Bon... première chronique de film de l'année ! Vous vous souvenez que le dernier opus présenté ici avant mes vacances était l'oeuvre d'Ernst Lubitsch ? Pour le plaisir, j'ai décidé de consacrer mon texte de reprise à un autre des longs-métrages de ce même réalisateur. Guidé par le programme télé, mon choix s'est arrêté sur Ninotchka...
Cela peut surprendre, mais je crois que je n'avais encore jamais vu de film avec Greta Garbo. C'est un peu après avoir découvert celui-là que j'ai cherché à en savoir plus sur celle qu'on appelait "La Divine". Bien m'en a pris: je sais maintenant que Ninotchka est considéré comme une oeuvre atypique dans sa filmographie. La comédienne était souvent perçue comme une femme aussi belle qu'inaccessible. Elle dédaignait ses fans, ne se rendait pas aux soirées de premières et n'accordait jamais d'interview. Or, dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, elle évolue (presque) à contre-emploi: elle joue un rôle comique et mieux, ainsi que le mentionnait l'affiche, elle ose rire ! Encore faut-il que je précise que ce rire soudain marque une évolution de son personnage: au départ, cette agente de la Russie soviétique venue à Paris récupérer, au bénéfice de la seule Révolution, le bijou d'une ancienne princesse... cette agente, oui, se montre très austère.
Heureusement, l'amour s'en mêlera et vous verrez que la Bolchevique convaincue oubliera rapidement les devoirs inhérents à sa mission. Conséquence: le film fut interdit dans les pays de l'ex-bloc de l'Est. Maintenant que de très longues années ont passé, on peut le voir comme un petit miracle, la Metro Goldwyn Mayer ayant d'abord prévu de le confier à George Cukor. Après son renoncement, Ernst Lubitsch accepta donc de reprendre le projet au pied levé, non sans imposer d'importantes modifications au scénario, en partie revu par ses amis et collaborateurs, parmi lesquels on retrouvait un certain Billy Wilder. Ninotchka est admis aujourd'hui comme l'un des meilleurs classiques de son temps: à ce titre, il est entré à la Bibliothèque du Congrès américain en 1990. J'ai aimé son regard porté sur Paris, que le génie des studios hollywoodiens réinvente jusqu'au sommet de la tour Eiffel. Voilà... en un mot comme en cent, rien à redire: c'était un pur régal !
Ninotchka
Film américain d'Ernst Lubitsch (1939)
L'histoire retient que c'est aussi parce qu'il attendait une disponibilité de Margaret Sullavan et James Stewart que le cinéaste tourna ce film avant de réaliser Rendez-vous (de très peu supérieur à mes yeux). J'admire ce type de longs-métrages, aptes à ré-enchanter le monde dans une époque "compliquée". Le dictateur demeurera le numéro 1 de mon coeur, mais il reste de la place. Des suggestions, les ami(e)s ?
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Allons voir ailleurs, voulez-vous ?
C'est l'occasion de lire une autre chronique de "L'oeil sur l'écran". Ideyvonne, elle, nous parle du chef costumier et du chef décorateur. Quant à Eeguab, en bon gentleman, il se dévoue tout entier à Greta !
Cela peut surprendre, mais je crois que je n'avais encore jamais vu de film avec Greta Garbo. C'est un peu après avoir découvert celui-là que j'ai cherché à en savoir plus sur celle qu'on appelait "La Divine". Bien m'en a pris: je sais maintenant que Ninotchka est considéré comme une oeuvre atypique dans sa filmographie. La comédienne était souvent perçue comme une femme aussi belle qu'inaccessible. Elle dédaignait ses fans, ne se rendait pas aux soirées de premières et n'accordait jamais d'interview. Or, dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, elle évolue (presque) à contre-emploi: elle joue un rôle comique et mieux, ainsi que le mentionnait l'affiche, elle ose rire ! Encore faut-il que je précise que ce rire soudain marque une évolution de son personnage: au départ, cette agente de la Russie soviétique venue à Paris récupérer, au bénéfice de la seule Révolution, le bijou d'une ancienne princesse... cette agente, oui, se montre très austère.
Heureusement, l'amour s'en mêlera et vous verrez que la Bolchevique convaincue oubliera rapidement les devoirs inhérents à sa mission. Conséquence: le film fut interdit dans les pays de l'ex-bloc de l'Est. Maintenant que de très longues années ont passé, on peut le voir comme un petit miracle, la Metro Goldwyn Mayer ayant d'abord prévu de le confier à George Cukor. Après son renoncement, Ernst Lubitsch accepta donc de reprendre le projet au pied levé, non sans imposer d'importantes modifications au scénario, en partie revu par ses amis et collaborateurs, parmi lesquels on retrouvait un certain Billy Wilder. Ninotchka est admis aujourd'hui comme l'un des meilleurs classiques de son temps: à ce titre, il est entré à la Bibliothèque du Congrès américain en 1990. J'ai aimé son regard porté sur Paris, que le génie des studios hollywoodiens réinvente jusqu'au sommet de la tour Eiffel. Voilà... en un mot comme en cent, rien à redire: c'était un pur régal !
Ninotchka
Film américain d'Ernst Lubitsch (1939)
L'histoire retient que c'est aussi parce qu'il attendait une disponibilité de Margaret Sullavan et James Stewart que le cinéaste tourna ce film avant de réaliser Rendez-vous (de très peu supérieur à mes yeux). J'admire ce type de longs-métrages, aptes à ré-enchanter le monde dans une époque "compliquée". Le dictateur demeurera le numéro 1 de mon coeur, mais il reste de la place. Des suggestions, les ami(e)s ?
