Je ferai les comptes à la fin de l'année, mais je crois que 2014 restera pour moi comme un millésime cinématographique assez international. La vingtaine de films allemands déjà chroniqués s'enrichit aujourd'hui d'un classique: Le tambour, Palme d'or à Cannes en 1979. Il s'inspire de la première partie d'un roman de Günter Grass, sorti vingt ans auparavant. Lequel Günter Grass reçut le Prix Nobel: c'était en 1999.
Ce décor posé, un mot de l'histoire: elle débute à Dantzig, vers la fin des années 1920. Vous situez ? Hier convoitée par l'Allemagne, la ville est connue désormais sous le nom de Gdansk. Elle est le premier port de Pologne, sur la mer Baltique, l'ex-ville des fameux chantiers navals polonais, dont Lech Walesa fut l'un des syndicalistes les plus actifs. Bref... Le tambour nous ramène là avant la guerre. Nous découvrons cette période au travers du regard d'Oskar Matzerath, un garçonnet d'à peine trois ans, qui se demande déjà s'il est le fils de son père officiel ou celui d'un cousin de sa mère, Jan Bronski. Ce dont il est sûr en revanche, c'est de sa volonté de ne plus grandir. Parce qu'il croit pouvoir ainsi ne jamais devenir un adulte, l'enfant se laisse tomber dans des escaliers. Il survit, prend donc de l'âge, mais reste "coincé" dans son corps de gamin. Autour de lui, le monde s'enfonce à nouveau dans la guerre. À la hauteur d'Oskar, le constat est juste effroyable...
Le tambour a suscité en moi des sentiments assez contradictoires. D'abord, en pensant à ce qui allait arriver, j'ai eu quelque empathie pour ce gosse. Vous comprendrez aisément que naître dans une ville symbolique de la rivalité germano-polonaise à l'aube des années 1930 n'est pas forcément le sort le plus enviable. Les discours d'Adolf Hitler ou les grands défilés nazis qui émaillent le film font froid dans le dos. Pourtant, constamment enfermé dans sa bulle, Oskar a aussi un côté monstrueux: il devient adulte, même s'il reste petit, et joue toujours de l'instrument qui lui a été offert pour son troisième anniversaire. Ce faisant, il se coupe des autres. Sans concession, l'idée qu'il se fait des "grands" peut se justifier, mais elle demeure impitoyable. L'étrange fascination qu'Oskar a suscitée à mon égard est aussi née de son égoïsme, parfois. Son ambivalence me l'a rendu... intéressant. Je n'ai jamais ri ou pleuré, mais j'ai souri, frémi et eu le coeur serré.
Le tambour
Film allemand de Volker Schlöndorff (1979)
Drôle de film ! Je lui mets quatre étoiles pour saluer son audace. Quelque chose bouillonne ici que je n'avais pas ressenti ailleurs. Comparaison n'est pas raison, mais j'ai parfois pensé à la folie visuelle d'un Federico Fellini. Enfance en guerre oblige, j'ai songé également à La vie est belle de Roberto Benigni et, subsidiairement, aux Freaks de Tod Browning. Il faudrait aussi que je lise le bouquin !
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Pour finir, quelques anecdotes complémentaires...
- Le tambour a également obtenu l'Oscar du meilleur film étranger. C'était en 1980, l'année de Kramer contre Kramer. Claude Sautet portait alors les espoirs du cinéma français avec Une histoire simple.
- Je persiste et signe: le film a bien reçu la Palme d'or 1979. Présidé par Françoise Sagan, le jury l'a aussi attribuée à... Apocalypse now. Un cas d'égalité qui, notons-le, s'est reproduit en 1980, 82, 93 et 97.
- Volker Schlöndorff n'a pas voulu adapter la seconde partie du roman originel: il ne voyait personne d'autre que David Bennent dans le rôle principal. Le scénario de suite qu'il a écrit ne fut jamais réalisé.
