Que penser de l'Iran d'hier et d'aujourd'hui ? Que supposer ensuite pour l'avenir de ce pays ? Même si, c'est vrai, j'ai eu la grande chance de voyager dans plusieurs pays déjà, je ne suis jamais allé "là-bas". Curieux d'en savoir plus, j'ai saisi l'occasion de voir un documentaire surprenant: Football under cover, réalisé en 2006 et sorti en 2008...
Depuis plus d'une décennie, il est évident que nombre d'événements marquants ont eu lieu dans tout le Moyen-Orient... et ailleurs. Restons d'abord sur le film, voulez-vous ? En une heure et demie environ, il nous rappelle l'existence en Iran d'une équipe nationale féminine de football et explique que, depuis la Révolution islamique de 1979, elle n'avait jamais joué en compétition dans son pays. Marlene Assmann, jeune footballeuse amateur allemande, s'engagera pour que cela change. L'idée d'un ami cinéaste, Ayat Najafi, soutenu par le BSV Al-Dersimspor, un club turc de Berlin, lui-même engagé dans d'autres actions (cf. Courrier International et Discover Football) !
Feel good movie au pays des mollahs que ce Football under cover ? Chacun reste libre de son jugement. Il est clair que les Allemandes venues jouer à Téhéran seront passées par bien des impressions contradictoires, entre leur envie d'aider d'autres femmes à pratiquer leur sport librement et la nécessité absolue de s'adapter à des règles très strictes, à commencer par le port d'une "tenue adaptée" et donc d'un voile. Est-ce une victoire d'y être parvenues ? À vous de juger. Pour leurs adversaires iraniennes, en tout cas, le film tend à montrer que cela a été un moment important (et joyeux). J'admets volontiers que j'ai trouvé le documentaire souvent poignant, voire optimiste. Treize ans après le tournage, c'est difficile d'être sûr de ses suites encourageantes, mais le football féminin serait mieux toléré en Iran. C'est du moins ce que j'ai retenu de la rencontre avec le réalisateur organisée après la projection et à laquelle j'ai eu l'occasion d'assister.
Ayat Najafi, à droite, était accompagné d'Olivier Corbobesse, auteur d'un ouvrage intitulé "Le football (au) féminin en soixante questions". Ce dernier a ainsi expliqué que, depuis le film, le football féminin s'était beaucoup développé en Iran, grâce notamment au futsal. Aujourd'hui, les règles qui sont établies au niveau international autorisent les femmes (et les hommes) à porter un voile ou un turban en compétition - ce que la Fédération française continue de refuser dans ses championnats. Ayat Najafi, pour sa part, y voit une décision progressiste, qui permet enfin aux filles de pratiquer le même sport que les garçons. Olivier Corbobesse, lui, note que le régime iranien ouvre désormais... quelques tribunes aux femmes pour venir assister aux matchs masculins. Notez bien qu'aucun homme n'avait été admis à l'intérieur du stade où fut tourné Football under cover. Ayat Najafi avait une assistante sur place: il se souvient en détail des moyens employés pour faire sortir les rushes d'Iran et monter ainsi le film comme il l'entendait. Cela fut aussi visiblement une grande aventure !
J'aurais aimé vous en dire plus et retranscrire une interview complète des deux protagonistes de ce débat instructif, mais plus de dix ans ont passé et je ne voudrais donner de la situation actuelle une image trompeuse. Il a toutefois été dit que les hauts dirigeants iraniens n'étaient pas à un paradoxe près, ouvrant une porte à des libertés nouvelles dans certains cas, laissant leurs citoyennes et citoyens enfermés à double tour dans d'autres. Pour celles et ceux d'entre vous que cela intéresse, j'ajoute que j'ai découvert Football under cover dans le cadre du festival de Foot d'elles, organisé dans plusieurs villes françaises en marge de la Coupe du monde. Beaucoup reste à faire dans bien des pays, c'est une évidence, mais Ayat Najafi a dit croire aux petits pas (et son film en aura été un, sans doute). Le jeu subtil qu'il a dû mener pour obtenir l'aval des autorités démontre à lui seul que rien n'aura été facile, mais prouve que des choses sont possibles. Autre message du réalisateur: se méfier des préjugés, les situations de terrain pouvant parfois être plus bien complexes qu'on ne le pense.
Football under cover
Documentaire germano-iranien d'A. Najafi et D. Assmann (2008)
Taper "Iran" dans un moteur de recherches vous suffira pour vérifier que la situation des Iraniennes et Iraniens est loin d'être idyllique. Pour en revenir le film, j'avoue qu'il m'a inspiré des sentiments contrastés: une émotion réelle devant la détermination d'Ayat Najafi et de ses amies allemandes, mais aussi un doute sur sa pertinence dans le monde de 2019. Vous pourriez lui préférer Looking for Eric...
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Un dernier mot sur Ayat Najafi...
Il a également signé un documentaire consacré à un concours de chant féminin, organisé à Téhéran, en 2013, à l'initiative de sa soeur, Sara. Parmi les participantes: les Françaises Elise Caron et Jeanne Cherhal. Sorti dès 2014 et multi-primé depuis, le film s'appelle No land's song.
