dimanche 19 juin 2016

La fleur de papier

Jaco van Dormael a reçu la Caméra d'or du Festival de Cannes 1991 pour Toto le héros - il était en lice à la Quinzaine des réalisateurs. J'annonce d'emblée cette récompense, puisque c'est bien son souvenir qui m'a donné l'envie de saisir l'occasion récente de découvrir le film. Je le sentais bien et je n'ai même pas tenu à en savoir plus en amont.

Film belge, Toto le héros met en scène Michel Bouquet, grand acteur français, âgé à l'époque de 65 ans. On découvre un vieux monsieur sur un lit d'hôpital, mais encore animé... d'une intention homicide. Grâce à un premier flashback, on apprend qu'à la naissance, au cours d'un incendie survenu à la maternité, le bébé Thomas a été échangé avec un autre. L'enfant a donc été élevé par une "mauvaise" famille. Conscient de cette grosse erreur, le petit bonhomme a affronté la vie en se persuadant que l'autre garçon, l'un de ses voisins, ne pouvait qu'être plus heureux que lui, après lui avoir volé sa destinée. J'espère que ce bref résumé est clair pour vous: le mieux est de voir le film pour le comprendre et savoir où il mène. Dans une assez longue suite d'allers et venues entre présent et passé, le long-métrage m'a étonné par sa fluidité narrative. Une fois son principe admis, c'est limpide. Petit conseil aux âmes sensibles: prévoyez donc quelques mouchoirs !

Vous trouvez mon titre du jour énigmatique ? C'est volontaire. L'espoir que j'ai, c'est que ça vous motive à découvrir cette histoire. J'ai pensé un temps intituler ma chronique Je t'aime mélancolie. Pourquoi ai-je renoncé ? Parce que j'ai vu un film triste ! Je l'ai aimé malgré tout, pour les thèmes qu'il aborde, le talent des acteurs belges principaux et l'originalité de son montage, tout particulièrement. Après coup, j'ai alors réalisé que Jaco van Dormael n'avait à son actif que quatre longs-métrages, sortis en 1991, donc, 1996, 2010 et 2015. Finalement, cela rend presque Toto le héros plus fort à mes yeux. J'aimerais vous convaincre qu'en moins d'une heure trente, il sait dire beaucoup de choses de nos vies, avec quelques références anciennes côté cinéma, sans doute, mais sur un ton assez personnel également. Une anecdote ? Je relève qu'en 1991, le jury de la Caméra d'or avait pour présidente Géraldine Chaplin, la fille d'un autre artiste singulier. Un quart de siècle plus tard, comme elle, j'ai été touché par le film. Avec Boum de Charles Trenet en prime, le contraire eût été étonnant.

Toto le héros
Film belge de Jaco van Dormael (1991)

Je "connais" le cinéaste depuis vingt ans et la découverte au cinéma de son film suivant, Le huitième jour, que j'ai bien oublié et voudrais revoir. En attendant, ses deux autres longs-métrages sont chroniqués ici et accessibles, via notamment l'index des réalisateurs. Je disais que quelques références étaient perceptibles dans cet opus premier. J'insiste, mais je ne les ai pas pointées: ce n'était pas si important...

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Le film serait-il désormais tombé dans l'oubli ?

Parmi mes sources habituelles, il n'est cité que sur "L'oeil sur l'écran". Non... il est aussi évoqué comme référence du côté de chez Eeguab.

14h30... un petit rectificatif...

J'ai modifié le début du texte pour corriger une erreur: Toto le héros a reçu la Caméra d'or du Festival de Cannes 1991 et pas la Palme. Rappel: ce Prix a un jury spécifique et récompense un premier film.

10 commentaires:

Pascale a dit…

J'aurais dû épouser Michel Bouquet...
Au moins il serait encore là :-à

Laura L a dit…

Merci de la belle découverte !!
J'ai envie à présent d'en voir plus !!!

Martin a dit…

@Pascale:

Euh... oui. Avec, en point de mire, ses 91 ans à l'automne !

Martin a dit…

@Laura:

Ravi de titiller ta curiosité ! J'espère que tu auras l'occasion de le satisfaire et de nous donner ton avis.

eeguab a dit…

Merci Martin de ta référence. C'est très sympathique. Ca me ramène à ce Toto dont j'avoue ne plus trop me souvenir dans le détail. Mais je sais (souvent c'est un simple sentiment qui persiste très longtemps après un film vu une seule fois) que ce film m'avait touché. A bientôt.

Martin a dit…

Avec plaisir, Eeguab ! C'est effectivement un film très touchant. Il porte bien ses 25 ans ! Peut-être auras-tu l'occasion de le revoir un jour ou l'autre. Je te le souhaite, en tout cas.

Pascale a dit…

Oui mais vivant :-)

Martin a dit…

Oui et encore actif, qui plus est ! Et puis, pour l'anecdote people, on peut ajouter qu'il a été cette année le remettant d'un Molière d'honneur à Fabrice Luchini. Au moins que je me demande si les rôles n'auraient pas été inversés, sur ce coup-là...

ChonchonAelezig a dit…

J'aime bien ce réalisateur, étonnant. Mais je n'ai toujours pas vu Toto le héros !

Martin a dit…

Si tu aimes déjà Jaco van Dormael, je pense que ce film pourrait te plaire aussi. Il ne passe pas souvent, malheureusement.