vendredi 19 juillet 2019

Au nom de la Lune

Elle a réussi le 20 juillet 1969, à 21h56, heure de Houston. Décalage horaire oblige, en France, la journée du 21 avait déjà commencé. Quant à moi, je suis également en avance pour célébrer l'anniversaire de la mission Apollo 11, qui conduisit le premier homme sur la Lune. Un joli sujet de cinéma, je trouve, et une grande invitation au rêve...

Quelques titres me sont revenus, mais ma liste n'est pas exhaustive. Je savoure d'avance de découvrir ce que ma chronique vous inspirera. Tandis que je regarde en arrière, je ne peux évidemment manquer d'ouvrir mon propos avec Georges Méliès. Apparue en 1902, sept ans seulement après les tous premiers films, sa Lune voit son oeil droit crevé par une fusée précoce et, aussitôt, s'inscrit dans l'imaginaire collectif comme l'un des premiers grands symboles du septième art. Le voyage dans la Lune constitue un petit miracle: quinze minutes d'images auront alors suffi pour rouvrir en grand la porte des étoiles. L'exploit peut rappeler ceux des héros de Jules Verne, un écrivain populaire que je trouve beaucoup trop peu estimé. D'autres artistes s'engouffreront dans la brèche. J'ai réservé une mention particulière pour le Tchèque Karel Zeman: Le baron de Crac m'avait émerveillé ! Penser à la Lune, c'est préserver une chance de redevenir un enfant...

Steven Spielberg l'a compris: dès l'instant où il se tourne vers le ciel nocturne, notre regard s'évade du quotidien et le plus improbable semble possible. À l'image de la scène emblématique du vélo volant d'E.T. l'extra-terrestre, le cinéma apparaît comme une source infinie de références lunaires positives. Le paradoxe veut alors que l'astre puisse y demeurer inaccessible. Je n'ai certes pas compté le nombre d'hommes (et de femmes ?) que les films ont conduit à poser le pied sur le sol de notre cher satellite, mais je n'ai pas non plus l'impression qu'ils soient si nombreux. Tout bien réfléchi, c'est d'ailleurs peut-être parce que des scientifiques ont conquis la Lune que les missions spatiales du grand écran filent toujours plus loin dans les galaxies. Pourtant, Woody Allen a raison: il y a de la Magic in the moonlight ! Négliger nos rêves, en somme, serait renoncer au cinéma lui-même...

Je vous ai parlé d'émerveillement: Mune, le gardien de la Lune figure parmi les films d'animation qui sont parvenus à m'émouvoir. Pourquoi cela ? Sans aucun doute parce qu'il y a un peu de mes idéaux dans ceux de ce petit personnage chargé de préserver l'astre lunaire et, du même coup, le rythme des jours et des nuits. Ma sensibilité profonde y perçoit une poétique à laquelle nous sommes, je crois, toutes et tous, en tant qu'humains, reliés et viscéralement attachés. Avec amusement, je constate d'ailleurs que le tout premier des films dont j'ai parlé ici aura été La voce della luna, l'ultime long-métrage réalisé du maestro Federico Fellini. Il me faudrait sûrement le revoir aujourd'hui, presque douze ans plus tard, pour en être tout à fait sûr, mais quelque chose me suggère que l'on trouve là aussi un regard particulier (parce que venu d'en haut ?) sur notre monde. La puissance d'attractivité de la Lune, elle, n'est plus à démontrer. Idée d'éternité !

"Un jour, j'irai sur la Lune"... les frères rappeurs Big Flo et Oli chantent en tandem pour témoigner de leurs espoirs contemporains. Scrutée depuis la Terre, si loin et si proche à la fois, la Lune s'entoure de légendes et resplendit comme le miroir de chacune de nos âmes. Neil Armstrong, le First man, renaît à l'écran. Il a l'étoffe d'un héros qui lève enfin le voile sur sa face cachée. Mais qu'en serait-il là-haut ? Quelles émotions seraient les nôtres si nous pouvions mettre le cap vers autre chose que la Mer de la Tranquillité ? Nous devrons répondre seuls: les puissantes caméras du monde moderne ont tué le fantasme ancien lié à l'existence possible d'une mystérieuse population sélénite. Heureusement, un peu de lumière perdure: elle est utile, au cinéma. Sous cet éclairage tamisé, des séances en plein air auront encore lieu demain, sources de plaisirs terrestres dont il ne faut pas se priver. Les mythes lunaires vont continuer à traverser l'espace... et le temps.

