Il me semble avoir lu quelque part que Ixcanul était le premier film d'un cinéaste guatémaltèque distribué dans les salles françaises. J'admets volontiers que c'est sa nationalité "exotique" qui m'a attiré vers ce long-métrage. Grâce à lui, j'ai fait un beau voyage et ouvert les yeux sur un pays dont je ne connaissais rien d'autre que le nom...
Premier constat: dans la version originale, la plupart des personnages du film ne parlent pas espagnol, puisqu'ils pratiquent une langue locale, issue de leur peuple dit primitif: les Mayas. Ce détail langagier n'en est pas un: il révèle également une différence de classe sociale. D'un côté, il y a les citadins hispanophones et, de l'autre, les ruraux illettrés. C'est à la seconde catégorie qu'appartient Maria, l'héroïne adolescente de Ixcanul, trop jeune encore pour s'opposer à la volonté de ses parents et à leur désir de la marier bientôt avec un homme déjà veuf, certes, mais quelque peu plus fortuné. Maria qui rêve vaguement d'autre chose, sans tellement savoir ce qui serait mieux...
Vous l'aurez sûrement déjà compris: Ixcanul n'est pas une comédie. Son scénario forme même une boucle désespérante, comme si le sort des pauvres gens était de trimer et de souffrir toujours. J'encourage toutefois ceux d'entre vous qui veulent (mieux) connaître l'Amérique latine d'aujourd'hui à découvrir ce film - si toutefois c'est possible. C'est aussi le premier long de son jeune réalisateur, né en 1977. Présenté lors de la dernière Berlinale, il a été applaudi à la projection de presse, décrochant in fine le prix Alfred-Bauer, censé récompenser les oeuvres qui "ouvrent de nouvelles perspectives dans l'art cinématographique ou offrent une vision esthétique singulière". D'après moi, cette consécration est méritée: d'autres productions déploient bien plus d'effets, mais n'amènent pas un tel dépaysement.
Ixcanul
Film guatémaltèque de Jayro Bustamante (2015)
Une précision: le film est en réalité présenté comme une production franco-guatémaltèque, du fait de la participation de la société parisienne Tu vas voir et de quelques techniciens français. J'ose donc une comparaison avec le film hispano-mexicain, Rêves d'or - La jaula de oro. Et parce qu'il est aussi question d'une population pauvre vivant près d'un volcan, je vous renvoie vers le cultissime Stromboli !
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Si vous voulez un autre avis...
Dasola a publié le sien - positif également et un peu plus détaillé.
Premier constat: dans la version originale, la plupart des personnages du film ne parlent pas espagnol, puisqu'ils pratiquent une langue locale, issue de leur peuple dit primitif: les Mayas. Ce détail langagier n'en est pas un: il révèle également une différence de classe sociale. D'un côté, il y a les citadins hispanophones et, de l'autre, les ruraux illettrés. C'est à la seconde catégorie qu'appartient Maria, l'héroïne adolescente de Ixcanul, trop jeune encore pour s'opposer à la volonté de ses parents et à leur désir de la marier bientôt avec un homme déjà veuf, certes, mais quelque peu plus fortuné. Maria qui rêve vaguement d'autre chose, sans tellement savoir ce qui serait mieux...
Vous l'aurez sûrement déjà compris: Ixcanul n'est pas une comédie. Son scénario forme même une boucle désespérante, comme si le sort des pauvres gens était de trimer et de souffrir toujours. J'encourage toutefois ceux d'entre vous qui veulent (mieux) connaître l'Amérique latine d'aujourd'hui à découvrir ce film - si toutefois c'est possible. C'est aussi le premier long de son jeune réalisateur, né en 1977. Présenté lors de la dernière Berlinale, il a été applaudi à la projection de presse, décrochant in fine le prix Alfred-Bauer, censé récompenser les oeuvres qui "ouvrent de nouvelles perspectives dans l'art cinématographique ou offrent une vision esthétique singulière". D'après moi, cette consécration est méritée: d'autres productions déploient bien plus d'effets, mais n'amènent pas un tel dépaysement.
