Le monde du cinéma nous réserve parfois de bien étranges surprises. Peut-être le savez-vous déjà: l'année dernière, Yves Saint Laurent était le premier sorti de deux films consacrés au grand couturier. J'espérais le découvrir à la télé après avoir vu l'autre sur grand écran. Et mon voeu a été exaucé il y a maintenant deux semaines à peine...
Une petite précision liminaire: même si, ado, la beauté parfaite (?) des top models me faisait un drôle d'effet, je ne peux pas prétendre que la mode m'ait jamais réellement fasciné. J'ai un respect sincère pour les créateurs, mais je ne connais pas grand-chose de l'histoire des maisons parisiennes. Yves Saint Laurent - le film - vous servira de piqûre de rappel si, comme moi, vous aviez déjà oublié les débuts chez Dior du personnage éponyme. Le choix de démarrer le scénario sur cette fin des années 50 vraiment décisive pour YSL est judicieux. Voir le jeune homme devenir un styliste et un directeur artistique influent à seulement 21 ans a une grande importance pour la suite...
Cette suite, le film la tricote jusqu'en 1976 et même au-delà, gardant une très belle scène pour la fin. Il n'est pas interdit de regretter toutefois qu'en dehors de cette conclusion, la trame ait été tissée avec des mailles si rapprochées. Sitôt admise l'idée qu'un dessinateur de génie peut aussi cacher un être tourmenté, la pelote se déroule sans prendre vraiment le temps de faire le portrait des personnages secondaires - à l'exception de l'incontournable Pierre Bergé, bien sûr. Yves Saint Laurent n'est pas du tout un mauvais film: c'est un film sage, trop poli sans doute pour tirer quelque chose de plus puissant des névroses du "héros". Ce n'est pas honteux, mais c'est dommage.
Le tout premier des atouts du film, en réalité, s'appelle Pierre Niney. Impeccable, l'acteur livre, sans effort apparent, une solide prestation. Hormis en de rares instants, il a toujours le dessus sur son comparse et ami Guillaume Gallienne, qui s'en tire toutefois honorablement. Finalement et très logiquement, c'est le plus jeune des deux garçons qui a cueilli les lauriers les plus beaux, avec un César en février dernier et un prix Patrick-Dewaere quelques mois plus tôt. Je répète ce que j'ai dit: il me semble regrettable que les autres comédiens n'aient été utilisés que comme des faire-valoir. Yves Saint Laurent passe trop vite sur le rapport du maître avec ses égéries et amants...
Ni pure hagiographie, ni vrai film d'auteur, cet opus tient du biopic lambda et sera, je pense, plus vite oublié que l'homme qui l'a inspiré. J'ai tout de même pu passer un agréable moment en le regardant. C'est toujours bien de se souvenir de l'importance de la griffe YSL dans la France des années 60-70, mue par cette volonté de magnifier enfin la femme, telle qu'elle le mérite. Yves Saint Laurent parvient également à démontrer, par instants, combien ce travail de création peut être exigeant, si ce n'est destructeur. Quand un bonheur fragile et fugace se révèle enfin, l'émotion n'est plus très loin, j'en conviens volontiers. J'aurais simplement aimé qu'elle soit un peu plus profonde.
Yves Saint Laurent
Film français de Jalil Lespert (2014)
Vous l'aurez remarqué: je n'ai pas joué au jeu des sept différences. Cela étant dit, j'ai préféré le Saint Laurent de Bertrand Bonello. Comparaison n'est pas raison, dit-on: je crois bien inutile de regarder l'un des deux films dans le simple but de l'évaluer à l'aune de l'autre. La démarche de Jalil Lespert se respecte: plus classique, sa vision reste peut-être un peu plus accessible, aussi. Je ne l'en blâmerai pas.
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Vous êtes curieux d'autres avis que le mien ?
Si oui, cliquez: vous en trouverez chez Pascale, Dasola et Chonchon.
Une petite précision liminaire: même si, ado, la beauté parfaite (?) des top models me faisait un drôle d'effet, je ne peux pas prétendre que la mode m'ait jamais réellement fasciné. J'ai un respect sincère pour les créateurs, mais je ne connais pas grand-chose de l'histoire des maisons parisiennes. Yves Saint Laurent - le film - vous servira de piqûre de rappel si, comme moi, vous aviez déjà oublié les débuts chez Dior du personnage éponyme. Le choix de démarrer le scénario sur cette fin des années 50 vraiment décisive pour YSL est judicieux. Voir le jeune homme devenir un styliste et un directeur artistique influent à seulement 21 ans a une grande importance pour la suite...
Cette suite, le film la tricote jusqu'en 1976 et même au-delà, gardant une très belle scène pour la fin. Il n'est pas interdit de regretter toutefois qu'en dehors de cette conclusion, la trame ait été tissée avec des mailles si rapprochées. Sitôt admise l'idée qu'un dessinateur de génie peut aussi cacher un être tourmenté, la pelote se déroule sans prendre vraiment le temps de faire le portrait des personnages secondaires - à l'exception de l'incontournable Pierre Bergé, bien sûr. Yves Saint Laurent n'est pas du tout un mauvais film: c'est un film sage, trop poli sans doute pour tirer quelque chose de plus puissant des névroses du "héros". Ce n'est pas honteux, mais c'est dommage.
Le tout premier des atouts du film, en réalité, s'appelle Pierre Niney. Impeccable, l'acteur livre, sans effort apparent, une solide prestation. Hormis en de rares instants, il a toujours le dessus sur son comparse et ami Guillaume Gallienne, qui s'en tire toutefois honorablement. Finalement et très logiquement, c'est le plus jeune des deux garçons qui a cueilli les lauriers les plus beaux, avec un César en février dernier et un prix Patrick-Dewaere quelques mois plus tôt. Je répète ce que j'ai dit: il me semble regrettable que les autres comédiens n'aient été utilisés que comme des faire-valoir. Yves Saint Laurent passe trop vite sur le rapport du maître avec ses égéries et amants...
Ni pure hagiographie, ni vrai film d'auteur, cet opus tient du biopic lambda et sera, je pense, plus vite oublié que l'homme qui l'a inspiré. J'ai tout de même pu passer un agréable moment en le regardant. C'est toujours bien de se souvenir de l'importance de la griffe YSL dans la France des années 60-70, mue par cette volonté de magnifier enfin la femme, telle qu'elle le mérite. Yves Saint Laurent parvient également à démontrer, par instants, combien ce travail de création peut être exigeant, si ce n'est destructeur. Quand un bonheur fragile et fugace se révèle enfin, l'émotion n'est plus très loin, j'en conviens volontiers. J'aurais simplement aimé qu'elle soit un peu plus profonde.
Film français de Jalil Lespert (2014)
Vous l'aurez remarqué: je n'ai pas joué au jeu des sept différences. Cela étant dit, j'ai préféré le Saint Laurent de Bertrand Bonello. Comparaison n'est pas raison, dit-on: je crois bien inutile de regarder l'un des deux films dans le simple but de l'évaluer à l'aune de l'autre. La démarche de Jalil Lespert se respecte: plus classique, sa vision reste peut-être un peu plus accessible, aussi. Je ne l'en blâmerai pas.
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