La crise politique, l'Ukraine, Gaza... il me semble que l'Iran est passé au quatrième rang - ou pire ! - de nos "préoccupations" actuelles. Sorti fin août, La femme qui en savait trop le replace sur le devant de la scène en concentrant son propos sur quelques personnages. Parmi eux, Tarlan, une ancienne professeure de danse et syndicaliste.
Le film s'ouvre sur un (très beau) plan-séquence lors d'une répétition. Tarlan apprécie la compagnie de sa fille adoptive et de sa petite-fille. Mais le ton se fait vite plus grave: la plus jeune des deux adultes subit la violence de son mari et, soudain, a des ennuis avec la police parce qu'elle ne porte pas son hijab. Il se passe quelques minutes avant que nous découvrions... qu'elle a été tuée, et peut-être bien par cet époux indigne. C'est sur cette hypothèse que le scénario construit le suspense que nous promettait le titre à la Hitchcock choisi pour la version francophone du long-métrage. Je ne pense pas qu'il faille cependant le qualifier de thriller ou même de film policier. La femme qui en savait trop s'intéresse davantage aux convictions et aux actions de sa principale protagoniste qu'à la stricte vérité. D'ailleurs, si meurtre il y a eu, il n'est que suggéré, jamais montré. Tourné dans la clandestinité, le film évolue de fait sur un fil. Tendu...
Aussitôt son travail terminé, le réalisateur s'est exilé en Allemagne. C'est probablement ce qui explique la nationalité officielle de l'opus débarqué dans nos salles de cinéma le mois dernier, dont la langue demeure toutefois le farsi. Anecdote intéressante: pour le seconder dans l'écriture du script, le cinéaste a aussi fait appel à un confrère prestigieux, lui-même en délicatesse avec le régime: Jafar Panahi. Oui, le lauréat de la Palme d'or cette année - j'en reparlerai bientôt ! Orienté autour de la superbe Maryam Boubani, une actrice militante concrètement engagée sur le terrain, La femme qui en savait trop évoque sobrement le combat du mouvement Femme, Vie, Liberté. Bravo à deux autres comédiennes: Hana Kamkar et Ghazal Shojaei. Les rôles masculins ne sont pas moins intéressants: il est donc juste de relever la contribution de Nader Naderpour et Abbas Imani, interprètes du gendre de Tarlan et de son fils, à la réussite du film. Un propriétaire ambigu ou un policier... d'autres incarnations viriles parsèment le récit. Ce serait regrettable de ne pas vouloir l'entendre !
La femme qui en savait trop
Film (irano ?-)austro-allemand de Nader Saeivar (2025)
Du bon grain à moudre, en attendant l'arrivée de la Palme mercredi prochain: il me semble nécessaire de soutenir ce cinéma courageux. Souvenez-vous: l'année dernière, Les graines du figuier sauvage s'inscrivait dans le même contexte sociétal. Nous avons de la chance de pouvoir découvrir ces films, comme d'autres avant eux: Les chats persans, Une séparation, Un homme intègre, Leila et ses frères...
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Et parmi les avis sur le film du jour...
Je vous suggère désormais d'aller (re)lire celui de notre amie Dasola. Arrivé un peu plus tard, celui de Pascale mérite aussi votre attention.
Le film s'ouvre sur un (très beau) plan-séquence lors d'une répétition. Tarlan apprécie la compagnie de sa fille adoptive et de sa petite-fille. Mais le ton se fait vite plus grave: la plus jeune des deux adultes subit la violence de son mari et, soudain, a des ennuis avec la police parce qu'elle ne porte pas son hijab. Il se passe quelques minutes avant que nous découvrions... qu'elle a été tuée, et peut-être bien par cet époux indigne. C'est sur cette hypothèse que le scénario construit le suspense que nous promettait le titre à la Hitchcock choisi pour la version francophone du long-métrage. Je ne pense pas qu'il faille cependant le qualifier de thriller ou même de film policier. La femme qui en savait trop s'intéresse davantage aux convictions et aux actions de sa principale protagoniste qu'à la stricte vérité. D'ailleurs, si meurtre il y a eu, il n'est que suggéré, jamais montré. Tourné dans la clandestinité, le film évolue de fait sur un fil. Tendu...
Aussitôt son travail terminé, le réalisateur s'est exilé en Allemagne. C'est probablement ce qui explique la nationalité officielle de l'opus débarqué dans nos salles de cinéma le mois dernier, dont la langue demeure toutefois le farsi. Anecdote intéressante: pour le seconder dans l'écriture du script, le cinéaste a aussi fait appel à un confrère prestigieux, lui-même en délicatesse avec le régime: Jafar Panahi. Oui, le lauréat de la Palme d'or cette année - j'en reparlerai bientôt ! Orienté autour de la superbe Maryam Boubani, une actrice militante concrètement engagée sur le terrain, La femme qui en savait trop évoque sobrement le combat du mouvement Femme, Vie, Liberté. Bravo à deux autres comédiennes: Hana Kamkar et Ghazal Shojaei. Les rôles masculins ne sont pas moins intéressants: il est donc juste de relever la contribution de Nader Naderpour et Abbas Imani, interprètes du gendre de Tarlan et de son fils, à la réussite du film. Un propriétaire ambigu ou un policier... d'autres incarnations viriles parsèment le récit. Ce serait regrettable de ne pas vouloir l'entendre !
La femme qui en savait trop
Film (irano ?-)austro-allemand de Nader Saeivar (2025)
Du bon grain à moudre, en attendant l'arrivée de la Palme mercredi prochain: il me semble nécessaire de soutenir ce cinéma courageux. Souvenez-vous: l'année dernière, Les graines du figuier sauvage s'inscrivait dans le même contexte sociétal. Nous avons de la chance de pouvoir découvrir ces films, comme d'autres avant eux: Les chats persans, Une séparation, Un homme intègre, Leila et ses frères...
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Et parmi les avis sur le film du jour...
Je vous suggère désormais d'aller (re)lire celui de notre amie Dasola. Arrivé un peu plus tard, celui de Pascale mérite aussi votre attention.
2 commentaires:
Déçue comme tu sais par le traitement un peu "mou", par le fait que le réalisateur semble perdre son sujet en chemin, par l'actrice qui manque d'expressivité...
Et dans la liste des horreurs passées complètement sous silence, il y a le sort (le pire du monde je crois) des femmes afghanes qui ont été laissées sous les décombres d'un séisme parce que les hommes (soignants) ne peuvent les approcher.
A vomir.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/09/12/seisme-en-afghanistan-les-femmes-privees-de-soins-en-raison-des-regles-religieuses-edictees-par-les-talibans_6640616_3244.html
Je ne suis pas d'accord avec beaucoup de tes arguments, mais je peux les admettre.
Personnellement, je trouve au contraire que le sujet est tenu et très correctement traité.
Oui, on parle des femmes iraniennes, mais en Afghanistan... c'est assurément encore pire !
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