dimanche 6 mars 2016

Sur du vent

Ce n'est pas sympa, mais j'ai pris l'habitude de désigner Pierre Niney sous le sobriquet de Pierre "Minet". Cette impression de grand talent laissée par l'épatant ex-sociétaire de la Comédie française me donne le sentiment que je peux céder à cette ironie facile. Reste le constat qu'avec Un homme idéal, l'ami Pierrot tire tout un film vers le haut...

Sorti en salles il n'y a pas encore un an, ce long-métrage à suspense est resté, un mois durant, disponible en replay sur OCS, la chaîne cinéma/séries du groupe Orange, également créditée au générique. Le scénario a pour héros un dénommé Mathieu Vasseur, un jeune comme il en existe plein d'autres, qui travaille comme déménageur pour gagner sa pitance et, à ses heures perdues, écrit un roman. Frustré par les éternels refus des maisons d'édition, le garçon tombe tout à fait par hasard sur un manuscrit oublié, en réalise une copie qu'il signe de son nom et, sur ces entrefaites, rencontre la gloire. Trois ans plus tard, il est donc bel et bien devenu Un homme idéal...

Le film pose une question simple: l'imposteur sera-t-il démasqué ? Évidemment, vous vous doutez bien que je ne vais pas y répondre ! Avec logique, mais sans grand souci de vraisemblance, le récit avance au gré des rebondissements, ce qui permet à Pierre Niney d'exprimer toutes les nuances d'une paranoïa de plus en plus soutenue. Le point négatif, c'est que, face à ce spectacle, les autres acteurs éprouvent quelque difficulté à donner de la consistance à leurs personnages. D'après moi, Ana Girardot, André Marcon et tutti quanti n'ont rien d'important à se reprocher: c'est Un homme idéal qui se consacre trop à son premier protagoniste. Bilan: l'intrigue se suit sans déplaisir aucun, mais elle ne constitue en aucun cas une référence du thriller. Je n'en demandais pas tant - ce n'est donc pas un problème pour moi.

Un homme idéal
Film français de Yann Gozlan (2015)

Relativement prévisible dans son déroulé, le long-métrage réserve tout de même quelques détours et fausses pistes aux fans de Cluedo cinématographiques. Peut-être qu'il lui manque un peu de perversité. Dans la liste des menteurs sur grand écran, j'avais largement préféré les sombres combines de Matt Damon dans Le talentueux Mr. Ripley. Et bien sûr, Anthony Perkins et sa Psychose restent incontournables !

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Le film n'a pas vraiment fait un carton...
667 261 entrées en tout... et une autre chronique à lire chez Pascale.

8 commentaires:

Pascale a dit…

Oui ce ptit Minet est étonnant et effectivement il tire tout vers le haut tant il est impliqué dans chaque rôle (drôle ou émouvant) comme si sa vie en dépendait. On entendra parler de lui pendant longtemps encore et c'est tant mieux.

A. Marcon est irréprochable certes mais Ana Girardot est vraiment fade, quoique très mignonne. Mais non et non, elle ne peut être la fille sensuelle, intellectuelle, "à dompter" (mouarf et lol) dont il est question ici.

Anonyme a dit…

Bonjour Martin,

Je n'ai pas vu le film, mais on peut souligner que Yann Gozlan a emprunté l'idée de départ du scénario (un écrivain vole un manuscrit pour le publier sous son nom, à un homme qui a un accident ou décède) à Vous allez recontrer un bel et sombre inconnu de Woody Allen (sauf que chez Woody, l'écrivain que l'on croyait mort sort du coma...). Pierre Niney a un sacré talent (au théâtre, il était encore plus éblouissant qu'au cinéma, je crois bien).

Strum

Martin a dit…

@Pascale:

Je ne sais pas jusqu'où ira notre ami Pierrot, mais c'est une jeune pousse prometteuse. Comme toi, j'espère qu'on en profitera encore longtemps. Assez d'accord également pour dire qu'Ana Girardot est fadasse, mais son rôle n'est pas très bien écrit. Difficile de tirer mieux de ce personnage, à mon avis.

Martin a dit…

@Strum:

Merci pour ce commentaire, qui me donne envie de voir aussi le Woody Allen que tu cites en référence.

Pour ce qui est de Pierre Niney, je n'ai pas eu l'occasion de juger de son talent sur les planches, mais, ainsi que tu le dis, je suis tout à fait persuadé qu'il doit y être comme un poisson dans l'eau. De mémoire, c'est depuis "Les neiges du Kilimandjaro" (Robert Guédiguian) que j'ai fait sa connaissance: il était vraiment impressionnant dans une toute petite scène.

Anonyme a dit…

Je ne te conseillerais pas forcément ce Woody, Martin, qui est assez inégal. Si tu ne les as pas déjà vus, je te conseillerais plutot ses chefs-d'œuvre des années 1980 (Crimes et délits, Hannah et ses soeurs, Un autre femme, La rose pourpre du Caire, etc.)
Strum

Pascale a dit…

La pauvre Ana ne démontre pas grand chose dans ses autres films non plus je trouve. Le sommet du pire dans Saint Amour où même ses bras ont l'air de l'embarrasser !!!

Martin a dit…

@Strum:

Les films de Woody Allen que j'ai déjà vus sont tous chroniqués sur le blog. Je pense effectivement qu'à choisir, quand je déciderai d'en voir d'autres, je commencerai par les anciens.

Martin a dit…

@Pascale:

Je l'avais également trouvée plutôt banale dans "Simon Werner a disparu...". Sa filmographie ne me fait pas rêver, mais on verra bien ce qu'elle donne dans le prochain Cédric Klapisch.