avant Mai-68. Choisir un meurtrier comme possible rédempteur, c'est un comble ! Surtout, ne comptez pas sur moi pour révéler ce qu'il advient de lui...
Le 7ème juré
Film français de Georges Lautner (1962)
Au centre de tout, Bernard Blier est ici génial ! Il offre trois facettes de son grand talent: dialogues, postures et voix off. La distribution autour de lui - Francis Blanche, Danièle Delorme, Albert Rémy, etc. - est elle aussi excellente. Ce long-métrage est souvent comparé à ceux de Claude Chabrol. Oups: je suis en panne de repères avant L'enfer ! Et à ce stade, c'est plutôt avec Le corbeau que je ferai un parallèle...
Adapté d'un roman, le scénario dessine petit à petit le portrait glacial d'un notable de province: Grégoire Duval, pharmacien "respectable". Après un pique-nique dominical allégrement arrosé, ce bon Français très ordinaire, marié et père de deux enfants, se promène sur la rive d'un lac et commet l'irréparable: sous le coup d'une pulsion sexuelle incontrôlable, il agresse une jeune femme endormie et l'étrangle. D'abord scabreuse, l'histoire devient folle dès lors que, quelques jours plus tard, il est appelé comme juré de cour d'assises pour le procès d'un autre homme, accusé de son crime ! Je ne veux rien dévoiler d'essentiel. Pour le dire vite, il s'applique alors à poser des questions susceptibles de remettre en cause la théorie du procureur, convaincu d'avoir d'ores et déjà trouvé l'assassin et pressé de lui trancher le cou.
C'est là que le film ne recule devant rien: plutôt qu'un banal récit judiciaire, il dresse le sombre tableau d'un pays peu attrayant, replié sur une vague morale et dont la prétendue élite s'avère détestable et/ou mesquine, à force de toujours préférer l'injustice au désordre. Pas de demi-mesure: il est possible d'ailleurs que certains effets appuyés, en images, musiques et sons, vous déplaisent. Le scénario est malin, mais il peut arriver qu'il se répète un peu. Un autre aspect étonnant: au milieu de sa noirceur, Le 7ème juré a aussi conservé une (petite) place pour un humour proche des codes du burlesque. J'insiste sur le fait que cela reste franchement ténu: le long-métrage tient plutôt du défilé d'abrutis dangereux, la belle France gaullienne étant dès lors passée au vitriol - et ce, six années avant Mai-68. Choisir un meurtrier comme possible rédempteur, c'est un comble ! Surtout, ne comptez pas sur moi pour révéler ce qu'il advient de lui...
Le 7ème juré
Film français de Georges Lautner (1962)
Au centre de tout, Bernard Blier est ici génial ! Il offre trois facettes de son grand talent: dialogues, postures et voix off. La distribution autour de lui - Francis Blanche, Danièle Delorme, Albert Rémy, etc. - est elle aussi excellente. Ce long-métrage est souvent comparé à ceux de Claude Chabrol. Oups: je suis en panne de repères avant L'enfer ! Et à ce stade, c'est plutôt avec Le corbeau que je ferai un parallèle...
8 commentaires:
Bonjour Martin. Le septième juré est une belle réussite de noirceur effectivement pas très éloignée du Corbeau, une référence. Mesquinerie et compromissions pré-chabroliennes en quelque sorte, avec moins d'ironie cependant à mon avis. Mais un film intéressant sur la France de ce moment, sur la France tout court. Moins d'ironie mais plus de masochisme. A bientôt.
Je suis à peu près sûre de l'avoir vu mais je reste intriguée par la résolution de l'intrigue.
Blier (génial) a bien la tête de l'emploi du brave type incapable d'un tel crime (deux crimes d'ailleurs).
Carrière incroyable que celle de Blier, 200 films au compteur et avec les plus grands réalisateurs français , interprétations mémorables et pas que celles dialoguées par Michel Audiard.....
Sa prestation en Javert face à Gabin dans « les Misérables « de Le Chanoix , ou son rôle de Staplin dans « Série Noire » de Corneau , sont entre autres des morceaux d'anthologie....
@Eeguab:
Salut. Je confirme que je n'ai guère trouvé de trace d'ironie dans ce film sombre au possible. Le portrait du Français lambda n'est guère flatteur et pas tellement distancié. C'est terrible !
Je ne sais pas trop si c'est proche des idées du réalisateur ou juste sa part sans lumière...
@Pascale:
Il va falloir que tu le revoies pour connaître la fin, assez glaciale et ambigüe.
J'ai entendu Blier dire que sa tête ne lui avait valu que des rôles de cocu, de malfrat ou d'idiot...
@CC Rider:
Tout à fait d'accord avec vous sur la carrière du grand Bernard !
Je n'en connais au fond qu'une toute petite partie, mais je le trouve (très) bon à chaque fois.
Bonjour Martin, j'ai revu Le 7ème juré tout récemment, très bien, pas drôle mais très noir. La fin est terrible avec une Danièle Delorme aussi effrayante que dans Voici Le temps des assassins. Bonne après-midi.
Bonsoir Dasola... et merci à toi d'avoir osé remonter le cours de mes archives !
Merci également d'évoquer "Voici le temps des assassins": c'est un film que je veux voir.
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