J'avoue avoir un peu hésité avant d'évoquer Le premier cri. Exception faite de deux enquêtes de Michael Moore, je n'ai jamais parlé ici de documentaires, uniquement d'oeuvres de fiction. Il faut dire que ma très faible consommation de télévision ne favorise pas la découverte de reportages en images et que je n'ai jamais cherché à compenser cette possible lacune grâce à d'autres supports - le DVD notamment. Malgré tout, quelque peu intrigué par ce film, j'ai profité qu'une de mes collègues l'ait retenu dans notre sélection Fnac pour le regarder à mon tour. Je savais que l'idée de départ consistait à suivre des accouchements dans le monde entier, mais sans guère plus de précisions. C'est donc d'un oeil quasiment vierge, si j'ose dire, que j'ai découvert le travail du Français Gilles de Maistre. Premier point à signaler: il m'a plutôt convaincu et plu. J'avais objectivement un a priori positif, mais ça n'était pas gagné d'avance pour autant. En somme, et tout simplement, je demandais à voir.
Ensuite, je n'ai pas pris le temps d'en visionner le making of. En tant que journaliste, je peux toutefois facilement supposer tout ce qu'il a fallu de confiance réciproque entre le réalisateur et les femmes concernées par le film pour tourner ces images, très souvent magnifiques, toujours intimes. D'un tel thème, universel par nature, mon confrère fabrique un message international: c'est là à mes yeux le principal intérêt de la démarche. Je m'explique: Le premier cri n'affirme pas qu'avoir un enfant fait de ces femmes des égales. Bien au contraire, il illustre par l'exemple le fait qu'une naissance est vécue et ressentie différemment selon la personnalité de la maman, celle de son compagnon, leur vie plus ou moins commune, l'entourage affectif, la condition sociale et de multiples autres facteurs. Regarder ce film, sorti au cinéma fin octobre 2007, c'est donc assurément partager des instants uniques, mais pas seulement. C'est aussi se donner la possibilité d'un peu mieux cerner notre monde. Ainsi, les circonstances et conséquences de l'arrivée de ces bébés sont-elles presque à chaque fois différentes. Il y a cette attente, d'abord, bien souvent du bonheur aussi, mais également des peurs, de l'émotion et parfois du drame. Je l'ai ressenti ainsi, en tout cas. Je vous laisse vous forger une opinion. Pour le coup, la mienne semble correspondre avec la volonté didactique de l'auteur.
Gilles de Maistre explique que l'idée du film lui est venue après avoir eu l'opportunité de filmer plusieurs naissances dans une maternité parisienne. Cette fois, l'une des femmes qu'il nous présente est d'ailleurs française. La liste des autres pays visités est bien sûr plus longue, du Mexique au Vietnam, en passant par la Russie sibérienne, l'Inde ou le Niger. Les pays les plus développés - Japon ou Etats-Unis - ne sont pas forcément ceux qui ont les naissances les plus "simples" ou les plus douces. Bref, devant Le premier cri, on s'ouvre inévitablement à autre chose que nos préjugés sur la vie et l'idéal familial. Espérant vous encourager à découvrir cette compilation impressionnante, je dirais pour finir qu'il m'est arrivé d'être surpris. Par cette maman qui espère avoir un garçon pour ne pas devoir payer une dot dans le futur, et, en écho, par cette autre qui souhaite avoir une fille, pour que son époux puisse recevoir aussitôt les hommages et cadeaux des prétendants au mariage futur. Ces différences d'approche me font espérer que Gilles de Maistre puisse désormais accomplir un autre de ses projets : il paraît qu'il prépare actuellement Le dernier souffle, un film du même genre consacré cette fois à la perception de la mort dans diverses sociétés humaines.
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