samedi 11 février 2017

Traverser Paris

Un conseil pour ouvrir cette chronique: si vous avez un jour l'occasion de voir Édouard Baer au théâtre, foncez ! Je vous mets au défi ensuite de faire un résumé de la pièce à vos amis. J'ai vu deux fois cet incroyable tchatcheur sur scène et je peux donc vous confirmer qu'il part vraiment dans tous les sens. C'est franchement jubilatoire !

En ce début d'année, l'ami Édouard est revenu sur les grands écrans blancs de quelques cinémas de France et de Navarre, comme acteur évidemment, mais aussi comme réalisateur - ce qui n'était plus arrivé depuis douze ans. Dans le très entraînant Ouvert la nuit, il se met dans la peau de Luigi, un directeur de théâtre si centré sur lui-même que son spectacle est bien loin d'être prêt à la veille de la première. Finalement, pour tenter de faire avancer le schmilblick, notre homme embarque une stagiaire et part dans Paris à la recherche d'un singe vivant. La photo ci-dessus vous prouve qu'il finira par en trouver un. Mais le scénario prépare mille surprises que je me refuse à dévoiler...

Ouvert la nuit est un film surprenant à plus d'un titre, en réalité. Parti pour voir une comédie débridée, j'ai d'abord été un peu déçu. Enfermé dans son premier décor théâtral, le film parvenait à sonner juste, mais semblait manquer d'allant. Heureusement, dès l'instant magique où Luigi s'éclipse pour régler la situation, la folie démarre ! Personne d'autre qu'Édouard Baer ne me semble en mesure de porter de tels personnages et d'inventer de telles situations. On s'embarque pour près de cent minutes de ce qui est également un hommage décalé au monde du spectacle, avec plus de dérision que de moquerie. Du rire, j'en ai trouvé, je vous rassure, mais il y a aussi dans ce film une part de mélancolie, beaucoup de sensibilité et même de l'espoir. Malgré toutes ces imperfections, j'ai aimé ce récit bancal, au point d'ailleurs de me dire qu'il serait moins bon s'il était plus maîtrisé. Drôle de paradoxe, n'est-ce pas ? C'est je crois la marque d'un auteur attachant. L'humilité de ce cinéma est à mon sens son premier atout.

Ouvert la nuit
Film français d'Édouard Baer (2017)
La passion du clown Baer pour les planches se ressent également ! Parmi la troupe qui lui donne la réplique, quelques fidèles, mais aussi de petits nouveaux (Audrey Tautou, Grégory Gadebois...). La classe absolue: l'apparition du regretté Michel Galabru dans un petit rôle. Trouver maintenant un film comparable n'est pas une tâche facile. Autant aller chercher l'acteur dans Cupcakes ou Poulet aux prunes...

----------
Un pas en avant pour le Movie Challenge...

Je remplis aujourd'hui l'objectif n°18: "Un film sorti cette année".

Envie également d'un autre avis sur le film ?

Vous pourrez en lire un franchement positif du côté de chez Pascale

6 commentaires:

eeguab a dit…

J'avais envie de le voir car il semble que Baer possède les qualités pour associer humour, poésie et mélancolique dans cette balade parisienne. Malheureusement je crois avoir lu que l'échec public était retentissant et ne me donnait guère d'espoir de le voir programmé ici. Dommage.

Martin a dit…

Chez moi, le film n'est resté en salles que deux semaines, il me semble.
Et le cinéma qui reprend les films en fin d'exploitation ne l'a pas gardé plus d'une...

À mes yeux, Édouard Baer mérite incontestablement bien plus de crédit !

dasola a dit…

Bonjour Martin, j'aime beaucoup Edouard Baer mais ce film ne me tente pas du tout. La bande-annonce ne m'a pas convaincue. Bonne journée.

GirlyMamie a dit…

Edouard, il me fait peur ! Il est très drôle, avec ce mélange de poésie, de burlesque, de mélancolie, que j'aime tant. Mais tout un film... Je pense que ses délires doivent mieux passer sur scène.

Martin a dit…

@Dasola:

C'est curieux, tout de même, d'aimer Édouard Baer et de ne pas avoir envie de voir le film.
Bon, après, pour la bande-annonce, je ne dis pas. C'est tout à fait subjectif, nos réactions à ces "résumés".

Martin a dit…

@GirlyMamie:

Il te fait peur ??? Je comprends ce que tu veux dire, mais quelle drôle d'expression !
Cela dit, oui, je crois bien que ce type d'humour est mieux adapté à la scène qu'au grand écran.