Depuis plus d'une décennie, il est évident que nombre d'événements marquants ont eu lieu dans tout le Moyen-Orient... et ailleurs. Restons d'abord sur le film, voulez-vous ? En une heure et demie environ, il nous rappelle l'existence en Iran d'une équipe nationale féminine de football et explique que, depuis la Révolution islamique de 1979, elle n'avait jamais joué en compétition dans son pays. Marlene Assmann, jeune footballeuse amateur allemande, s'engagera pour que cela change. L'idée d'un ami cinéaste, Ayat Najafi, soutenu par le BSV Al-Dersimspor, un club turc de Berlin, lui-même engagé dans d'autres actions (cf. Courrier International et Discover Football) !
Feel good movie au pays des mollahs que ce Football under cover ? Chacun reste libre de son jugement. Il est clair que les Allemandes venues jouer à Téhéran seront passées par bien des impressions contradictoires, entre leur envie d'aider d'autres femmes à pratiquer leur sport librement et la nécessité absolue de s'adapter à des règles très strictes, à commencer par le port d'une "tenue adaptée" et donc d'un voile. Est-ce une victoire d'y être parvenues ? À vous de juger. Pour leurs adversaires iraniennes, en tout cas, le film tend à montrer que cela a été un moment important (et joyeux). J'admets volontiers que j'ai trouvé le documentaire souvent poignant, voire optimiste. Treize ans après le tournage, c'est difficile d'être sûr de ses suites encourageantes, mais le football féminin serait mieux toléré en Iran. C'est du moins ce que j'ai retenu de la rencontre avec le réalisateur organisée après la projection et à laquelle j'ai eu l'occasion d'assister.
Ayat Najafi, à droite, était accompagné d'Olivier Corbobesse, auteur d'un ouvrage intitulé "Le football (au) féminin en soixante questions". Ce dernier a ainsi expliqué que, depuis le film, le football féminin s'était beaucoup développé en Iran, grâce notamment au futsal. Aujourd'hui, les règles qui sont établies au niveau international autorisent les femmes (et les hommes) à porter un voile ou un turban en compétition - ce que la Fédération française continue de refuser dans ses championnats. Ayat Najafi, pour sa part, y voit une décision progressiste, qui permet enfin aux filles de pratiquer le même sport que les garçons. Olivier Corbobesse, lui, note que le régime iranien ouvre désormais... quelques tribunes aux femmes pour venir assister aux matchs masculins. Notez bien qu'aucun homme n'avait été admis à l'intérieur du stade où fut tourné Football under cover. Ayat Najafi avait une assistante sur place: il se souvient en détail des moyens employés pour faire sortir les rushes d'Iran et monter ainsi le film comme il l'entendait. Cela fut aussi visiblement une grande aventure !
J'aurais aimé vous en dire plus et retranscrire une interview complète des deux protagonistes de ce débat instructif, mais plus de dix ans ont passé et je ne voudrais donner de la situation actuelle une image trompeuse. Il a toutefois été dit que les hauts dirigeants iraniens n'étaient pas à un paradoxe près, ouvrant une porte à des libertés nouvelles dans certains cas, laissant leurs citoyennes et citoyens enfermés à double tour dans d'autres. Pour celles et ceux d'entre vous que cela intéresse, j'ajoute que j'ai découvert Football under cover dans le cadre du festival de Foot d'elles, organisé dans plusieurs villes françaises en marge de la Coupe du monde. Beaucoup reste à faire dans bien des pays, c'est une évidence, mais Ayat Najafi a dit croire aux petits pas (et son film en aura été un, sans doute). Le jeu subtil qu'il a dû mener pour obtenir l'aval des autorités démontre à lui seul que rien n'aura été facile, mais prouve que des choses sont possibles. Autre message du réalisateur: se méfier des préjugés, les situations de terrain pouvant parfois être plus bien complexes qu'on ne le pense.
Football under cover
Documentaire germano-iranien d'A. Najafi et D. Assmann (2008)
Taper "Iran" dans un moteur de recherches vous suffira pour vérifier que la situation des Iraniennes et Iraniens est loin d'être idyllique. Pour en revenir le film, j'avoue qu'il m'a inspiré des sentiments contrastés: une émotion réelle devant la détermination d'Ayat Najafi et de ses amies allemandes, mais aussi un doute sur sa pertinence dans le monde de 2019. Vous pourriez lui préférer Looking for Eric...
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Un dernier mot sur Ayat Najafi...
Il a également signé un documentaire consacré à un concours de chant féminin, organisé à Téhéran, en 2013, à l'initiative de sa soeur, Sara. Parmi les participantes: les Françaises Elise Caron et Jeanne Cherhal. Sorti dès 2014 et multi-primé depuis, le film s'appelle No land's song.
4 commentaires:
C'est bien l'un des derniers pays ou j'irais malgré les splendeurs qu'il recèle.
Quant à se battre pour faire du foot arnachées comme des cosmonautes... cela m'échappe.
Je comprends parfaitement ta remarque. Et l'évolution du pays n'incite guère à la confiance...
Cela étant dit, pour les joueuses iraniennes, ce match aura été un petit moment volé à l’oppression.
Et les femmes étrangères sont obligées de se voiler.
Dommage d'en passer par ce sport que je trouve très laid.
Oui, je comprends bien.
Si le film est intéressant, c'est parce qu'il montre tous les obstacles franchis.
On nous a parlé de l'Iran "pays des paradoxes". Je pense que ça t'aurait intéressée (et fait réagir).
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