En l'espace de quelques jours, le mois dernier, j'ai lu des nouvelles rassurantes sur le statut social des professionnels du cinéma français et des choses nettement moins réjouissantes après des déclarations de Pedro Almodovar sur le déclin du cinéma espagnol. Je suis allé voir mon premier Michelangelo Antonioni dans ce contexte. Le rapport ? C'est en fait que Femmes entre elles, sorti en 1955, a pu bénéficier d'un programme de restauration des longs-métrages italiens classiques par la Cinémathèque de Bologne. Le résultat est splendide !
Or, dans le débat qui a suivi la projection, l'animateur de l'association présentant ce long-métrage méconnu nous l'a expliqué: l'organisme transalpin devait bénéficier des crédits pour "traiter" deux films chaque mois. Finalement, le budget qui lui a été octroyé ne lui permet de ne sauver "que" deux films par an ! Choix ardu ! Le vieux cinéma d'auteur italien est donc en danger, alors même que je commence simplement à le découvrir. Des explications données, j'ai retenu aussi que Femmes entre elles marquait déjà un tournant, qu'il était empreint de modernité - le terme a alimenté les discussions. Je vais vous dire sans plus de délai que je l'ai en tout cas vraiment apprécié.
Le personnage principal, Clelia, s'installe dans un hôtel de Turin, ville prospère où elle va occuper la direction de la succursale d'une maison de haute couture. Plus tard, on découvrira qu'en fait, elle y revient, ayant passé son enfance dans les bas quartiers de la ville. L'intrigue démarre sur la tentative de suicide d'une autre femme, retrouvée inconsciente sur le lit de la chambre voisine. Rosetta, qu'un lavage d'estomac va sauver in extremis, sympathise aussitôt avec Clelia. Rapidement, cette dernière rejoint le groupe d'amies de la miraculée. Femmes entre elles déploie alors son argument et, sans livrer le fond de sa pensée, le maître Antonioni y peint une très frivole bourgeoisie.
C'est en cela que le film est jugé moderne. À son arrivée en France courant 1957, il a surpris: le public attendait plutôt un nouvel exemple de la noirceur du cinéma néoréaliste italien, plongé dans les milieux sociaux ultra-défavorisés d'après-guerre. L'éclat des toilettes portées par ces dames est tout à fait trompeur: sous les dorures d'une vie confortable, la majorité d'entre elles dissimule fort mal l'arrogance coutumière de celles qui croient que tout leur est dû. Au petit jeu féroce des faux semblants, les prétendues amies ne comptent guère que comme faire-valoir. Les hommes, eux, s'effacent: ils paraissent interchangeables et ça leur convient. Femmes entre elles, jeu cruel.
Il me faudra voir d'autres Antonioni pour resituer ce long-métrage dans son contexte filmographique. J'ai abordé le travail du cinéaste avec un plaisir indéniable - la propreté et la netteté de la copie y sont pour quelque chose. L'expert de la soirée avait aussi cru bon d'attirer notre attention sur la profondeur de champ de certains plans. Je peux et veux confirmer: dans ce somptueux noir et blanc, il se passe toujours quelque chose à l'image et pas juste autour des personnages principaux d'une scène donnée. Femmes entre elles est le beau fruit d'une impeccable direction d'acteurs. Ce que les uns et les autres endurent peut sembler relever d'un autre temps. Pas si sûr, en fait...
Femmes entre elles
Film italien de Michelangelo Antonioni (1955)
Si le titre de ma chronique reprend celui d'une comédie décalée d'anciens Monty Python, ne vous attendez pas à rire ici ! Récompensé à Venise en 1955, le film tient plutôt du drame moraliste et cynique. Le fait est pourtant qu'Antonioni ne porte aucun jugement de valeur définitif sur ses personnages, laissant le spectateur se dépatouiller avec son propre ressenti. Les littéraires pourront noter qu'il adapte ici un roman du Turinois Cesare Pavese, issu du triptyque Le bel été.
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J'ai encore une toute petite chose à dire...
Je n'ai pas comparé le film avec un autre: je crois que mes lacunes sur le cinéma italien demeurent encore trop importantes pour oser. Libre à vous en revanche d'aller lire mes amis de "L'oeil sur l'écran".
Or, dans le débat qui a suivi la projection, l'animateur de l'association présentant ce long-métrage méconnu nous l'a expliqué: l'organisme transalpin devait bénéficier des crédits pour "traiter" deux films chaque mois. Finalement, le budget qui lui a été octroyé ne lui permet de ne sauver "que" deux films par an ! Choix ardu ! Le vieux cinéma d'auteur italien est donc en danger, alors même que je commence simplement à le découvrir. Des explications données, j'ai retenu aussi que Femmes entre elles marquait déjà un tournant, qu'il était empreint de modernité - le terme a alimenté les discussions. Je vais vous dire sans plus de délai que je l'ai en tout cas vraiment apprécié.
Le personnage principal, Clelia, s'installe dans un hôtel de Turin, ville prospère où elle va occuper la direction de la succursale d'une maison de haute couture. Plus tard, on découvrira qu'en fait, elle y revient, ayant passé son enfance dans les bas quartiers de la ville. L'intrigue démarre sur la tentative de suicide d'une autre femme, retrouvée inconsciente sur le lit de la chambre voisine. Rosetta, qu'un lavage d'estomac va sauver in extremis, sympathise aussitôt avec Clelia. Rapidement, cette dernière rejoint le groupe d'amies de la miraculée. Femmes entre elles déploie alors son argument et, sans livrer le fond de sa pensée, le maître Antonioni y peint une très frivole bourgeoisie.
Femmes entre elles
Film italien de Michelangelo Antonioni (1955)
Si le titre de ma chronique reprend celui d'une comédie décalée d'anciens Monty Python, ne vous attendez pas à rire ici ! Récompensé à Venise en 1955, le film tient plutôt du drame moraliste et cynique. Le fait est pourtant qu'Antonioni ne porte aucun jugement de valeur définitif sur ses personnages, laissant le spectateur se dépatouiller avec son propre ressenti. Les littéraires pourront noter qu'il adapte ici un roman du Turinois Cesare Pavese, issu du triptyque Le bel été.
J'ai encore une toute petite chose à dire...
Je n'ai pas comparé le film avec un autre: je crois que mes lacunes sur le cinéma italien demeurent encore trop importantes pour oser. Libre à vous en revanche d'aller lire mes amis de "L'oeil sur l'écran".
1 commentaire:
Bonjour, je n'ai vu ce film qu'une fois mais je l'avais trouvé splendide. Antonioni savait rendre les femmes très belles et en plus c'est un film accessible. Bonne après-midi.
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