Vous le connaissez, vous, Roger Deakins ? Cet Anglais a signé la photo de nombreux films des frères Coen - entre autres faits de gloire. J'avoue qu'avant de voir Prisoners, je n'y avais pas prêté attention. Quelle révélation devant ce travail accompli avec Denis Villeneuve ! Le Québécois - en visite aux States - a fort bien choisi son complice.
Prisoners est l'un des thrillers les plus noirs que j'ai vus à ce jour. Pas d'erreur: je parle bien ici d'une qualité. Blasé ou non, je constate que, dans le registre du polar, il y a peu de films qui parviennent réellement à me scotcher au fauteuil d'un bout à l'autre du métrage. Celui-là y est arrivé ! L'histoire commence alors que deux familles américaines sont réunies pour fêter Thanksgiving. Tout se déroule normalement, mais, en cette fin d'après-midi automnale, les adultes réalisent soudain que deux fillettes ont disparu. Première montée d'angoisse. Un type bizarre qui passait par là se retrouve suspecté d'enlèvement, mais la police le juge trop stupide pour enfreindre la loi et le libère donc rapidement. Ce n'est que le premier rebondissement d'une longue série. En presque deux heures et demie, le scénario prend tout son temps pour nous balader. J'ai a-do-ré ! Âmes sensibles s'abstenir: sur le plan psychologique, c'est tout de même très violent.
Je me répète: la photo de Roger Deakins est impeccable pour appuyer les effets d'un suspense poisseux. Reste que réduire le long-métrage à ce parfait usage de la (non-)lumière serait assurément regrettable. Prisoners brille aussi du talent de ses acteurs: Hugh Jackman envoie du lourd en père ravagé par la douleur, face à un Jake Gyllenhaal remarquable en flic de prime abord dépassé par les événements. Impossible d'oublier certains des rôles secondaires: celui de Paul Dano est spectaculaire et celui de Melissa Leo glaçant - à vous de vérifier. Ce que j'ai tout particulièrement aimé, c'est de ne pas avoir d'avance sur les différents personnages: le film pose en fait plusieurs énigmes et ne livre ses clés que petit à petit, beaucoup d'éléments importants restant dans l'ombre presque jusqu'au générique final. Un grand kif ! D'ailleurs, c'est bien simple: je n'ai même pas vu le temps passer. J'ajoute que je ne rejoins pas ceux qui jugent la conclusion simpliste.
Prisoners
Film américain de Denis Villeneuve (2013)
Tourné après Enemy, mais diffusé avant, cet autre opus du cinéaste québécois m'a donc pleinement convaincu. De quoi me faire un peu regretter d'avoir laissé passer le dernier, Sicario, l'année passée ! Avant de me rattraper, je signale qu'on a parfois comparé ce cinéma à celui de David Fincher, période Zodiac ou, pour ma part, Gone girl. D'aucuns ont fait le parallèle avec le Mystic river de Clint Eastwood...
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Pour être tout à fait complet...
Je crois bon de citer Denis Villeneuve: "En arrière-plan, Prisoners traite d’une certaine paranoïa propre aux États-Unis, d’une tension entre l’individualité et les institutions, d’une fragilité du tissu social, de la déresponsabilisation par rapport à la torture et la violence". Dans Télérama, le réalisateur a dit aussi: "Pour moi, c’est un film douloureusement américain, proche d’un western". C'est assez juste.
Y a-t-il d'autres amateurs, dans la salle ?
Oui ! J'en dénombre quatre: Pascale, Dasola, Chonchon et Sentinelle.
Prisoners est l'un des thrillers les plus noirs que j'ai vus à ce jour. Pas d'erreur: je parle bien ici d'une qualité. Blasé ou non, je constate que, dans le registre du polar, il y a peu de films qui parviennent réellement à me scotcher au fauteuil d'un bout à l'autre du métrage. Celui-là y est arrivé ! L'histoire commence alors que deux familles américaines sont réunies pour fêter Thanksgiving. Tout se déroule normalement, mais, en cette fin d'après-midi automnale, les adultes réalisent soudain que deux fillettes ont disparu. Première montée d'angoisse. Un type bizarre qui passait par là se retrouve suspecté d'enlèvement, mais la police le juge trop stupide pour enfreindre la loi et le libère donc rapidement. Ce n'est que le premier rebondissement d'une longue série. En presque deux heures et demie, le scénario prend tout son temps pour nous balader. J'ai a-do-ré ! Âmes sensibles s'abstenir: sur le plan psychologique, c'est tout de même très violent.
