samedi 13 décembre 2014

Ne pas brûler

Je devais être au collège, en 4ème je crois, quand j'ai croisé la route de Ray Bradbury. C'est marrant, la mémoire: c'était il y a 25 ans environ et je me souviens encore de Mlle Rémy, prof de français assez vacharde, qui nous avait fait lire ses Chroniques martiennes. Fahrenheit 451 ? J'ai quelque part cet autre de ses romans. Et j'ai vu fin novembre son adaptation ciné, réalisée par... François Truffaut !

Même si j'imagine volontiers l'enfant chéri de la Nouvelle Vague comme un amoureux des livres, il y a quelque chose d'un peu incongru dans le fait de le retrouver derrière la caméra d'un tel projet. Rappel pour ceux qui n'ont pas lu le roman: Fahrenheit 451 décrit un monde dystopique, où les pompiers forment une sorte de police de la pensée unique, chargée de dénicher les livres que possèdent les citoyens ordinaires et de les brûler tous, sans bien sûr les avoir lus avant ! J'avoue avoir oublié le ton du bouquin, mais le film, lui, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour planter le décor. Hommes et femmes paraissent robotiques, pauvres êtres dominés par la peur de "fauter". Les rebelles sont souvent bavards. Les gens bien restent sagement devant la télé et discutent avec l'écran. Toute ressemblance bla bla...

Si j'ai parlé d'incongruité, c'est que François Truffaut nous offre là une production britannique et, à ma connaissance, son seul film tourné en anglais. Autre point étonnant: le casting, international. Oskar Werner alias Montag, le personnage principal, est autrichien. Autour de lui, on retrouve un Irlandais, un Allemand ou un Écossais. J'ai aimé l'idée de confier à l'Anglaise Julie Christie deux rôles importants: elle est à la fois, cheveux longs, l'épouse de Montag, cloitrée chez elle et gavée de pilules, et cheveux courts, la femme audacieuse qui l'ouvre finalement à un monde autre. Le long-métrage approche gentiment du demi-siècle, le livre étant pour sa part sorti en 1953: Fahrenheit 451 sent un peu la poussière. Il conserve toutefois sa pertinence sur le fond et mérite donc bien d'être (re)vu.

Fahrenheit 451
Film franco-britannique de François Truffaut (1966)

Je ne mets que trois étoiles, parce que la forme, très dépassée techniquement, plombe un peu le long-métrage. Le plus "kitsch" apparaît quand des hommes volants partent à la recherche d'un fugitif et qu'on distingue alors nettement les fils qui les tiennent suspendus en l'air ! Bon, la musique de Bernard Hermann rattrape heureusement le tout. Sinon, côté dystopique, il vous reste Bienvenue à Gattaca...

4 commentaires:

Princécranoir a dit…

Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, mais j'ai en effet le souvenir d'un film un peu désuet (ce qui n'est pas sans charme d'ailleurs). Je crois que le style de François Truffaut n'était pas spécialement profilé pour un film de Science-fiction (j'ai un meilleur souvenir du roman). Il n'a d'ailleurs pas gardé un souvenir très mémorable de son expérience londonienne puisqu'il a passé son temps cloitré entre les studios et son hôtel où il écrivait son journal (il y parle surtout des films des autres). Je le reverrai pourtant avec plaisir un de ces jours, pour revoir Oskar Werner (Le Jules de Jim) et la superbe Julie Christie.

Martin a dit…

Merci, Princécranoir, pour ces précisions sur la manière dont François Truffaut avait vécu les choses ! Je ne suis pas certain effectivement qu'il ait été le réalisateur le plus adapté, mais après tout, c'est bien aussi qu'il ait eu cette opportunité de faire autre chose. Le film n'est pas infamant.

Merci aussi de ce rappel relatif à Oskar Werner. Cela va m'inciter à revoir "Jules et Jim"...

ChonchonAelezig a dit…

Arghhh... punaise, encore un que je n'ai toujours pas vu ! Flûte. J'ai commandé encore des Woody Allen au Papa Noël.

Martin a dit…

Pour être honnête, mais je pense que ma chronique est claire sur ce point, ce n'est pas mon Truffaut préféré. Disons qu'il m'a fait un peu mieux connaître ce réalisateur dont je dois voir (ou revoir) quelques vieux films. J'en ai quelques-uns sous le coude.

Allen, c'est autre chose. Il est très probable que je retrouve ce bon vieux Woody l'année prochaine...