dimanche 18 décembre 2016

Disparue

Gregg avec deux G: jusque dans son prénom, Gregg Araki surprend. Je suis dernièrement entré dans l'univers du cinéaste en regardant son dernier film à ce jour, White bird, adaptation cinéma du roman presque éponyme de Laura Kasischke. Je n'avais guère d'autre info quand j'ai allumé ma télé pour cette nouvelle séance de rattrapage...

Se lancer ainsi dans la découverte d'un long-métrage sans en avoir lu le pitch, je trouve que ça peut être intéressant. Cette fois, j'avais quand même deux points de repère, à savoir les deux actrices principales, Shailene Woodley et Eva Green. Sachant qu'onze années les séparent, il n'est pas très crédible que la seconde incarne la mère de la première, mais peu importe: en passant sur cette incongruité toute relative, on peut sans doute se satisfaire de ce White bird. L'intrigue repose sur la disparition soudaine d'une femme au foyer dans la classe moyenne américaine. Le film scrute les conséquences de cet événement et nous fait constater... qu'il n'y en a presque pas !

Parce qu'elle n'aimait pas son mari, parce que sa relation avec sa fille devenait de plus en plus tendue, parce que sa vie se limitait finalement à ses tâches ménagères quotidiennes, Eve Connors laisse derrière elle non pas un grand vide, mais une totale indifférence. Maintenant, c'est à vous de savoir si ce récit autour d'une absence peut vous intéresser. Objectivement, Gregg Araki a un talent certain pour instiller le doute et nous faire nous demander ce qui s'est passé. Je ne sais pas l'expliquer en peu de mots, mais ses seuls cadrages dégagent une impression de malaise, accentuée par une photo relativement sombre et le détachement dont les divers personnages font preuve. Entrecoupé de flashbacks et de cauchemars, White bird s'ouvre aussi à un certain onirisme, en se montrant assez intelligent pour éviter d'en faire des caisses. Deux défauts viennent pour moi altérer le bilan: un ton assez froid et une conclusion-résolution plaquée, qui dévoile le fin mot de l'histoire de manière un peu bêta. Bon, c'est peut-être fidèle au roman, mais je demeure un peu déçu...

White bird
Film américain de Gregg Araki (2014)

Qui dit "femme disparue" pense forcément à Gone girl, je suppose. Attention: le film du jour est retors, mais celui de David Fincher développe une tension beaucoup plus forte... et quelques surprises frappantes ! La comparaison ne tient donc pas vraiment la distance. Maintenant, les ami(e)s, je vous écoute pour d'autres suggestions cinéma sur le thème des disparitions. Moi, je vous conseille Frantic !

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Un dernier constat: Gregg Araki fait recette...

Vous le vérifierez chez Pascale, Tina, Sentinelle et Princécranoir

8 commentaires:

tinalakiller a dit…

Pour ma part j'aime bien ce film qui m'a mine de rien intriguée et touchée et la fin m'a tout de même surprise (plus que dans le bouquin, assez réussi dans son genre également). Les thèmes m'ont paru bien traité, j'ai trouvé que le scénario fonctionnait et qu'il y avait une mise en scène remarquable et de bonnes interprétations. Même si ce n'est pas crédible d'un point de vue âge, ce film m'a réconciliée avec Eva Green.

Pascale a dit…

Il ne m'en reste pas grand chose à vrai dire.
Mais je suis tellement fascinée par Eva Green...

Si tu ne connais pas Gregg... direction indispensable vers le douloureux et merveilleux MYSTERIOUS SKIN.

Véronique Hottat a dit…

J'ai été moyennement convaincue par ce film mais j'en garde finalement un assez bon souvenir. Et merci pour le lien Martin !

Martin a dit…

@Tina:

Peut-être que je lirai le livre... un jour. Pour comparer.
Assez d'accord avec tout ce que tu dis, mais j'ai trouvé ça un peu froid.
Quant à Eva Green, elle me surprend presque toujours. Parfois en bien, parfois en mal. Insaisissable !

Martin a dit…

@Pascale:

Oui, j'ai repéré "Mysterious skin" ! Reste à avoir une occasion de le voir.
Je crois effectivement que ce "White bird" s'effacera assez vite de ma mémoire.

Martin a dit…

@Sentinelle:

Il y a comme un paradoxe ! Mais bon... ce type de contradictions fait parfois le sel de mes propres souvenirs cinéma. Rien à redire là-dessus, donc. Et pas d'quoi pour le lien !

Véronique Hottat a dit…

Ahahah oui, je me suis bien rendue compte, en l'écrivant, à quel point mon commentaire pouvait te sembler paradoxal, mais c'est vraiment comme cela que je le ressens. Parfois des films qu'on a aimés moyennement sur le moment laissent un meilleur souvenir dans le temps que d'autres qui ont suscité au départ un fort enthousiasme, tout en se révélant assez éphémère par la suite. J'aime bien aussi finalement ce type de paradoxe, c'est l'empreinte du temps qui passe en quelque sorte :)

Martin a dit…

C'est un peu ça, oui. C'est joliment exprimé, en tout cas.
Il y a aussi des films qu'on trouve objectivement moyens, mais qu'on aime bien quand même.
Et ceux qu'on reconnaît comme des oeuvres brillantes, mais qui ne nous émeuvent guère.