Que la fête commence... il y a un bon moment que je voulais découvrir ce film de Bertrand Tavernier - le deuxième d'une carrière déjà longue, elle aussi - et pour plusieurs raisons. Je vous cite d'abord la principale: la présence du grand trio Noiret / Rochefort / Marielle. Apparu à Hollywood, le terme de "monstres sacrés" leur va bien, non ?
Nous sommes en France, en 1719. Il n'y a pas de roi sur le trône. Louis XIV est mort il y a quatre ans et son arrière-petit-fils, l'enfant qui deviendra Louis XV, est encore un peu trop jeune pour régner. L'intérim, si j'ose dire, revient à son grand-oncle, Philippe d'Orléans. Ce dernier enterre sa fille, alors qu'à la cour, les rumeurs d'inceste vont bon train. Il faut dire que le régent mène une vie dissolue, faite d'un peu de travail, mais aussi et surtout de nombreux plaisirs, au lit ou à table, quand ce n'est pas les deux (presque) à la fois. Le récit s'avère ici assez fidèle aux faits historiques connus, ce qui permet d'appréhender une personnalité complexe et un peu plus soucieuse malgré tout du bien-être du peuple que ses prédécesseur et suiveur aux commandes de l'État. Ce constat établi, la Révolution attendra...
Il y a tout de même un souffle d'insurrection dans le royaume: à vous désormais de découvrir la manière dont il se développe. Que la fête commence... ne se regarde pas forcément comme un film historique classique et rigoureux, mais plutôt comme un manifeste politique. Fidèle à ses idées, Bertrand Tavernier dresse le portrait d'un homme ambigu, écartelé entre sa volonté libertaire et la réalité d'un pouvoir exercé seul ou en (tout) petit groupe. Inutile de le dire: les acteurs sont bien sûr épatants, qu'on évoque Philippe Noiret, qui compose habilement son personnage de gouvernant malgré lui, Jean Rochefort en vrai-faux ecclésiastique corrompu ou Jean-Pierre Marielle, Breton crédible et pré-révolutionnaire flamboyant ! Résultat: quatre César couronnèrent le film au cours de la première cérémonie du genre. Aujourd'hui, le spectacle reste appréciable, emballé par des dialogues ciselés et incisifs. Ce patrimoine, j'aime décidément le (re)découvrir.
Que la fête commence...
Film français de Bertrand Tavernier (1975)
Des films qui nous parlent de la Révolution française par des voies détournées, j'en connais d'autres: grand écart entre Marie-Antoinette et Lady Oscar, via Les adieux à la reine. Celui que j'ai présenté aujourd'hui est sans doute plus profond, pour ne pas dire militant. Curieusement, je l'ai apprécié également pour tout ce qu'il ne dit pas de la suite des événements. Vous resterez libres de l'imaginer aussi...
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Si vous souhaitez en savoir plus...
Vous trouverez une autre chronique du film chez "L'oeil sur l'écran".
Nous sommes en France, en 1719. Il n'y a pas de roi sur le trône. Louis XIV est mort il y a quatre ans et son arrière-petit-fils, l'enfant qui deviendra Louis XV, est encore un peu trop jeune pour régner. L'intérim, si j'ose dire, revient à son grand-oncle, Philippe d'Orléans. Ce dernier enterre sa fille, alors qu'à la cour, les rumeurs d'inceste vont bon train. Il faut dire que le régent mène une vie dissolue, faite d'un peu de travail, mais aussi et surtout de nombreux plaisirs, au lit ou à table, quand ce n'est pas les deux (presque) à la fois. Le récit s'avère ici assez fidèle aux faits historiques connus, ce qui permet d'appréhender une personnalité complexe et un peu plus soucieuse malgré tout du bien-être du peuple que ses prédécesseur et suiveur aux commandes de l'État. Ce constat établi, la Révolution attendra...