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Et maintenant, à l'heure de revenir sur Terre...

Comme je l'ai écrit, je serais tout à fait enchanté de faire le voyage de retour avec vous. Quelles seraient vos références sur la Lune ? Quels sont vos sentiments face à elle ou aux innombrables images dont elle est le sujet ? Je vous laisse carte blanche pour en (re)parler !

8 commentaires:

Pascale a dit…

Très bel article Martin, bravo.

La lune fait rêver elle n'y peut rien.
Me reviennent en tête :
La luna de Bertolucci qui m'avait fait forte impression. J'étais tombée en extase devant Jill Clayburg.
La lune dans le caniveau de J.J Beneix que j'avais trouvé sublime et dont la merveilleuse affiche avait longtemps décoré un de mes murs.
Depardieu y était mince et beau comme il ne l'avait jamais été avant et ne le fut plus après.
Il y a des jours et des lunes de Lelouch dont je n'ai aucun souvenir particulier.

Martin a dit…

Merci beaucoup, Pascale !

Je ne connais pas le film dont tu parles (ou seulement de nom).
Sauf oubli, je n'ai dû voir que le Lelouch. En voilà, des choses à (r)attraper !

ideyvonne a dit…

- "Objectif Lune" de Robert Altman avec James Caan et Robert Duvall, la conquête spaciale entre Russes et Américains
- "Appolo 13" de Ron Howard avec Tom Hanks qui ne pourra pas marcher sur la Lune !
- "Les Aventures du baron de Münchhausen" de Terry Gilliam avec John Neville, une fiction amusante

- "Capricorne One" de Peter Hyams avec Elliott Gould et James Brolin, un mensonge d'état d'un atterrissage sur... Mars :)

Princécranoir a dit…

Quelle belle programmation pour un visionnage en orbite. A l'heure qu'il est nos trois héros sont sur le retour et, il y a 50 ans, l'exploit n'était pas totalement accompli (les deux versions du discours traînent encore sur le bureau de Nixon). En attendant le gros plouf de la capsule, revoyons-nous celui du gros obus de Méliès, le premier d'entre tous à viser juste. Et pan : dans l'œil ! :-)

Valfabert a dit…

La lune, vous le dites très bien, ce sont aussi les symboles associés à cet astre. On trouve parfois ce symbolisme lunaire là où on ne l'attend pas spécialement. Ainsi, dans un western de Walsh, "Colorado Territory" ("La fille du désert"), le héros, poursuivi, se refugie dans une vieille cité indienne abandonnée, littéralement creusée dans une paroi rocheuse et appelée "la cité de la lune". Ce nom poétique renvoie manifestement au caractère minéral, désertique et grandiose du cadre naturel où est situé le lieu en question. Mais ce nom revêt aussi une signification plus forte, la lune étant liée, chez les peuples nord-amérindiens, au repos et au sommeil. Vu le contexte dramatique, ces notions prennent ici un sens particulier et tragique.

Martin a dit…

@Ideyvonne:

Oh, comme j'aimerais revoir "Le baron de Münchhausen" de Terry Gilliam !
Merci pour tes autres suggestion. Je ne crois pas avoir vu "Objectif Lune"...

Martin a dit…

@Princécranoir:

Merci de ton compliment !
Il faut que je passe chez toi lire ta chronique dans la Lune.

Martin a dit…

@Valfabert:

Merci pour cette suggestion de western. Les Indiens comptent en lunes !
Je me demande comment j'ai pu l'oublier. À ma décharge, je n'ai pas vu le film...