vendredi 16 mars 2018

Au bord de l'eau

Chose promise, chose due: je redonne aujourd'hui la parole à Joss. Elle a un film à vous présenter et je ne veux pas en dire davantage...

Et maintenant, place à la présentation d’un premier film sélectionné au French Riviera Motorcycle Film Festival ! Ayant déjà largement développé l’esprit de cet événement, je me concentrerai sur le plus court métrage de la sélection, Trois pêcheurs ! Une incroyable participation de sept minutes, que le public a détesté… ou adoré ! Bref, un film résolument anti-tiédeur.

Synopsis:
Il était une fois, par une belle journée d'été, trois pêcheurs installés au bord de l'eau, dans le calme de la nature, quand soudain, un évènement pourrait bien les en détourner…

Distribution:
Jean-Pierre Baudson, Francesco Mormino, Thierry Tinlot.

Réalisation:
Axel Du Bus (Belgique).

Contre toute attente, il s'agit bien d'un film qui parle de moto. Mais n'imaginez pas une seule seconde quitter ce bord de rivière paisible pour un engin débridé ! Trois pêcheurs a le don de nous amener loin de ce qu'il semble donner a priori. Ouvert sur une sublime vallée, le panoramique du début est une vraie respiration, qu'il prolonge d'un long plan tout aussi esthétique: une rivière qui serpente entre les arbres et que l'on prend d'emblée pour une route tant l'eau y est plate. D'ailleurs, le bouchon de la canne à pêche se confondrait presque avec les feuilles flottant à la surface, bougeant à peine.

Un premier pêcheur, la soixantaine bien tassée, contemple l'eau et ne tarde pas à sortir sa bouteille de vin qu'il éclusera jusqu'à la fin. Un second arrive sur son vélo, la quarantaine bien tassée, et le salut-salut donne le ton: ils se connaissent bien, mais ne se racontent rien. Leurs regards rivés uniformément à la surface de l'eau quasi-stagnante, leurs sièges et leurs nasses parfaitement alignées. Exit l'ouverture sur la vallée, nous devenons les spectateurs d'une pièce de théâtre, comme assis de l'autre côté de la rivière, face à la scène.

L'arrivée du deuxième pêcheur, puis du troisième et dernier larron, la cinquantaine bien tassée, fait aussi la démonstration d'une gestuelle préparatoire à la pêche assise. Comme de vrais sportifs, ils s'étirent et respirent profondément. On y est. Le premier sirotant sa bouteille sur un tabouret pliant, le second tirant sur sa cigarette assis sur sa boîte à matériel, et enfin le troisième sur son transat, tiré à quatre épingles et se cachant derrière ses lunettes noires à l'italienne.

À la fois identiques et très différents, les trois pêcheurs continuent à regarder l'eau et à ne surtout rien échanger. Aucun ne semble véritablement observer la nature, mais en faire partie intégrante, l'espace de quelques heures. Au rythme du soleil qui tourne (grâce à un plan sur les plus hautes branches), forêt, rivière et hommes ne font plus qu'un, sur fond de chants d'oiseaux et de feuillages bruissant sous le vent, seulement parfois entrecoupés par le bruit du bouchon de la bouteille de vin. Les trois pêcheurs et la nature en harmonie parfaite. Mais à quoi pensent-ils ? Et d’abord, pensent-ils ?

Seul le vrombissement lointain d’une moto les fera réagir. N'attendez pas de grands discours: on n'atteint pas la dizaine de mots pour tout le film. Attachez-vous à la façon dont vit leur relation. Le sexagénaire se saisira d'un prétexte pour quitter les lieux (sa bouteille est épuisée), tandis que les deux autres persisteront. J'ai vraiment adhéré à la vocation de ce (très) court-métrage et vous recommande vivement son offre durée-qualité.

Mais au fait... Honda ou Yamaha ?

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Quel que soit votre modèle préféré ou l'intensité de votre passion pour la moto, n'hésitez pas à commenter ces chroniques de Joss ! Notre amie reviendra, le mois prochain, vous parler d'un autre film...

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