Je me répète: la photo de Roger Deakins est impeccable pour appuyer les effets d'un suspense poisseux. Reste que réduire le long-métrage à ce parfait usage de la (non-)lumière serait assurément regrettable. Prisoners brille aussi du talent de ses acteurs: Hugh Jackman envoie du lourd en père ravagé par la douleur, face à un Jake Gyllenhaal remarquable en flic de prime abord dépassé par les événements. Impossible d'oublier certains des rôles secondaires: celui de Paul Dano est spectaculaire et celui de Melissa Leo glaçant - à vous de vérifier. Ce que j'ai tout particulièrement aimé, c'est de ne pas avoir d'avance sur les différents personnages: le film pose en fait plusieurs énigmes et ne livre ses clés que petit à petit, beaucoup d'éléments importants restant dans l'ombre presque jusqu'au générique final. Un grand kif ! D'ailleurs, c'est bien simple: je n'ai même pas vu le temps passer. J'ajoute que je ne rejoins pas ceux qui jugent la conclusion simpliste.
Prisoners
Film américain de Denis Villeneuve (2013)
Tourné après Enemy, mais diffusé avant, cet autre opus du cinéaste québécois m'a donc pleinement convaincu. De quoi me faire un peu regretter d'avoir laissé passer le dernier, Sicario, l'année passée ! Avant de me rattraper, je signale qu'on a parfois comparé ce cinéma à celui de David Fincher, période Zodiac ou, pour ma part, Gone girl. D'aucuns ont fait le parallèle avec le Mystic river de Clint Eastwood...
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Pour être tout à fait complet...
Je crois bon de citer Denis Villeneuve: "En arrière-plan, Prisoners traite d’une certaine paranoïa propre aux États-Unis, d’une tension entre l’individualité et les institutions, d’une fragilité du tissu social, de la déresponsabilisation par rapport à la torture et la violence". Dans Télérama, le réalisateur a dit aussi: "Pour moi, c’est un film douloureusement américain, proche d’un western". C'est assez juste.
Y a-t-il d'autres amateurs, dans la salle ?
Oui ! J'en dénombre quatre: Pascale, Dasola, Chonchon et Sentinelle.
8 commentaires:
Ta critique est très très juste ! Le travail de Deakins est vraiment à relier avec toutes les problématiques mises en place par Villeneuve. Le film a beau être long, il passe vraiment très vite, l'ensemble est intense, les acteurs sont très bons et le final, ahhhhh ! :D
Étouffant d'un bout à l'autre, et porté par une magnifique distribution. Mention spéciale, effectivement, au chef opérateur Roger Deakins.
Hello Martin. Pas vu ce Prisoners, mais ce que tu en dis (meurtre d'enfant, idiot arrêté par la police puis relaché, coupable introuvable) me fait penser indirectement à l'excellent Memories of Murder de Bong Joon-Ho (film qui avait également beaucoup inspiré le Zodiac de Fincher). Je n'ai vu qu'un film de Villeneuve, mais quel film ! : le remarquable Incendies.
Strum
@Tina:
Merci ! Je suis bien d'accord avec toi: le film passe sans le moindre temps et m'a plutôt scotché à l'écran qu'autre chose. Du cinéma d'action dans ce genre-là, j'en redemande !
@2flics:
Étouffant est un mot très juste pour parler de ce film prenant, qui ne nous lâche finalement qu'au générique final (après l'image de fin déjà évoquée !). Rares sont les polars qui parviennent à mes yeux à garder de bout en bout une telle intensité.
@Strum:
Il faudrait que je vois le film coréen pour faire (peut-être) la même comparaison. À suivre. En attendant, je ne peux que te conseiller de t'essayer à ce Villeneuve. "Incendies" était très bien aussi, dans un autre genre, et ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de l'expliquer ici, j'ai un vrai faible pour "Enemy", pourtant souvent déconsidéré. J'espère voir d'autres films du même cinéaste.
Excellent en effet. J'adore ce genre de film !
Il faut bien dire qu'en matière de psychopathie, ici, tu es plutôt servie. Mais je n'en ajouterai pas davantage pour ne rien dévoiler d'important...
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