Je n'ai pas envie de passer trop de temps sur Detroit. Le dernier film de Kathryn Bigelow m'a intéressé et me paraît délivrer un message important, mais je n'y ai pas vu le chef d'oeuvre décrit par certains. Disons donc que, dans l'Amérique de Donald Trump, il est rassurant que Hollywood "balance" toujours de tels récits, et détaillons un peu...
L'histoire vraie (du film) nous emmène donc aux States, en 1967. Autant vous le rappeler: à l'époque, les Afro-américains ne voient leurs droits civiques reconnus que depuis quelques années seulement. L'autorité policière du Michigan, elle, continue de mener une politique franchement discriminatoire, en malmenant les Noirs sans se soucier de faire de différence entre les honnêtes citoyens et les délinquants. Bientôt, ce véritable racisme institutionnel entraîne des émeutes importantes, ce qui, bien évidemment, n'arrange pas les choses ! Après avoir fait état de ce contexte bouillant, Detroit nous embarque dans une longue nuit à huis clos, aux côtés de jeunes Blacks musiciens et de flics à 100% convaincus... qu'ils leur ont tiré dessus. Je simplifie. Mais j'insiste: tout ce qui suivra est bel et bien arrivé...
Derrière ces images de tension, c'est certain: il y a du savoir-faire. Une fois qu'elle est entrée dans le vif du sujet, la caméra ne lâche presque rien pendant environ une heure et demie - avant un épilogue un peu moins oppressant (encore que... ça peut aussi se discuter !). Jusqu'à quatre caméras ont été utilisées simultanément pour saisir l'ensemble des expressions des acteurs, dans une gamme qui passe allégrement de la colère à l'effroi, quand elle ne mélange pas tout. Franchement, sur ce plan, rien à redire: Detroit est une réussite. Maintenant, sans aller jusqu'à dénoncer son manichéisme, je regrette sa linéarité: il est très facile d'anticiper ce qui va se passer, au point qu'on ne puisse pas, à mon avis, parler d'intrigue à rebondissements. Bon... toute l'affaire est certes suffisamment édifiante en elle-même pour qu'il ne soit pas utile d'en rajouter. Et cela reste du bon boulot ! Je ne serais pas étonné que l'Académie des Oscars partage cet avis...
Detroit
Film américain de Kathryn Bigelow (2017)
Je n'ai pas - encore - vu Démineurs, le film qui valut à la cinéaste d'obtenir six Oscars de 2010. Son Zero dark thirty (2012) m'avait plu. "Avec Detroit, j'ai fait mon devoir", a-t-elle assuré. Admettons. Reste que, pour évoquer la cause des Noirs, je suis plus sensible à Loving. Nul doute que nous verrons venir d'autres films sur le sujet. Vous avez des classiques en tête, hormis Dans la chaleur de la nuit ? J'écoute !
----------
Pour prolonger le débat...
Vous pouvez désormais aller lire les chroniques de Pascale et Dasola.
L'histoire vraie (du film) nous emmène donc aux States, en 1967. Autant vous le rappeler: à l'époque, les Afro-américains ne voient leurs droits civiques reconnus que depuis quelques années seulement. L'autorité policière du Michigan, elle, continue de mener une politique franchement discriminatoire, en malmenant les Noirs sans se soucier de faire de différence entre les honnêtes citoyens et les délinquants. Bientôt, ce véritable racisme institutionnel entraîne des émeutes importantes, ce qui, bien évidemment, n'arrange pas les choses ! Après avoir fait état de ce contexte bouillant, Detroit nous embarque dans une longue nuit à huis clos, aux côtés de jeunes Blacks musiciens et de flics à 100% convaincus... qu'ils leur ont tiré dessus. Je simplifie. Mais j'insiste: tout ce qui suivra est bel et bien arrivé...
Derrière ces images de tension, c'est certain: il y a du savoir-faire. Une fois qu'elle est entrée dans le vif du sujet, la caméra ne lâche presque rien pendant environ une heure et demie - avant un épilogue un peu moins oppressant (encore que... ça peut aussi se discuter !). Jusqu'à quatre caméras ont été utilisées simultanément pour saisir l'ensemble des expressions des acteurs, dans une gamme qui passe allégrement de la colère à l'effroi, quand elle ne mélange pas tout. Franchement, sur ce plan, rien à redire: Detroit est une réussite. Maintenant, sans aller jusqu'à dénoncer son manichéisme, je regrette sa linéarité: il est très facile d'anticiper ce qui va se passer, au point qu'on ne puisse pas, à mon avis, parler d'intrigue à rebondissements. Bon... toute l'affaire est certes suffisamment édifiante en elle-même pour qu'il ne soit pas utile d'en rajouter. Et cela reste du bon boulot ! Je ne serais pas étonné que l'Académie des Oscars partage cet avis...
Detroit
Film américain de Kathryn Bigelow (2017)
Je n'ai pas - encore - vu Démineurs, le film qui valut à la cinéaste d'obtenir six Oscars de 2010. Son Zero dark thirty (2012) m'avait plu. "Avec Detroit, j'ai fait mon devoir", a-t-elle assuré. Admettons. Reste que, pour évoquer la cause des Noirs, je suis plus sensible à Loving. Nul doute que nous verrons venir d'autres films sur le sujet. Vous avez des classiques en tête, hormis Dans la chaleur de la nuit ? J'écoute !
----------
Pour prolonger le débat...
Vous pouvez désormais aller lire les chroniques de Pascale et Dasola.
6 commentaires:
Elle se prend pas pour de la crotte la Bigelow.:-)
Ce film est son meilleur d'après moi.
Je te dirais bien de ne pas perdre ton temps avec Démineurs... lis ma note.
Il y a Devine qui vient dîner ce soir.
Et récemment le film avec le beau black invité dans la famille de sa blonde copine. Le film a eu un accueil critique dithyrambique. Moi j"etais plus réservée.
Elle était en couple avec James Cameron. La prétention doit être contagieuse !
Personnellement, je préfère "Zero dark thirty", plus intense et mieux joué à mon goût.
Merci pour tes pistes d'autres films. "Devine qui vient dîner" est l'un des films cultes.
Pour ce qui est de "Get out", je l'ai loupé au cinéma, mais je le rattraperai sûrement un jour.
Cameron n'est pas prétentieux. La preuve il s'est marié avec la petite fille de John Dawson du Titanic beaucoup moins bankable que la Bigelow. Cela dit au moins elle ne lui fait pas d'ombre.
Ah oui Get out. Très bien.
Zero plus intense ??? Ben dis donc, la scène de l'hôtel j'ai cru que j'allais faire un infarctus.
Il faut que je te retrouve une vieille interview de l'ami Jim. Il se la racontait pas mal.
La scène de l'hôtel est intense, c'est vrai, mais assez prévisible. C'est le temps fort du film, oui.
Prétentieuse ou pas, moi je l'aime la Bigelow. J'ai regretté par contre l'introduction "écrite", ça reste toujours un peu trop rapide, un peu trop abstrait. On a envie de se précipiter sur Wikipédia... Idem à la fin d'ailleurs, j'aurais voulu connaître la suite, car son sait que la ville a connu beaucoup d'émeutes, puis que la chute de l'industrie automobile a fini de la détruire. Bref, en fait, il me faudrait une "série" sur Détroit !!!
Merci d'être passée mettre un petit mot ici, Chonchon.
Peut-être effectivement que le format des séries conviendrait mieux à ce genre d'histoires.
Je t'avoue que, bientôt un an après avoir vu ce "Detroit", il ne m'en reste pas grand souvenir.
Enregistrer un commentaire