mercredi 3 décembre 2014

Petits papiers

J'aime les mots qu'Omar Sy utilise pour parler de sa popularité. Extrait du Studio Ciné Live d'octobre: "Jamais je n'aurais osé imaginer une chose pareille. Sans doute pour ne pas prendre le risque que ce rêve ne devienne jamais réalité et d'en être aigri. Je rêvais d'ailleurs et, sur ce plan-là, je suis bien servi". J'ai lu ces propos après avoir vu Samba, son dernier film en date. Je les trouve dignes.

Alors oui, Omar Sy est parti aux États-Unis après le succès colossal d'Intouchables. Oui, il a changé depuis l'époque Canal + et s'est hissé plus haut que son pote Fred Testot, des heures rigolotes du Service après-vente des émissions. Il n'est plus le "Noir de service", en fait. Quatorze ans après ses débuts au cinéma, huit après le tout premier de ses désormais cinq films avec le tandem Nakache / Toledano, bientôt trois après le César, il est attendu au tournant. Je vais être honnête avec vous: Samba, je n'avais pas spécialement prévu d'aller le voir. Ce sont mes parents qui m'y ont décidé, lors d'un petit séjour chez eux. Maintenant, je ne le regrette pas: faute de découvrir alors le plus beau film de mon année sur grand écran, j'ai eu l'occasion d'apprécier une oeuvre honnête, qui tient plutôt bien ses promesses. Voici donc, messieurs dames, Omar Sy dans les habits d'un Sénégalais en France, sans titre de séjour. C'est drôle ? Parfois. Pas seulement...

En fait, le film évoque surtout la rencontre de deux êtres bousculés par la vie. Samba - oui, c'est son prénom - est sous tension permanente du fait de son statut de clandestin. Alice, la jeune femme dont il croise la route, est censée l'aider, puisqu'elle fait du bénévolat dans une association d'aide aux migrants. Le fait est toutefois que, malgré sa générosité et sa bonne volonté, la demoiselle trimballe avec elle toutes sortes d'incertitudes et de névroses, de quoi inverser la perspective et faire de l'assisté potentiel un possible assistant. C'est naïf ? Sans aucun doute, oui. C'est au moins une manière douce de présenter la thématique de l'immigration, qu'elle soit choisie, subie, assumée, acceptée ou non. C'est naïf, donc, j'en conviens volontiers. Et, si c'est drôle aussi, c'est également... autre chose. C'est sincère, peut-être, et ça se garde en tout cas d'une lecture strictement politique. C'est peu de choses, oui, mais c'est déjà bien.

Samba
Film français d'Olivier Nakache et Éric Toledano (2014)

Bon, j'ai parlé d'Omar Sy, mais le film donne aussi des rôles importants à quelques autres têtes connues: Charlotte Gainsbourg incarne Alice, mais il y a également Tahar Rahim et Izïa Higelin, fille de Jacques. Une jolie image du melting-pot de la France aujourd'hui. Sur un ton plus grave, je conseille (vivement) Les rayures du zèbre. Pour le point de vue des migrants, Rêves d'or ou encore Harragas...

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La circonstance est plutôt amusante, je trouve...

Avant d'opter pour ce film, ma mère et moi l'avons mis en balance avec Bande de filles, un autre long-métrage récent qui met en scène des Français(es) d'origine africaine. Je ne dis pas que j'y ai renoncé...

Et maintenant, je vous propose d'autres regards...
- "Sur la route du cinéma" parle de film mou et paresseux !
- "Le blog de Tinalakiller" s'avère un peu plus clément.

3 commentaires:

Véronique Hottat a dit…

Bonjour Martin,

J'attendrai sa sortie DVD pour le voir. Tu fais honneur à Omar Sy et tu as bien raison de le faire, tant il semble être une belle personne, dans tous les sens du terme. Je croise les doigts pour la suite de sa carrière.

Bonne journée :-)

Princécranoir a dit…

J'ai penché pour la bande de filles mais ce que tu dis de "Samba" m'incite à mettre de côté ma déception face à "intouchables" pour tenter l'aventure avec "Samba".

Anonyme a dit…

Je n'ai pas vraiment aimé ce Samba et j'ai détesté Bande de filles, je ne sais pas si je dois m'inquiéter :o
Pour Samba, pas mal déçue. Pas un mauvais film mais pour moi beaucoup de maladresses, pas mal de longueurs notamment selon moi. Cependant, un très bon casting.