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Allons voir ailleurs, voulez-vous ?
C'est l'occasion de lire une autre chronique de "L'oeil sur l'écran". Ideyvonne, elle, nous parle du chef costumier et du chef décorateur. Quant à Eeguab, en bon gentleman, il se dévoue tout entier à Greta !
16 commentaires:
Ah Greta Garbo, qu'on confondait souvent - parait-il - avec Marlene Dietrich. Je les aime beaucoup toutes les deux, sur le même pied d'égalité. Il faut voir toute la dignité que Greta Garbo apporta à son personnage Anna Karénine de Clarence Brown, rôle qu'elle endossait pour la deuxième fois. Figure-toi que Ninotchka fut mon premier film du réalisateur Ernst Lubitsch. Ce fut un véritable coup de foudre et il garde, à mes yeux, une place à part (comme toutes les premières fois qui comptent, pas vrai ?). Contente qu'il t'ai plu également, voilà une année 2018 qui commence bien :)
Maintenant que tu le dis, c'est vrai qu'il y a un petit quelque chose entre Greta et Marlene.
Ce n'est pas seulement du talent dont je parle. Il me reste tant à découvrir sur ce (double) sujet...
La découverte d'Ernst Lubitsch avec "Ninotchka"... pas étonné que ça t'ait marquée.
Je note "Anna Karénine" dans un coin de ma tête pour saisir une éventuelle occasion.
Dis donc, on est encore en pleine année de la Sentinelle russophile ou c'est une impression ???
Bon retour Martin ! "Garbo rit" disait l'argument de vente. Pas le meilleur Lubitsch, loin de là (je lui préfère une bonne demi-douzaine de films du maitre de la comédie), mais très agréable quand même ce NInotchka.
Bonjour Martin. On vient de me le prêter. Je ne l'ai vu qu'une fois il y un bail. Je vais me faire le plaisir de le revoir mais un peu plus tard. Très occupé avec mes interventions sur musique et cinéma. Merci du lien.
Martin :Dis donc, on est encore en pleine année de la Sentinelle russophile ou c'est une impression ???
Heu, tu as raison, je continue bel et bien sur ma lancée : j'ai vu récemment Le cuirassé Potemkine de Sergueï Eisenstein et Arsenal d'Alexandre Dovjenko, tout ayant commencé la lecture de La Guerre et la Paix de Tolstoï. Pourquoi m'arrêter en si bon chemin ? ;-)
@Strum:
Merci, l'ami ! Savoir qu'il existe plusieurs Lubitsch encore meilleurs me réjouit.
J'aimerais bien en voir un muet, en fait. Mais ça ne s'annonce pas facile d'en dénicher un...
@Eeguab:
Hé oui, j'imagine que tu as un planning chargé qui redéfinit tes priorités !
En attendant, j'admets volontiers que je serai curieux de lire ton avis sur ce "Ninotchka".
@Sentinelle:
Ah ah ! Mes impressions se confirment, on dirait. Je t'ai démasquée !
Cela dit, c'est vrai: pourquoi s'arrêter ? Moi, il faudrait que je m'y remette...
Incroyable je découvre qu'Ernst Lubitsch est mort à 55 ans alors quil a tourné 100 films (j'ai pas compté).
Je te recommande Le ciel peut attendre avec la Divine Gene. Je trouve qu'elle dépasse toutes les actrices de l'époque en beauté et intensité.
Quant à Garbo c'était La star. Elle faisait son boulot sans se soumettre au Barnum à côté. Elle n'était pas bien sympathique mais ce nest pas qu'on attendait d'elle. Elle a en effet du sourire 3 fois dans sa vie. Comme Yoda :-))
Martin, s'agissant des Lubitsch muets, tu peux commencer par L'Eventail de Lady Windermere qui est formidable et se trouve facilement en DVD. J'appuie la recommandation de Pascale : Le Ciel peut attendre, quel beau film...
A Sentinelle : Ah, Guerre et paix, le Prince André, Natacha, Pierre Bezoukhov, quel beau livre... (à l'exception des 50 dernières pages, un peu verbeuses)
@Pascale:
Comme quoi, on en apprend tous les jours avec les grands artistes.
Merci pour ta suggestion. Je parlerai de Gene Tierney d'ici quelque temps. Chronique en préparation.
Pour ce qui est de Greta Garbo, je te donne raison: on ne lui demandait pas d'assurer le service après vente.
Bonjour Martin, tu me donnes envie de revoir ce Ninotchka. GG a relativement tourné peu de films mais je garde un bon souvenir de La Reine Christine et de son dernier "La femme aux deux visages". Bonne après-midi.
@Strum:
Merci pour ce double avis, fait d'une suggestion et d'une confirmation.
Je ne vais pas me replonger dans la filmo de Lubitsch tout de suite, mais je note ça sur mes tablettes.
@Dasola:
Ah ! On est en même temps dans la section "commentaires" !
Merci pour ces suggestions pour retrouver la Divine. J'ai tant à découvrir !
Voici un lien très intéressant pour mieux connaître Lubitsch et son rapport de réalisateur avec Garbo : http://www.telerama.fr/cinema/lubitsch-se-met-a-table,60203.php
Chouette papier, il est vrai. Merci pour la trouvaille, chère Ideyvonne !
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