mardi 6 mars 2018

Une femme fatale

Ava Gardner incarne à elle seule une facette du mythe hollywoodien. La plastique impeccable de sa petite trentaine d'années fait tout le sel de Pandora, un film qu'on peut croire échappé de la machine à rêves. Pour autant, quand on y regarde de plus près, on découvre qu'il devait être produit par la MGM, avant que son réalisateur n'essuie un refus !

Derrière la caméra et pour la production, le Britannique Albert Lewin dut donc se débrouiller par ses propres moyens. Il signe ici une oeuvre d'autant plus personnelle qu'il est aussi l'auteur du scénario original ! Connaissez-vous le mythe de Pandore ? Selon la légende, Zeus, dieu suprême des Grecs anciens, interdit à Pandore, une très belle femme, d'ouvrir une boîte qui contenait tous les maux de l'humanité. Pandore cédant à la curiosité, toutes sortes de calamités s'abattirent bientôt sur le monde, l'espérance, elle, restant seule coincée dans le coffret. Beaucoup plus tard, Pandora est également l'histoire d'une femme fatale, dont tous les hommes tombent amoureux et qui ne cède jamais. Jusqu'au jour où, par pure curiosité, elle quitte un littoral espagnol, s'enfonce dans la mer et nage alors jusqu'à un yacht posté au large. Elle y découvrira... mais non, je n'en dirai pas davantage ! Gageons que ces quelques phrases suffiront à (r)éveiller vos envies...

Bon... pour être à la fois clair et honnête, je dois vous dire maintenant que tout cela ne m'a qu'à moitié convaincu. D'une facture esthétique presque irréprochable, le film ne m'a pourtant pas fasciné. Je l'ai trouvé un peu trop bavard (et alambiqué) pour m'embarquer avec lui par la seule grâce de ses images. J'ai fait la part des choses et tiens à vous assurer d'une chose importante: la belle Ava Gardner n'est pas en cause. Elle m'a paru tout à fait juste dans ce rôle complexe et joue très habilement sur toute la gamme des émotions. La caméra n'a d'yeux que pour elle, mais les interprètes masculins tirent malgré tout leur épingle du jeu, et notamment James Mason dans ce que je crois pouvoir appeler le premier rôle "bis". Si je fais maintenant le bilan de mes sentiments contrastés, je dois admettre que j'ai du mal à expliquer ce qui m'a laissé un peu à côté du film. Peut-être est-ce juste que j'avais parié sur un Pandora plus ardent...

Pandora
Film américano-britannique d'Albert Lewin (1951)

Je ne vous l'ai pas encore dit et veux donc le préciser: le scénario joue tellement sur les mythes qu'il en associe deux. Ce sera à vous désormais de savoir si le Hollandais volant vous intéresse... ou pas. Pour ma part, j'ai encore beaucoup trop de lacunes pour oser prétendre que je connais Ava Gardner, mais j'avais préféré l'aventure de Mogambo ou les sentiments de La comtesse aux pieds nus. Voilà !

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Un autre regard, peut-être ?

Aujourd'hui, comme souvent, je vous renvoie vers "L'oeil sur l'écran".

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je l'ai revu en 2017.
C'est en effet magnifique mais assez nonchalant. C'est bien ici qu'il y a un marin énigmatique?
Je préfère néanmoins celui ci à Mogambo où ce qui coince est Grâce Kelly. Comment Gable peut-il être attiré par cette gamine bourgeoise et fade alors qu'en face brûle le feu d'Ava ? Cette aberration m'a toujours gâché le film.

Martin a dit…

Un marin énigmatique ? Oui, c'est exactement ça ! Et un toréador, aussi !
D'accord avec toi pour préférer Ava à Grace, mais j'aime bien le côté exotico-viellot de "Mogambo".

Quant à l'ami Clark, ma foi… je pense qu'on va en reparler.

Pascale a dit…

J'aime aussi le côté vieillot de Mogambo poil au dos et aussi l'environnement naturel.

Martin a dit…

Ah là là, les studios hollywoodiens qui tournent en extérieur, c'est toute une aventure !