mardi 5 février 2019

Après le foot

Elles passent leur temps sous l'oeil des caméras: les stars du foot international en tirent largement profit, mais je me dis également que cette exposition constante doit avoir quelque chose de pesant. Sorti fin novembre, Diamantino traite cette question de manière décalée et dresse ainsi le portrait d'un footballeur franchement naïf...

Toute ressemblance avec un joueur réel est tout sauf fortuite. Portugais, les deux réalisateurs ont créé un personnage fictif ressemblant trait pour trait à Cristiano Ronaldo, le célèbre attaquant de "leur" équipe nationale, quintuple vainqueur du fameux Ballon d'or. Ils en ont fait un ahuri, maître à jouer de tout un pays, mais auteur d'un incroyable loupé technique en finale de la Coupe du monde. Depuis cet échec, qui a causé la mort de son père, le pauvre garçon déprime à temps complet. Il tient alors à... adopter un petit réfugié ! De quoi provoquer le courroux de ses deux soeurs, aussi bling-bling que vénales, et qui décident de le vendre à une entreprise de clonage soucieuse de redonner au Portugal son prestige d'antan. J'ajoute que, pour compléter le tableau, le prétendu enfant recueilli par le footeux dépité est en réalité une agente d'Interpol, en charge d'une enquête sur ses éventuelles malversations financières. Ce scénario est zinzin !

C'est sans l'avoir vu au préalable (et donc avec quelques inquiétudes) que j'ai présenté Diamantino lors d'une soirée de mon association. Beaucoup de choses pouvaient me déplaire, à commencer par le cadre footbalistique, ce sport ne m'ayant jamais véritablement intéressé. Pourtant, je peux dire que le film est une bonne surprise: sa fantaisie le classe au rang des OVNI de cinéma et c'est très bien ainsi. Concrètement, nous avons affaire à un pudding: sur le plan formel comme d'un point de vue narratif, les réalisateurs envoient du lourd. D'aucuns jugeront qu'ils tournent leur pays en ridicule, voire pire. Maintenant, pour qui s'accroche à sa douce folie, ce long-métrage témoigne aussi d'une étonnante liberté créative, consolidée d'ailleurs par la prestation mémorable de Carloto Cotta, le très expressif acteur principal. Avis aux curieux parmi vous: au printemps dernier, le film est reparti de Cannes avec le Grand Prix de la Semaine de la critique. C'est une première oeuvre au format long pour ses deux auteurs ! Leur intention affichée: écrire un conte de fées moderne. Défi relevé.

Diamantino
Film portugais de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (2018)

Après Les bonnes manières débarqué du Brésil, c'est le second film lusophone que je vois par hasard et découvre aussi fou, fou, fou ! Franchement, j'ai passé un bon moment, pendant et après la séance. Maintenant, si vous avez une autre vision du foot, je vous conseille de jeter un oeil à Looking for Eric, qui a largement  ma préférence. Sinon, ma foi, vous pourrez vous retourner vers À nous la victoire...

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Je ne suis pas le seul à m'être laissé prendre...

On dirait bien que Pascale est encore plus enthousiaste sur le film !

4 commentaires:

Pascale a dit…

Ah oui je suis nettement plus enthousiaste. Parlant de foot j'ai failli passer à côté.
C'est l'un des meilleurs films que j'ai vus en 2018. Il fait partie de mon top. C'est sans doute le plus inventif, original, inédit et l'un des plus émouvants.
Si l'apparition des petits chiens géants est kitchissime, le film est souvent d'une grande beauté visuelle.
Quant à l'acteur, il est prodigieux et son personnage totalement inédit aussi. Sa douceur, sa gentillesse, sa naïveté, sa bonté le rendent infiniment touchant.
C'est un film que j'ai vivement recommandé. Hélas je ne pense pas qu'il ait eu le succès qu'il mérite.

Martin a dit…

C'est vrai que le film est particulièrement inventif. Une belle réussite portée par un scénario original.
L'acteur est effectivement très bon: il se donne à fond dans son rôle et ça marche: je l'ai trouvé touchant.

Pour ce qui est du résultat au box-office, je pense que ce ne sera pas un carton. Difficile de se faire une place...

Pascale a dit…

Il faut dire que le titre incompréhensible et l'affiche bien moche ont de quoi faire fuir.
Quel dommage.

Martin a dit…

Ouais... et ce n'est pas forcément évident pour un film portugais de percer en France...
J'avoue que je suis toujours dépité du peu de considération de notre pays pour le cinéma européen.