Tout amateur de cinéma est ponctuellement confronté à ce problème délicat: parler d'un film qu'il a moins apprécié qu'il ne l'avait espéré. C'est mon cas aujourd'hui avec Marguerite, après lequel j'ai couru pendant trois bonnes semaines et qui m'a finalement (un peu) déçu. Catherine Frot, que j'aime pourtant beaucoup, n'aura donc pas suffi...
Résumons: Marguerite Dumont est une châtelaine française à l'aube des années 20. Passionnée d'art lyrique, elle offre très régulièrement des récitals enflammés à ses nombreux amis de la haute société. L'occasion de récolter des fonds pour des oeuvres de bienfaisance. Tout irait vraiment pour le mieux dans le meilleur des mondes bourgeois si la cantatrice amateur avait quelque talent. Or, son chant est une véritable torture pour les oreilles, jugement que chacun partage dans la coulisse, mais que jamais personne n'a osé exprimer en présence de Madame. Il y avait assurément dans ce personnage fantasque, inspiré de la soprano américaine Florence Foster Jenkins, le matériau suffisant pour une comédie décalée. Drôle, Marguerite l'est parfois, c'est indéniable, surtout grâce à l'abattage de l'actrice principale. Las ! Le scénario mise surtout sur les aspects pathétiques de cette pauvre femme inconsciente d'elle-même. Triste spectacle...
Entendons-nous bien: ce choix assumé en vaut sûrement un autre. C'est juste qu'au fond, j'ai du mal à situer exactement les intentions du réalisateur du film. Assez clairement, pour lui, le potentiel comique de son personnage n'a finalement que peu d'importance. S'agissait-il alors de nous émouvoir ? C'est possible et ça marche aussi. Ce que, franchement, je regrette, c'est ce choix d'orienter chaque regard vers l'improbable chanteuse: il ne reste que bien peu de place pour son entourage. Pire, à mes yeux, ce même entourage apparait au mieux effacé, sinon ambigu, voire carrément malveillant. L'époux (André Marcon), le serviteur (Denis Mpunga) et le professeur de musique (Michel Fau) sont bons, mais finalement sous-exploités. Marguerite chausse de trop gros sabots ! Il a toutefois le mérite d'être relativement fidèle à sa source d'inspiration: sur Youtube notamment, vous vérifierez aisément que Florence Foster Jenkins chantait effectivement comme une casserole. Quelques belles scènes sauvent même le film, mais il m'a paru trop mollasson. Dommage...
Marguerite
Film français de Xavier Giannoli (2015)
C'est un autre refrain connu des cinéphiles: les meilleures intentions du monde ne font pas toujours les grands films. Je ne vais pas jeter le bébé avec l'eau du bain: j'ai tout de même vu d'assez belles choses dans cette drôle d'évocation. Il est tout aussi certain que l'art lyrique peut faire naître de grands films, Amadeus n'étant qu'un bel exemple. Il faudra qu'un jour, je voie La flûte enchantée par Ingmar Bergman !
----------
Le personnage vous intéresse ?
En 2016, Meryl Streep devrait s'emparer de Florence Foster Jenkins dans un film de Stephen Frears, avec musique d'Alexandre Desplat. Wait and see, bien sûr, mais ça sent la grosse machine pour Oscars...
Vous voulez d'autres avis sur le film d'aujourd'hui ?
Je vous proposerai donc d'aller lire ceux de Pascale et de Dasola.
Résumons: Marguerite Dumont est une châtelaine française à l'aube des années 20. Passionnée d'art lyrique, elle offre très régulièrement des récitals enflammés à ses nombreux amis de la haute société. L'occasion de récolter des fonds pour des oeuvres de bienfaisance. Tout irait vraiment pour le mieux dans le meilleur des mondes bourgeois si la cantatrice amateur avait quelque talent. Or, son chant est une véritable torture pour les oreilles, jugement que chacun partage dans la coulisse, mais que jamais personne n'a osé exprimer en présence de Madame. Il y avait assurément dans ce personnage fantasque, inspiré de la soprano américaine Florence Foster Jenkins, le matériau suffisant pour une comédie décalée. Drôle, Marguerite l'est parfois, c'est indéniable, surtout grâce à l'abattage de l'actrice principale. Las ! Le scénario mise surtout sur les aspects pathétiques de cette pauvre femme inconsciente d'elle-même. Triste spectacle...
