mercredi 7 mars 2018

La fin d'un monde

C'est bien simple: pour la présidente de mon association, clôturer notre festival "Mythologies" avec Les désaxés était une évidence. C'est donc avec impatience que j'ai attendu de voir ce grand classique sur un écran digne de ce nom et, ensuite, avec un rien de fébrilité que j'ai vécu l'incertitude liée à sa disponibilité. Frissons cinéphiles...

Voilà pourtant un bon bout de temps que The misfits - selon le titre original américain - avait trouvé place dans ma collection de DVDs. N'allez pas m'en chercher querelle: je n'ai pas d'explication raisonnable au fait d'avoir ainsi snobé le dernier film de Marilyn Monroe, qui est aussi celui de Clark Gable. Et encore moins si je précise maintenant que Montgomery Clift et Eli Wallach étaient eux aussi de la partie ! Maintenant, une chose est sûre: voir ce film dans une salle de cinéma est une vraie chance que je veux souhaiter à beaucoup d'entre vous. Dois-je parler de western crépusculaire ? J'hésite un peu, à vrai dire. Galvaudée, l'expression me paraît trop réductrice, et il faut noter aussi que, même si le film se passe dans le Grand Ouest, son récit nous ramène plutôt dans les années 1950 qu'un siècle auparavant. C'est l'occasion de rencontrer une jolie femme, tout juste divorcée. Bien décidée à rester célibataire désormais, la jolie Roslyn Taber accepte tout de même la compagnie d'autres hommes, persuadée qu'elle est d'avoir enfin le droit de s'amuser un peu. Oui, mais voilà...

Je suppose qu'on pourrait écrire plusieurs thèses sur Les désaxés. Quand on découvre que Clark Gable est mort avant la première sortie du film et que la pauvre Marilyn Monroe n'a vécu que quelques mois supplémentaires, on comprend mieux l'aura qui entoure ce classique. Cela dit, soyez sûrs d'une chose: même sans cela, c'est un grand film. Rien à ajouter sur le fond. La forme, elle, m'a littéralement scotché. Prenez le noir et blanc... c'est une telle merveille d'esthétisme que, plus de cinquante plus tard, j'en ai vraiment pris plein les mirettes. Sincèrement, quand je suis sorti de la salle, j'étais même désolé d'avoir alors à rentrer chez moi en abandonnant ces personnages devenus familiers à leur (triste ?) sort. Attention: je ne prétends pas qu'il manque quoi que ce soit à cette histoire. Bien au contraire ! Dans ces deux petites heures de cinéma, j'ai trouvé plus de choses que dans d'autres oeuvres d'une longueur équivalente (ou supérieure). Le film ne connut pourtant, en son temps, qu'un succès très relatif. Aujourd'hui, il entre en grande pompe dans mon Panthéon de cinéma !

Les désaxés
Film américain de John Huston (1961)

Que j'aime ces films américains qui portent un regard sans concession sur les légendes de la bannière étoilée ! Il y aurait mille exemples possibles, mais celui d'aujourd'hui me semble anticiper d'une décennie au moins ceux du Nouvel Hollywood (exemple: La dernière séance). J'ai donc pris beaucoup de plaisir à le découvrir ! Et si vous préférez la douceur, Mr. Smith au Sénat ou Marty valent bien tous les plans B.

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Vous en demandez encore ?

Pas de souci: "L'oeil sur l'écran" est bel et bien fidèle au rendez-vous. 

4 commentaires:

Pascale a dit…

Je crois que c'était aussi le dernier film de Monty.
Incroyable film maudit où chacun traine un spleen palpable et semble supplier qu'on les aime.
Tu as raison le terme western crépusculaire ne veut plus dure grand chose.
L'image est splendide en effet. Tout est tristement beau.
Et il y a cette scène où Marilyn hurle sa douleur dans le désert. John Huston a l'idée géniale de la filmer en plan large. On voit Marilyn au loin. La plupart des realisateurs auraient insisté sur les larmes de l'actrice en gros plan avec rimmel qui fout le camp.

Un coup de génie. Et bien sûr le voir sur grand écran ça change tout même si les écrans de télé sont plus grands aujourdhui.

Martin a dit…

Je suis allé vérifier: ce n'est pas le dernier film de Monty. Mais il paraît fiévreux…

Effectivement, la scène de Marilyn qui crie en plan très large, c'est juste une image géniale !
Ce passage particulier… cela restera, pour moi, la plus intense émotion de tout notre Festival.

Pascale a dit…

Je viens de lire sa bio. Quel calvaire sa vie !!!

Martin a dit…

Je ne me suis pas penché sur la question, mais j'y viendrai… peut-être.