Il y a tout de même un souffle d'insurrection dans le royaume: à vous désormais de découvrir la manière dont il se développe. Que la fête commence... ne se regarde pas forcément comme un film historique classique et rigoureux, mais plutôt comme un manifeste politique. Fidèle à ses idées, Bertrand Tavernier dresse le portrait d'un homme ambigu, écartelé entre sa volonté libertaire et la réalité d'un pouvoir exercé seul ou en (tout) petit groupe. Inutile de le dire: les acteurs sont bien sûr épatants, qu'on évoque Philippe Noiret, qui compose habilement son personnage de gouvernant malgré lui, Jean Rochefort en vrai-faux ecclésiastique corrompu ou Jean-Pierre Marielle, Breton crédible et pré-révolutionnaire flamboyant ! Résultat: quatre César couronnèrent le film au cours de la première cérémonie du genre. Aujourd'hui, le spectacle reste appréciable, emballé par des dialogues ciselés et incisifs. Ce patrimoine, j'aime décidément le (re)découvrir.
Que la fête commence...
Film français de Bertrand Tavernier (1975)
Des films qui nous parlent de la Révolution française par des voies détournées, j'en connais d'autres: grand écart entre Marie-Antoinette et Lady Oscar, via Les adieux à la reine. Celui que j'ai présenté aujourd'hui est sans doute plus profond, pour ne pas dire militant. Curieusement, je l'ai apprécié également pour tout ce qu'il ne dit pas de la suite des événements. Vous resterez libres de l'imaginer aussi...
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Si vous souhaitez en savoir plus...
Vous trouverez une autre chronique du film chez "L'oeil sur l'écran".
16 commentaires:
Trio infernal en effet.
Marielle doit avoir les miquettes.
Et puis il y avait cette poupée de Christine Pascal.
Je me souviens d'une fin assez mélancolique. J'ai rêvé ?
Hello Martin. Que la fête commence est vraiment un film passionnant où l'on sent bien le souffle de l'histoire et les velléités d'un relatif changement du Régent, un personnage tout en ambiguités comme tu l'as souligné. On connait la passion de Tavernier pour l'histoire. Sur la Révolution ou ses prémices je conseillerais en vrac et modestement La nuit de Varennes, un formidable téléfilm qui fut je crois un peu distribué en salles lors du bicentenaire, 1788, de Maurice Failevic si je me souviens bien, La Marseillaise de Renoir, très orienté on s'en doute, le Danton de Wajda. Le dyptique officiel des commémorations de 1989, La Révolution Française (Les années lumière, Les années terribles) n'est pas dépourvu de qualités. A bientôt.
@Pascale:
Je ne sais pas si Marielle a les miquettes, mais il doit se sentir un peu seul.
Effectivement, il y avait Christine Pascal, jolie femme au destin funeste...
Et non, tu n'as pas rêvé, la fin est mélancolique. Voire un peu dramatique.
@Eeguab:
Ah ! Merci pour cette liste de classiques, citoyen !
"Danton" est dans ma file d'attente. On en reparlera donc un jour.
Danton.... quel film. La scène où Depardieu perd sa voix est INOUBLIABLE. Et quel casting de rêve! Avec un beau Chereau dans le rôle de Camille Desmoulins. Je ne sais plus qui était St Just.
Pardon à Martin de m'immiscer. Coproduction oblige, Saint-Just qui apparait assez peu est incarné par un acteur polonais. J'avoue ne plus du tout le visualiser.
@Pascale:
Vérification faite, l'acteur qui joue Saint-Just s'appelle… Boguslaw Linda. Inconnu au bataillon.
Comme le dit si justement Eeguab, c'est la conséquence logique de la coproduction internationale.
@Eeguab:
Mais tu es tout pardonné, cher ami ! Les immiscions érudites, je suis toujours preneur.
Il faut désormais que je me décide à voir ce "Danton", mais j'attends la bonne occasion.
Ce n'était pas Robespierre qui était interprète par un polonais ? Génial d'ailleurs.
Ah zut j'ai lu Eeguab avant de te lire.
Ok merci. Me reste plus qu'à retrouver Robespierre. Seweryn...ou un truc comme ça.
Wojcnzieh Pozniak
@Pascale 1:
C'est ce que j'ai pensé en lisant le message d'Eeguab, d'où...
@Pascale 2:
... mon envie d'aller vérifier...
@Pascale 3:
... et, grâce à toi désormais, la possibilité d'avoir aussi le nom de cet autre inconnu. Merci !
Tu dois le connaître Wojciech Pszoniak (la bonne orthographe) car il parle très bien français avec un délicieux accent et joue dans de nombreux films.
Je suis allé voir sa filmographie, du coup, mais non, sincèrement, ça ne me dit rien.
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