lundi 17 juillet 2017

Voir encore

Elle porte un prénom intensément cinématographique... et il s'avère que c'est aussi le titre du film dont elle est l'héroïne. Ava passe presque pour une ado ordinaire, mais elle ne l'est pas: un médecin l'informe que, petit à petit et irrémédiablement, elle va perdre la vue. C'est l'une des scènes qui lancent ce premier long-métrage épatant...

Au tout début, c'est en fait une plage bondée de la côte atlantique sud que filme Léa Mysius, pour ouvrir donc sa première création cinéma. Sur cette plage, un gros chien noir profite de l'endormissement d'Ava pour lui voler une portion de frites, avant son réveil en sursaut. Bientôt, on découvre que la demoiselle est en vacances avec sa mère et sa petite soeur. Espoir maternel: qu'elle puisse oublier cette cécité annoncée. Seulement voilà... Ava n'a plus l'âge des châteaux de sable et pas encore celui d'une grande fille raisonnable. Elle s'accomplit donc dans les bêtises ou se montre provocante, sans souci d'obéissance. C'est une ode à une certaine forme de liberté qui défile sous nos yeux étonnés. Car oui, je veux l'affirmer sans barguigner: ce premier opus d'une cinéaste encore jeune - Léa Mysius n'a "que" 28 ans - détonne franchement avec le commun de la production cinématographique française contemporaine. Je l'ai apprécié... pour cette même raison !

Nappé dans une bande-son impeccable et sublimé par une photo quasi-parfaite, le film m'a fait forte impression, malgré ses défauts. La fuite en avant de cette femme en devenir, soucieuse de se saisir de la beauté avant qu'elle ne disparaisse, m'a touché et m'est apparu assez juste, même si ce récit (initiatique) tient aussi du conte. L'air de ne pas y toucher, ce drôle d'objet de cinéma trouve également quelques échos dans la société occidentale que nous connaissons aujourd'hui, marquée souvent par l'aveuglement idéologique et le repli sur soi. En cela, et bien qu'il s'appuie à 90% sur un personnage adolescent, le scénario est très adulte... et assez sombre, à vrai dire. Je crois devoir souligner qu'il est aussi "sexué": je veux dire par là que quelques corps se dénudent, dont celui de la jeune fille, dévoilé dans son intégralité (attention, donc, aux yeux encore sensibles). Bon... c'est sûrement parce qu'il montre tout ce que sa jeune héroïne ne verra bientôt plus que le film a su me toucher. Une belle surprise !

Ava
Film français de Léa Mysius (2017)

J'ai très envie de voir La balade sauvage, pour comparaison: le titre du premier film de Terrence Malick (1973) me reste en mémoire depuis que je suis sorti de la salle de cinéma. Thelma et Louise demeure un autre de ces films "libres" que je veux revoir absolument. Que vous conseiller en attendant ? D'admirer d'autres filles éprises d'autonomie avec Hanna ou Tracks. Le tout dans des styles variés...

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Deux précisions qui peuvent avoir leur importance...

La jeune fille qui joue Ava s'appelle Noée Abita: ce sont ses débuts ! Elle est un peu plus âgée que son personnage: elle a 18 ans, paraît-il. Quant à Léa Mysius, elle avait déjà réalisé quelques courts-métrages et coécrit le dernier film d'Arnaud Desplechin: Les fantômes d'Ismaël.

Et un pas de plus vers un Movie Challenge complété...
Je coche aujourd'hui l'objectif n°33: "Un film avec un mariage". Aucune crainte à avoir: je n'ai rien révélé d'important sur le scénario.

2 commentaires:

Pascale a dit…

Pas eu envie...
Une ado qui va perdre la vue, ça me faisait déjà mal rien qu'à lire le synopsis.
Et la mère immature et hystérique (pourtant J'ADORE CALAMY), ça ne me disait doublement rien.

Martin a dit…

Je peux comprendre.
Qu'ajouter ? Que la cécité et l'immaturité maternelle ne sont que deux (petits) éléments du film.