Ce décor posé, un mot de l'histoire: elle débute à Dantzig, vers la fin des années 1920. Vous situez ? Hier convoitée par l'Allemagne, la ville est connue désormais sous le nom de Gdansk. Elle est le premier port de Pologne, sur la mer Baltique, l'ex-ville des fameux chantiers navals polonais, dont Lech Walesa fut l'un des syndicalistes les plus actifs. Bref... Le tambour nous ramène là avant la guerre. Nous découvrons cette période au travers du regard d'Oskar Matzerath, un garçonnet d'à peine trois ans, qui se demande déjà s'il est le fils de son père officiel ou celui d'un cousin de sa mère, Jan Bronski. Ce dont il est sûr en revanche, c'est de sa volonté de ne plus grandir. Parce qu'il croit pouvoir ainsi ne jamais devenir un adulte, l'enfant se laisse tomber dans des escaliers. Il survit, prend donc de l'âge, mais reste "coincé" dans son corps de gamin. Autour de lui, le monde s'enfonce à nouveau dans la guerre. À la hauteur d'Oskar, le constat est juste effroyable...
Le tambour a suscité en moi des sentiments assez contradictoires. D'abord, en pensant à ce qui allait arriver, j'ai eu quelque empathie pour ce gosse. Vous comprendrez aisément que naître dans une ville symbolique de la rivalité germano-polonaise à l'aube des années 1930 n'est pas forcément le sort le plus enviable. Les discours d'Adolf Hitler ou les grands défilés nazis qui émaillent le film font froid dans le dos. Pourtant, constamment enfermé dans sa bulle, Oskar a aussi un côté monstrueux: il devient adulte, même s'il reste petit, et joue toujours de l'instrument qui lui a été offert pour son troisième anniversaire. Ce faisant, il se coupe des autres. Sans concession, l'idée qu'il se fait des "grands" peut se justifier, mais elle demeure impitoyable. L'étrange fascination qu'Oskar a suscitée à mon égard est aussi née de son égoïsme, parfois. Son ambivalence me l'a rendu... intéressant. Je n'ai jamais ri ou pleuré, mais j'ai souri, frémi et eu le coeur serré.
Le tambour
Film allemand de Volker Schlöndorff (1979)
Drôle de film ! Je lui mets quatre étoiles pour saluer son audace. Quelque chose bouillonne ici que je n'avais pas ressenti ailleurs. Comparaison n'est pas raison, mais j'ai parfois pensé à la folie visuelle d'un Federico Fellini. Enfance en guerre oblige, j'ai songé également à La vie est belle de Roberto Benigni et, subsidiairement, aux Freaks de Tod Browning. Il faudrait aussi que je lise le bouquin !
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Pour finir, quelques anecdotes complémentaires...
- Le tambour a également obtenu l'Oscar du meilleur film étranger. C'était en 1980, l'année de Kramer contre Kramer. Claude Sautet portait alors les espoirs du cinéma français avec Une histoire simple.
- Je persiste et signe: le film a bien reçu la Palme d'or 1979. Présidé par Françoise Sagan, le jury l'a aussi attribuée à... Apocalypse now. Un cas d'égalité qui, notons-le, s'est reproduit en 1980, 82, 93 et 97.
- Volker Schlöndorff n'a pas voulu adapter la seconde partie du roman originel: il ne voyait personne d'autre que David Bennent dans le rôle principal. Le scénario de suite qu'il a écrit ne fut jamais réalisé.
4 commentaires:
Toujours pas vu ce film ! Une lacune...
Je ne sais pas si c'est une lacune, mais je dois t'avouer que je serais curieux de lire ton avis. Compte tenu de notre affection commune pour l'Allemagne, je crois qu'il peut facilement faire office d'incontournable.
Je l'ai vu à sa sortie. Jamais revu depuis... Et pourtant chaque fois que j'entends le prénom Oscar... Je dis d'une voix métallique : OSSSKKKAAAR le Tttambouour... C'est difficile de retranscrire à l'écrit :-)
Il m'avait fortement marquée.
Je me souviens d'une scène avec du poisson.
Nous sommes bien d'accord: c'est un film marquant ! Et je suis prêt à croire sur parole qu'une voix métallique marche bien avec Oskar, qui peut parfois passer pour une sorte de robot !
Par ailleurs, tu as raison: il y a effectivement une scène (assez glauque, d'ailleurs) avec du poisson - et plus précisément, une séquence de pêche aux anguilles. Le destin de la mère d'Oskar est étroitement lié à cet animal fuyant. Mais chut ! Je refuse d'en dire plus.
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