vendredi 11 mai 2018

À un détail près

Le respect que j'ai pour les classiques du cinéma me fait les aborder avec respect et prudence. Je n'ai pas envie de raconter n'importe quoi sur une oeuvre qui aura été culte en son temps. C'est dans cet état d'esprit que je veux vous parler d'Ascenseur pour l'échafaud. On dit parfois que ce film marque les débuts de la Nouvelle Vague française !

La superbe Jeanne Moreau y incarne une dénommée Florence Carala. Déambulant seule dans la nuit parisienne, la jeune femme s'inquiète de l'absence de Julien, son amant, censé la retrouver dans un bistro après... avoir assassiné son mari ! Le plan semble avoir été exécuté à la perfection, mais le meurtrier a commis une erreur fâcheuse qui, quand il s'en aperçoit, l'oblige à retourner sur le lieu de son crime. Problème: quand il reprend enfin le chemin de la fuite, il se retrouve bloqué dans un ascenseur dont l'alimentation est coupée pour la nuit. Ascenseur pour l'échafaud trouve alors la justification de son titre et Maurice Ronet nous offre une très belle prestation en homme tombé dans son propre piège. Un savant mélange alterné nous invite à nous intéresser à son sort et à celui de sa maîtresse, qui se croit trahie quand elle voit la voiture de son complice passer devant elle sans s'arrêter. Nous, spectateurs, savons qu'elle a en fait été volée...

Pas question pour moi de vous révéler comment tout cela s'achève. J'ajoute qu'aux deux acteurs déjà cités, j'ai vu avec joie s'adjoindre d'autres talents, dont le duo Lino Ventura / Charles Denner en flics particulièrement tenaces. Ce n'est toutefois pas pour eux seuls qu'Ascenseur pour l'échafaud est encore perçu comme un grand film aujourd'hui, soixante ans après sa sortie. Non sans rebondissements inattendus, le suspense implacable qu'il propose s'avère très efficace et a séduit l'amateur de (bons) films policiers qui sommeille en moi. Sur le plan formel, j'ai trouvé ce noir et blanc très réussi, les scènes nocturnes que j'ai déjà citées étant sans doute parmi les plus belles. Autant ajouter ce que les cinéphiles savent: elles sont accompagnées d'une bande originale signée Miles Davis, génie de la trompette jazz. L'ambiance qui en découle marque très favorablement les esprits. Allez... j'ai bien quelques petites réserves, liées notamment au jeu d'un autre duo d'acteurs, autour duquel se construit une intrigue secondaire, mais dans l'ensemble, le film m'a emballé. Un pur plaisir !

Ascenseur pour l'échafaud
Film français de Louis Malle (1958)

Est-ce l'effet de l'absence de couleurs ? J'ai l'impression persistante que notre cinéma national ne nous offre plus de films comme celui-là. Dans le genre, Classe tous risques est très bien aussi, par exemple. On dirait qu'ensuite, les grands noms et titres du patrimoine français préfèrent la gaudriole (cf. Le cave se rebiffe ou Un singe en hiver). La métamorphose des cloportes m'incite à prolonger mon enquête...

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Vous préférez retourner dans le Paris nocturne ?
Pas de problème: Eeguab et Lui pourront aussi vous servir de guides.

10 commentaires:

Pascale a dit…

Ma seule réserve provient de la musique INSUPPORTABLE à mes oreilles de Miles Davis.
Pour moi la trompette c'est Chet Baker point...que Miles toisait de haut...
Et ce film revu récemment est exceptionel.
D'accord aussi sur l'histoire annexe pas bien bandante. Forcément quand on suit la déambulation de Jeanne et Maurice enfermé dans son ascenseur avec flegme si je me souviens bien... les autres font pâle figure.
Mais ni Lino ni Charles bien sûr .

Martin a dit…

C'est amusant, ça: moi qui n'accroche guère au jazz, j'ai bien aimé la BO.
Pour le reste, je vois que nous sommes d'accord sur tout. L'histoire annexe n'est pas à la hauteur.

Mais cette déambulation nocturne ! Cet interrogatoire ! Cette... révélation !!!

2flicsamiami a dit…

Je me suis poliment ennuyé face à ce polar dont les qualités se résument, pour moi, à la bande-son de Miles Davis ainsi qu'à la présence physique des deux acteurs principaux.
Et je te rejoins parfaitement sur cette intrigue secondaire qui freine significativement le tempo du film.

cc rider a dit…

Après avoir visionné quelques extraits du film , Miles et ses musiciens dont Barney Wilen saxophoniste niçois , improvisèrent la nuit et en 3 heures de temps la bande sonore du film ce qui dans l'histoire du cinéma sonore reste à mon avis un cas isolé.

J'aime aussi beaucoup Chet Baker, qui a toute sa place dans ces colonnes, ne l'appelait-on pas le James Dean du jazz

Martin a dit…

@2flics:

Ennuyé ? Carrément ?
La partie Moreau / Ronet m'a tellement plu que j'ai supporté le reste.

Martin a dit…

@CC Rider:

Merci pour cette très belle anecdote sur la BO !
Il faut bien admettre à nouveau que le jazz et moi, souvent, ça fait deux.

Pascale a dit…

La musique baclée en 3 heures je comprends mieux :-))))
je sais qu'on a pas le droit de dire du mal de Miles Davis mais sa trompette prétentieuse me fait saigner les oreilles...
Celle de Chet me les caresse.
Il me remonte le moral tout en m'émouvant aux larmes. J'ai un mur tapissé de ses photos et sa musique envahit ma maison.
Je t'invite à l'écouter. Nimporte quel morceau fera l'affaire. Ils sont tous exceptionnels.
Et dis moi ce que tu en as pensé.

Martin a dit…

Vilaine moqueuse !
Bon, je vais tester ton Chet et, oui, je t'en reparlerai.

Pascale a dit…

La trompinette arrive tardivement mais voila mon Chet ♡♡♡
https://youtu.be/iSjQa7FmKNo

Et empresse toi de voir Born to be blue...

Martin a dit…

Je vais écouter ça très prochainement. Merci.
"Born to be blue" ? Joli titre. Je ne sais pas quand je pourrai le voir, mais je note !