Entendons-nous bien: ce choix assumé en vaut sûrement un autre. C'est juste qu'au fond, j'ai du mal à situer exactement les intentions du réalisateur du film. Assez clairement, pour lui, le potentiel comique de son personnage n'a finalement que peu d'importance. S'agissait-il alors de nous émouvoir ? C'est possible et ça marche aussi. Ce que, franchement, je regrette, c'est ce choix d'orienter chaque regard vers l'improbable chanteuse: il ne reste que bien peu de place pour son entourage. Pire, à mes yeux, ce même entourage apparait au mieux effacé, sinon ambigu, voire carrément malveillant. L'époux (André Marcon), le serviteur (Denis Mpunga) et le professeur de musique (Michel Fau) sont bons, mais finalement sous-exploités. Marguerite chausse de trop gros sabots ! Il a toutefois le mérite d'être relativement fidèle à sa source d'inspiration: sur Youtube notamment, vous vérifierez aisément que Florence Foster Jenkins chantait effectivement comme une casserole. Quelques belles scènes sauvent même le film, mais il m'a paru trop mollasson. Dommage...
Marguerite
Film français de Xavier Giannoli (2015)
C'est un autre refrain connu des cinéphiles: les meilleures intentions du monde ne font pas toujours les grands films. Je ne vais pas jeter le bébé avec l'eau du bain: j'ai tout de même vu d'assez belles choses dans cette drôle d'évocation. Il est tout aussi certain que l'art lyrique peut faire naître de grands films, Amadeus n'étant qu'un bel exemple. Il faudra qu'un jour, je voie La flûte enchantée par Ingmar Bergman !
----------
Le personnage vous intéresse ?
En 2016, Meryl Streep devrait s'emparer de Florence Foster Jenkins dans un film de Stephen Frears, avec musique d'Alexandre Desplat. Wait and see, bien sûr, mais ça sent la grosse machine pour Oscars...
Vous voulez d'autres avis sur le film d'aujourd'hui ?
Je vous proposerai donc d'aller lire ceux de Pascale et de Dasola.
6 commentaires:
Oh la la Meryl Streep... que j'adorais, file un mauvais coton et devient de plus en plus caricaturale. ça fait peur.
Oui Marguerite fait plus de peine qu'elle n'amuse. Pour moi c'était un crève cœur.
Mais purée... elle met pas une seule "note dedans".
Je te recommande la Flûte enchantée de Kenneth Branagh que j'ai adorée.
Ce film m'intéressait, notamment pour la réflèxion que cette histoire peut amener autour de la popularité, sincère ou malsaine, pour la laideur - ici vocale) mais ta critique me refroidi un peu.
Bonjour Martin, La flûte enchantée d'Ingmar Bergman est un beau film et l'air de la Reine de la nuit est mélodieux à nos oreilles... Merci pour le lien et bonne fin d'après-midi.
@Pascale:
Meryl Streep est-elle perdue pour la cause ? C'est possible. De ses films récents, je n'ai vu que "The homesman", où elle n'a qu'un petit rôle (bien joué, cela dit). Il faut que je remonte jusqu'à "The hours" (2002 !) pour le précédent. Hum...
Je suis content de voir qu'on a presque le même avis sur "Marguerite". J'en profite pour te remercier pour ton conseil sur la version Branagh de "La flûte enchantée".
@2flics:
Tes angles d'approche ne sont pas intéressants du tout ! Je m'en voudrais de t'avoir découragé. J'espère donc que tu auras l'occasion de voir le film et de te faire ta propre opinion. Quitte ensuite à revenir nous en parler...
@Dasola:
Merci à toi et pas de quoi pour le lien. La version Bergman de "La flûte enchantée" est dans ma collection DVD. Faudra que je me décide, quand même !
Enregistrer un commentaire