Ixcanul
Film guatémaltèque de Jayro Bustamante (2015)
Une précision: le film est en réalité présenté comme une production franco-guatémaltèque, du fait de la participation de la société parisienne Tu vas voir et de quelques techniciens français. J'ose donc une comparaison avec le film hispano-mexicain, Rêves d'or - La jaula de oro. Et parce qu'il est aussi question d'une population pauvre vivant près d'un volcan, je vous renvoie vers le cultissime Stromboli !
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Dasola a publié le sien - positif également et un peu plus détaillé.
12 commentaires:
Il m'a échappé :-(
Mais j'ai tellement entendu parler de sa désespérance que je l'ai laissé filer.
Bonjour Martin, merci pour le lien. J'ai aimé le ton du film, surtout les rapports qui unissent la mère et la fille. Bonne journée.
Chronique avec laquelle je suis d'accord. Un film intéressant d'un continent, l'Amérique Centrale, dont on ne voit guère le cinema.
A noter sur les tablettes. Un film guatémaltèque, ça ne se refuse pas. Et il faut aussi que je voie Stromboli... une grosse grosse lacune...
@Pascale:
Je n'aurais pas parlé de désespérance, mais plutôt de fatalisme. C'est clair que ce n'est pas un film joyeux ou optimiste. Pourtant, je pense qu'il aurait pu te plaire.
@Dasola:
Je suis d'accord avec toi: le rapport mère / fille est l'un des centres d'intérêt du film. La manière dont les choses sont présentées est plutôt bonne, d'ailleurs.
@Eeguab:
Nous sommes sur la même longueur d'ondes, vous et moi. J'ajoute simplement que je me suis également posé la question de la quantité de films produits en Amérique centrale. J'imagine qu'au Guatemala, il n'y pas forcément autant de professionnels du cinéma qu'en France, par exemple. Il faudrait que je creuse le sujet...
@Chonchon:
A priori, ce n'est pas tous les matins que nous aurons l'occasion de découvrir un film pareil, raison essentielle qui m'a poussé à aller le voir.
Ta lacune sur "Stromboli" devrait être moins difficile à combler. Mais c'est un film très différent, hein ?
Cette fille du volcan semble avoir éveiller l'intêret du marché française pour le jeune cinéma guatémaltèque. En tout cas, ta critique, ajouté à l'exotisme de sa nationalité, pourrait bien me décider à en explorer les rocailleuses anfractuosités.
Je suis ravi d'apprendre que cette modeste chronique aura titillé ta curiosité ! J'espère également que nous aurons l'occasion de découvrir d'autres facettes de ce cinéma guatémaltèque jusqu'à présent tout à fait absent de nos écrans.
Bonsoir.
Ixcanul est l'un des films qui me tiennent à cœur cette année. Non seulement parce que je l'ai aimé lorsque je l'ai vu en mars au festival cinélatino de Toulouse mais aussi pour la personnalité de Jayro Bustamante qui nous a expliqués à l'issue de la projection les conditions de tournage et son engagement sincère pour la défense du peuple maya eu égard notamment à la place des femmes dans la société guatémaltèque. Le tout dit dans un excellent français car il a suivi des cours de cinéma à Paris (à Rome également).
Le cinéma d'Amerique centrale a du mal à vivre mais grace aux coproductions, il existe tout de même. Pour preuve, Por las plumas, un film costaricien récent visible en VOD.
Bonsoir Alain... et bienvenue ici ! Merci des compléments que vous apportez à propos de Jayro Bustamante. Puisqu'il est francophone, j'espère que ses prochains films seront distribués chez nous.
Je connais à peine le cinéma d'Amérique centrale, mais je vais tâcher de me souvenir de cette référence costaricienne. Merci encore !
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